Au moins 15 morts et des dizaines de blessés dans une tuerie de masse à l’université Charles au coeur de Prague
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PRAGUE. Au moins quinze personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées ce jeudi après-midi à l’université Charles de Prague. L’auteur des faits s’est suicidé. Selon la police, il s’agirait d’un étudiant en Art, âgé de 24 ans qui souffrait de « troubles mentaux » et avait assassiné son père plus tôt dans la journée. Tout lien avec le terrorisme semble être écarté, mais l’enquête commence à peine. Ce type d’incident est rarissime en République Tchèque.
En début d’après-midi, ce jeudi, la police tchèque a annoncé qu’elle recherchait un jeune homme en relation avec la découverte d’un corps à Kladno, à une quinzaine de kilomètres de Prague. Le suspect – le propre fils de la victime – était décrit comme un certain « David K. » (plus tard identifié comme « David Kozak »), étudiant en Arts (ou en histoire, les sources sont encore contradictoires) de 24 ans et atteint de « troubles mentaux ». La police ajoutait que l’homme était « armé et dangereux ».
Un véritable massacre dans la plus vieille université d’Europe Centrale
Malheureusement, toute sa dangerosité s’est révélée un peu plus tard dans un paroxysme de violence. Vers 15 heures, les forces de l’ordre étaient prévenues qu’une fusillade venait d’éclater dans le bâtiment abritant le département des Arts de l’Université Charles (l’un des plus anciens établissements de ce type en Europe centrale, fondé en 1348), sur la place Jan Palach, en plein centre de la capitale tchèque.
Tous les effectifs disponibles ont été envoyés sur place, bientôt rejoints par les unités spéciales de la police, mais il était trop tard. A l’arrivée des services de sécurité, le tireur semble s’être donné la mort. Mais il avait fait un véritable carnage, ouvrant le feu à l’aide d’une « arme longue » (probablement un fusil d’assaut) au quatrième étage de l’immeuble, puis, par une fenêtre sur les passants d’un pont en contrebas.
Macabre décompte
Vers 18 heures, les secours continuaient à dénombrer et identifier les victimes et le bilan s’élevait à au moins 15 morts (en plus du tueur) et plusieurs dizaines de blessés. Il pourrait encore s’alourdir, au moins une dizaine de blessés étaient en effet alors encore « dans un état grave ».
Permettez-moi de me présenter. Je m’appelle David. Je veux faire une fusillade dans une école et peut-être me suicider.
Ce décompte macabre fait de ce massacre le plus important qui se soit jamais produit dans l’histoire contemporaine de la République Tchèque, où les crimes violents sont très rares. En décembre 2019, un homme de 42 ans avait tué 6 personnes dans la salle d’attente d’un hôpital d’Ostrava (dans l’est du pays) avant de se donner la mort.
Un message glaçant révèle l’obsession de tuer
En début de soirée, les autorités affirmaient ne pas connaître encore les motivations exactes de l’attaquant mais semblaient exclure tout lien avec le terrorisme, relevant qu’il n’était pas connu pour des liens avec milieux extrémistes quels qu’ils soient ni pour une quelconque radicalisation. Mais elles précisaient également qu’il aurait pu être « inspiré par un évènement similaire horrible qui s’est récemment produit à l’étranger » et que l’acte était manifestement prémédité, « David K. » ayant annoncé ses intentions sur les réseaux sociaux peu avant la fusillade. Sur la messagerie cryptée « Telegram », il aurait ainsi avoué son « rêve » de commettre une fusillade dans une école avant de se suicider.
Un drame inspiré par une tueuse de 14 ans
Dans un « post » publié (en russe), il écrivait, en effet: « Permettez-moi de me présenter. Je m’appelle David. Je veux faire une fusillade dans une école et peut-être me suicider. Alina Afanaskina m’a beaucoup aidé. J’ai toujours voulu tuer, je pensais que je deviendrai un maniaque à l’avenir. Puis […], j’ai réalisé qu’il était beaucoup plus efficace de commettre des meurtres de masse que des meurtres en série. Je me suis assis… Attendu… Rêvé… Voulu… Mais Alina est devenue la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’est comme si elle était venue à mon secours depuis le ciel juste à temps. Ce canal sera fermé pendant un long moment, même si je voulais l’ouvrir au départ, mais j’ai lu des instructions selon lesquelles il serait préférable d’ouvrir le canal quelques heures avant les faits. C’est ce que je ferai probablement. Cette chaîne est un journal où je parlerai de ma vie avant la fusillade. »
Alina Afanaskina était une jeune fille de quatorze ans qui a tué, le 7 décembre dernier, deux étudiants et en a blessé cinq autres dans une école de Bryansk (dans l’ouest de la Russie), avant de se donner la mort.
D’après les médias locaux, David K. était, lui, un étudiant brillant qui, en mai dernier, avait reçu pour son mémoire de licence le « Prix Marian Szyjkowski », décerné par l’Institut polonais de Prague aux travaux portant sur la Pologne depuis 2018.
Ce jeudi soir, les Tchèques, hébétés, tentent de comprendre.
Hugues KRASNER