« Un pied de nez fait à la lutte contre la corruption… » ou encore : « Un cadeau de Noël aux corrupteurs ». Deux formules lancées par l’avocat d’Anticor, l’ONG française créée en 2002 par le juge Eric Halphen et dont l’agrément n’a pas été renouvelé, cette semaine, par le gouvernement mené par la Première ministre Elisabeth Borne. A ce jour, Anticor (contraction d’Anti-corruption) est engagée dans 161 enquêtes judiciaires, dont l’attribution du Mondial de football au Qatar ou une supposée prise illégale d’intérêts du secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler. Anticor a été aussi à l’origine des plaintes relatives aux contrats russes d’Alexandre Benalla, ancien chargé de sécurité de l’Elysée, ou encore dans la récente affaire à l’issue de laquelle le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti a été blanchi. Face à la situation, le procureur général honoraire près la Cour de Cassation, François Molins demande une réforme de la procédure pour garantir szon objectivité. « Face à la corruption, à quelque niveau qu’elle est pratiquée, il faut la tolérance zéro. Il serait donc plus sain pour notre démocratie que ce ne soit pas le gouvernement qui statue sur les demandes d’agrément, mais une autorité administrative indépendante », dit-il. Des observateurs voient dans ce non-renouvellement de l’agrément un règlement de comptes ou encore une conséquence des zones d’ombres qui entourent l’ONG elle-même. D’anciens membres d’Anticor dissidents ont créé une nouvelle association AC!! et conteste en justice l’agrément d’Anticor.
Il serait donc plus sain pour notre démocratie que ce ne soit pas le gouvernement qui statue sur les demandes d’agrément, mais une autorité administrative indépendante.
Accordé pour une période de six ans renouvelable, l’agrément permet à l’ONG Anticor de se porter partie civile dans des dossiers de corruption et d’atteinte à la probité quand le Parquet se révèle inactif. Depuis juin dernier, l’ONG anti-corruption luttait pour le renouvellement dudit agrément, arrivé à son terme : le gouvernement avait un délai de six mois (avec une date butoir au 26 décembre 2023) pour renouveler ou non, et s’il n’avait pas communiqué sa décision, l’agrément était caduc. Le 27 décembre, Anticor n’avait reçu aucun courrier du gouvernement, et aucune annonce n’a été publiée au Journal officiel. D’où la colère et l’incompréhension de l’état-major de l’ONG de lutte contre la corruption. « Nos actions contre la corruption agacent profondément le gouvernement… Ce refus implicite intervient après une instruction de six mois durant laquelle aucun dysfonctionnement ne nous a été reproché par le gouvernement et qu’en octobre, la Première ministre a considéré qu’Anticor remplissait toutes les conditions pour être agrée », observe Elise Van Beneden, présidente d’Anticor.
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