C’est sur X (anciennement Twitter) qu’Emmanuel Macron a annoncé la démission d’Elisabeth Borne en cette fin d’après-midi, ce lundi 8 janvier. L’annonce s’inscrit parfaitement dans le style de communication du Président de la République. Elle intervient alors que la désormais Première ministre démissionnaire s’était entretenue avec le président de la République deux fois en moins de 24 heures. Elisabeth Borne n’a pas démérité, mais son bilan est mitigé. Les spéculations vont bon train sur la personne qui va la remplacer. Pour annoncer sa sortie de charge, Elisabeth Borne a adressé une lettre de démission au Président dans laquelle on sentait une pointe d’amertume comme si elle aurait aimé poursuivre la mission. « Monsieur le Président de la République, vous m’avez fait part de votre volonté de nommer un nouveau Premier ministre. Alors qu’il me faut présenter la démission de mon gouvernement, je voulais vous dire combien j’ai été passionnée par cette mission », écrit-elle à Emmanuel Macron. « Il est plus que jamais nécessaire de poursuivre les réformes », ajoute-t-elle, saluant l’adoption de la réforme des retraites et du projet de loi sur l’immigration.
Elisabeth Borne, 62 ans, est la deuxième femme à diriger l’exécutif sous la cinquième République. Première ministre depuis le 16 mai 2022, son mandat a été court, mais elle a gardé son poste plus longtemps que la première femme Première ministre, Edith Cresson, qui elle avait démissionné au bout de 11 mois.
Le bilan mitigé de « Madame 49:3 »
La démission d’Elisabeth Borne n’était pas une surprise. Elle intervient alors que le Président Macron est l’objet de critiques. Les derniers mois de mandat de la locataire démissionnaire de Matignon ont été marqués par de nombreux dossiers chauds : 49:3 en succession, loi sur l’immigration, etc. Son mandat a été remis en question dès sa nomination, notamment lorsque Renaissance, le nouveau parti d’Emmanuel Macron, avait subi un revers lors des élections législatives qui avaient vu ce dernier perdre sa majorité au Parlement. C’est donc avec un sévère handicap sur le plan numérique qu’Elisabeth Borne a dû faire passer de nombreux projets de lois qui ont poussé les Français dans la rue. « Madame 49:3 », c’était le surnom qui lui avait été donné lors des manifestations contre la réforme des retraites, en référence au fait que le gouvernement Borne avait alors déclenché l’article 49:3 de la Constitution française, qui, pour rappel, permet de faire passer une loi de force, sans l’accord du Parlement.
Alors qu’il me faut présenter la démission de mon gouvernement, je voulais vous dire combien j’ai été passionnée par cette mission.
Tension avec le ministre de l’Intérieur
Le gouvernement sous le mandat Borne a en effet fait appel 23 fois au 49:3 pour imposer les grands projets du deuxième quinquennat Macron. La Première ministre démissionnaire détient aussi le record de motions de censure contre un gouvernement, avec 31 motions déposées durant son mandat.
La dernière goutte d’eau pour l’exécutif avait été l’affrontement public entre Gérald Darmanin et Elisabeth Borne lors de l’adoption de la loi sur l’immigration. Alors que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin avait essayé sans succès de séduire l’extrême-droite pour récolter les voix nécessaires au passage de la loi, c’est finalement grâce à Elisabeth Borne que la loi sur l’immigration est passée de justesse. Mais cette dernière joute publique au sein de l’exécutif n’a fait que mettre davantage en lumière l’impopularité de Mme Borne, tant en interne qu’auprès de l’électorat français.
C’est après avoir tout de même fait adopter 41 projets de lois, dont des réformes majeures comme la réforme des retraites, la loi sur l’immigration et le budget 2024, que Borne quitte Matignon.
Des réactions politiques pudiques et acerbes
Chez ses anciens collègues, Borne est remerciée avec pudeur : Franck Riester, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, a évoqué sur X une « femme d’État et femme de courage, Elisabeth Borne a servi notre pays avec dévouement, abnégation et sens de l’écoute ».
La présidente LR de la région Île-de-France, Valérie Pécresse a salué une Première ministre qui a « su incarner avec dignité et courage le pouvoir au féminin. Elle a trouvé le chemin d’un accord pour financer les transports franciliens ».
Borne a démissionné, laissant derrière elle 23 49.3 et une démocratie salement amochée.
À gauche, Mathilde Panot, présidente du groupe, La France Insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale est plus acerbe. « Borne a démissionné, laissant derrière elle 23 49.3 et une démocratie salement amochée », a-t-elle écrit sur X. Elle réclame un vote de confiance au Parlement pour son remplaçant à Matignon et prévient que son groupe déposera une motion de censure si ce n’est pas le cas.
Enfin, à l’extrême droite, Sébastien Chenu, vice-président du RN et vice-président de l’Assemblée nationale, a ironisé sur son compte X. « Donc Elisabeth Borne ne dépassera pas le record de 49.3. Elle était pourtant bien partie », observe-t-il.
Qui pour lui succéder ?
Avec une nouvelle défaite annoncée aux prochaines élections européennes au profit du Rassemblement National justement, il s’agit maintenant pour le Président Macron d’insuffler un nouveau souffle à son parti et à son futur gouvernement. Reste encore la question que tout le monde se pose, qui pour succéder à Elisabeth Borne à Matignon ?
Le nom sur toutes les bouches ce lundi après-midi est celui de Gabriel Attal, poulain d’Emmanuel Macron et actuel ministre de l’Education. Le jeune ministre de 34 ans affiche en effet une ascension politique fulgurante et s’offre une popularité dont le Président de la République aimerait bien profiter. En effet, celui qui a débuté comme porte-parole du gouvernement est non seulement populaire au sein de la Macronie et dans son groupe parlementaire, mais aussi au sein de la population en se classant récemment comme l’une des personnalités politiques préférées des Français. Il s’inscrit dans une ligne politique au sein de son ministère qui colle à la ligne actuelle du Président Macron, avec ses réformes présentées sur l’abaya, l’uniforme à l’école ou encore le retour du service militaire. Il pourrait donc être le candidat parfait pour succéder à Borne.
Les syndicats veulent de la stabilité
Cependant, Emmanuel Macron avait annoncé dans sa feuille de route pour son deuxième mandat que le ministère de l’Education serait une priorité, et dans un ministère qui a vu récemment bon nombre de changements, beaucoup de professionnels de l’éducation et notamment les syndicats souhaitent garder une certaine stabilité, ce que leur offre actuellement Gabriel Attal, qui n’a hérité du ministère de l’Education nationale qu’en juillet dernier.
L’Élysée annoncera ce mardi 9 janvier le nom du successeur d’Elisabeth Borne.
D’autres candidats potentiels à Matignon ont aussi fait leur apparition dont deux noms cités avec insistance : Julien de Normandie, ancien ministre de l’Agriculture, et Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Tous les deux sont assez jeunes aussi (37 et 42 ans), mais ils sont moins connus que Gabriel Attal. Ils bénéficient toutefois d’une bonne entente avec le Président. Ils auraient, tous les deux, la capacité de délivrer des dossiers difficiles, ce qui est l’attente première du Président Macron. Sébastien Lecornu aurait cependant été écarté sous la pression de François Bayrou.
Même si Gabriel Attal reste pour l’instant favori, rien n’est joué et les prochaines heures seront faites de pression et de jeux politiques. L’Élysée annoncera ce mardi 9 janvier le nom du successeur d’Elisabeth Borne.
Léna Job
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