Des lignes du métro londonien renommées pour rendre hommage à ceux qui ont fait l’histoire du pays
Le maire de Londres, Sadiq Khan, l’a annoncé, il y a quelques jours : certaines lignes du métro londonien ont été renommées pour rendre hommage aux mouvements sociaux et historiques du pays. Dans un courriel adressé aux Londoniens, il explique que « les nouvelles couleurs distinctes et les nouveaux noms des lignes du Overground rendront le voyage des passagers plus facile tout en rendant hommage à l’histoire et la culture londonienne ». Les lignes concernées sont en fait la nouvelle partie du métro londonien qui n’est plus sous terre et sert de lien avec la banlieue proche. Sadiq Khan souligne aussi que ce changement de couleurs des lignes de métro, qui étaient auparavant toutes de la même couleur, est là pour « aider les personnes malvoyantes et les touristes à mieux se repérer dans l’une des villes avec le plus de touristes au monde ». Mais la démarche ne fait pas l’unanimité chez les Londoniens, certains d’entre eux considérant que c’est un gaspillage d’argent public ou du wokisme. Le projet a coûté 6 millions de livres sterling.
L’inauguration en grande pompe ce matin du 15 février a vu 6 lignes de métro être renommées :
– La Lioness Line qui passe par le stade de football de Wembley rend hommage aux Lionesses (les lionnes) de l’équipe de football féminin anglais. Pour le maire Sadiq Khan, « cette ligne rend hommage aux réussites historiques et à l’héritage durable de l’équipe de football féminin qui continue d’inspirer et de motiver les prochaines générations de filles ».
– La Suffragette Line rend évidemment hommage au mouvement des suffragettes qui a marqué l’histoire britannique. Mais cette ligne veut surtout faire l’éloge des « femmes de la classe ouvrière de l’est londonien qui se sont battues pour leurs droits. Notamment Annie Huggett qui venait de l’est de Londres et qui est la Suffragette qui a vécu le plus longtemps ».
Cette ligne rend hommage aux réussites historiques et à l’héritage durable de l’équipe de football féminin qui continue d’inspirer les prochaines générations de filles.
– La Windrush Line fait référence à la « Windrush generation », nom qui avait été attribué à la vague d’immigrés venus de pays caribéens au Royaume-Uni dans les années 50 pour aider à reconstruire le pays après la Deuxième Guerre mondiale. Cette ligne qui passe par l’ouest de Londres où une forte communauté caribéenne persiste veut « rendre hommage à une génération qui a participé au façonnement du Londres que nous connaissons ».
Hommage à la diversité et au féminisme
– La Mildmay Line est à l’honneur de l’hôpital de Mildmay qui a « joué un rôle primordial dans les années 80 lors du combat contre la crise du Sida ». C’est notamment dans cet hôpital que la princesse Diana avait étreint un malade du Sida, ce qui avait fortement choqué l’opinion publique à l’époque.
– La Weaver Line salut les les « weavers » (tisseurs en français) et donc à l’industrie du textile qui fut un atout économique important de l’est londonien pendant des décennies et qui fut « façonnée pendant des siècles par des populations d’immigrés diverses ».
– Enfin, la Liberty Line rend hommage au duché de Havering dans lequel passe la ligne et qui était pendant très longtemps un duché libre et auto-gouverné.
Les Londoniens veulent simplement un maire qui puisse les conduire d’un point A à un point B à l’heure, à un coût raisonnable et dans un certain confort.
Ces changements visent donc à mettre en avant les populations oubliées de l’Histoire avec un grand H, avec un accent sur la diversité ethnique et les mouvements féministes qui ont façonné Londres. Cependant, ces changements sont loin de plaire à tout le monde. Entre être trop « woke » pour certains et un « gaspillage d’argent public » pour d’autres, l’annonce n’a en effet pas été très bien reçue par certains Londoniens. Le changement de nom coûtera en effet environ 6 millions de livres aux contribuables londoniens.
Interrogés par le tabloïd le Daily Mail, plusieurs usagers sont en effet mitigés, voire en colère. « Il y a de bien meilleures façons pour le maire de dépenser notre argent. Pourquoi ne baisse-t-il pas le prix des billets de bus et de train à la place ? En fin de compte, ce n’est pas son argent, c’est le nôtre ! », s’insurge une usagère.
Mieux vaut améliorer la qualité du transport
L’ancien ministre Paul Scully, député conservateur de Sutton and Cheam, a déclaré au Daily Mail. « Les Londoniens veulent simplement un maire qui puisse les conduire d’un point A à un point B à l’heure, à un coût raisonnable et dans un certain confort, plutôt que de simplement projeter un nuage de mots et de signalisation de vertu coûtant 6 millions de livres aux contribuables ».
Cependant, d’autres usagers apprécient le geste et la symbolique. Anthony Sewell, 60 ans, d’Islington dans le nord de Londres, lui-même issu de la vague d’immigration caribéenne, a déclaré qu’il était satisfait que la génération Windrush soit célébrée. « Je suis content que la lutte de la génération Windrush soit reconnue. Je préférerais que le gouvernement verse une compensation à tous ceux qui ont été lésés, mais c’est un début. Je ne sais pas si le changement de nom améliorera le fonctionnement des trains, mais c’est bien que le Windrush soit commémoré ».
Le maire de Londres n’est pas dupe et a affirmé qu’il savait que les noms de nouvelles lignes n’allaient pas plaire à tout le monde.
Léna Job (à Londres)