Politique

Tchad : Au pouvoir depuis plus de trente ans, le clan Déby se déchire

La situation était extrêmement tendue, ce jeudi, à N’Djamena, moins de 24 heures après une série de fusillades qui ont fait un nombre indéterminé de morts (dont l’un des principaux chefs de l’opposition). Des rumeurs entretenues par le pouvoir évoquaient un « Coup d’Etat » qui aurait été déjoué. Il s’agit plus probablement d’un énième rebondissement tragique des rivalités internes qui minent le clan Déby, au pouvoir depuis plus de trente ans. Les liens entre les protagonistes de cette lutte pour le pouvoir sont tellement étroits que l’on pourrait parler d’une querelle de famille. Mais à l’échelle d’un pays qui est le dernier point d’appui important de la présence militaire française au Sahel.

La séquence commence ce mardi : Ahmed Torabi, membre de la direction du Parti socialiste sans frontières (PSF), l’une des principales formations d’opposition est arrêté. Accusé d’avoir organisé une tentative d’assassinat contre Samir Adam Annour, le président de la Cour Suprême, alors que l’on vient d’annoncer que le premier tour de l’élection présidentielle attendue depuis deux ans se tiendra le 6 mai, Torabi est emmené au siège de l’Agence de sécurité nationale. Il y trouve la mort dans des conditions obscures, plus que probablement abattu par des agents de la sécurité. Son corps aurait ensuite été retenu dans le bâtiment.

Mercredi matin des membres du PSF et des proches d’Ahmed Torabi se présentent à l’ANS pour réclamer la restitution de la dépouille. Une fusillade éclate. Les versions divergent : selon les autorités, le siège de l’Agence aurait été pris d’assaut, les opposants, eux, affirment que les militaires ont ouvert le feu sans aucune raison, tuant plusieurs personnes et en blessant un nombre indéterminé.

Siège du principal parti d’opposition, vagues d’arrestations

La machine va alors s’emballer. Des mouvements d’unités militaires sont observés autour du palais présidentiel mais, surtout, la chasse à l’homme est lancée. Le quartier central de Klemat où se trouve le siège du Parti Socialiste sans Frontières est bouclé et les forces de sécurité assiègent le bâtiment contre lequel des armes lourdes auraient même été utilisées dans l’après-midi.
On relèvera au moins une dizaine de morts, parmi lesquels Yaya Dillo, chef du PSF. A nouveau, les versions ne sont pas convergentes. Selon les autorités judiciaires, il serait tombé lors des affrontements mais des proches qui ont pu voir son corps parlent de « deux balles dans la tête » ce qui évoque davantage une exécution en règle.

Le président Mahamat Idriss Déby ordonne alors une fouille systématique de la ville et des arrestations sont opérées sur la base de listes manifestement dressées à l’avance et sur lesquelles on retrouve aussi bien d’anciens ministres que des hauts fonctionnaires « peu fiables ».

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