Politique

Que faire face à l’inexorable montée de l’extrême droite ?


Les sondages se succèdent et se ressemblent pour les partis d’extrême droite européens : ils ont le vent en poupe et leurs performances dans les sondages plongent les démocrates et les partis traditionnels dans un certain désarroi. A moins de cent jours des élections fédérales et européennes du 9 juin prochain, tout porte à croire que les partis d’extrême droite s’apprêtent à faire une sérieuse percée dans l’hémicycle européen. Et au niveau national, dans plusieurs pays, ils enregistrent également une progression constante dans les enquêtes d’opinion.

Les partis politiques traditionnels semblent à court d’idées pour trouver la recette permettant d’enrayer la montée en puissance des partis d’extrême droite.

Les partis politiques traditionnels semblent à court d’idées pour trouver la recette permettant d’enrayer la montée en puissance des partis d’extrême droite qui ont élargi leur scope de sujets. Ils interviennent désormais sur tous les thèmes qui préoccupent les électeurs. Même si les questions de l’immigration, de l’intégration et de la sécurité font toujours partie de leurs sujets de prédilection, ils se sont aussi emparés des sujets comme le chômage, le pouvoir d’achat, la santé, la sécurité sociale, etc. L’étranger est toujours présenté par l’extrême droite comme le bouc émissaire de tous les maux de la société occidentale et le nationalisme gagne du terrain. Sans oublier des solutions simplistes en matière d’intégration comme l’assimilation forcée ou encore le refus de la différence.

La Belgique n’échappe pas à la montée en puissance de l’extrême droite, principalement en Flandre. Dans le nord du pays, les thèmes portés par le parti d’extrême droite (Vlaams Belang, immigration, sécurité, désir de changement) et les nationalistes de la N-VA (davantage d’autonomie, intégration) font recette. Le dernier sondage d’opinions du Standaard et de la VRT réalisé par l’Université d’Anvers révèle que les deux partis font la course en tête. Le Vlaams Belang est premier avec 27,8% d’intentions de vote et la N-Van 18,9%. La question est de savoir si la disparition du cordon sanitaire politique n’explique pas la montée en puissance du parti d’extrême droite. C’est en partie vrai, car leur présence dans l’espace médiatique a donné de la visibilité à leurs idées et a permis de le dédiaboliser.

La montée en puissance des idées de l’extrême droite résulte du fait que les partis traditionnels n’ont pas su répondre aux attentes de la population.

En Belgique francophone, l’ostracisation de l’expression des thèmes de l’extrême droite semble donner des résultats, mais elle n’a pas fait disparaître les opinions celle-ci au sein de la population. C’est aussi parce que ces dernières n’ont pas encore trouvé de leaders charismatiques et ayant le verbe facile qui donne l’impression que la Wallonie est épargnée par les idées de l’extrême droite. Mais elles y sont bien présentes. Ce n’est pas en refusant d’utiliser le thermomètre ou en cassant celui-ci que le mal n’existe pas.

Il faut aussi reconnaître que la montée en puissance des idées de l’extrême droite résulte du fait que les partis traditionnels n’ont pas su répondre aux attentes de la population. Car, malgré les promesses, les citoyens ne voient pas d’amélioration sensible de leurs conditions de vie, celles-ci sont d’ailleurs de plus en plus précaires. La classe moyenne subit de plein fouet l’érosion de ses moyens de subsistance. La pauvreté augmente. Les affaires qui éclaboussent certains responsables politiques ont contribué à décrédibiliser leur mission de service public. Leur discours sont creux et ressemblent plus à des incantations qu’à de vrais slogans de mobilisation des citoyens.

Les responsables politiques sont devenus des caricatures de stars de téléréalité. Or, la mission première de la téléréalité est de distraire les téléspectateurs. La politique est loin d’être de la distraction.

Pour enrayer la chute, les partis politiques et leurs responsables ont commencé à miser de plus en plus sur la forme en espérant attirer de nouveaux membres ou des électeurs. Les vidéos sur Tik Tok sont la preuve de cette dérive. Ce faisant, les mandataires politiques sont devenus des caricatures de stars de téléréalité. Or, la mission première de la téléréalité et de ses animateurs est de distraire les téléspectateurs. La politique est loin d’être de la distraction, la conduite des affaires d’un pays n’est pas chose aisée.

La course à la surenchère pousse aujourd’hui les responsables politiques à faire des propositions dont la plupart ne seront pas appliquées, renforçant ainsi la frustration des électeurs et agrandissant le fossé entre eux et ces derniers. Les élections du 9 juin, tant au niveau national que sur la scène européenne, vont nous obliger dans une autre dimension. Difficile d’imaginer celle-ci, mais elle pourrait s’avérer désastreuse pour les démocrates.


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