Akira Toriyama, le génial créateur de « Dragon Ball », est mort à l’âge de 68 ans

Akira Toriyama, le légendaire créateur de « Dragon Ball », est décédé à l’âge de 68 ans, plongeant les fans du manga emblématique dans la tristesse. Son décès, annoncé ce vendredi 8 mars par la maison d’édition Shueisha, marque la fin d’une époque pour toute une génération de lecteurs. Plusieurs dessinateurs de manga s’inspirant du créateur japonais lui ont rendu un vibrant hommage.

Ce vendredi 8 mars, les fans du célèbre manga « Dragon Ball » ont appris ce matin, via un communiqué du compte officiel de la maison d’édition Shueisha, le décès d’Akira Toriyama, survenu à l’âge de 68 ans des suites d’un hématome sous-dural. « Chez Shueisha et au sein du département éditorial, nous sommes profondément attristés par la nouvelle soudaine de son décès », peut-on y lire. L’éditeur rend hommage à ses réalisations exceptionnelles et lui témoigne sa gratitude. «Nous tenons à rendre hommage à ses grandes réalisations, à lui exprimer notre gratitude et à lui présenter nos sincères condoléances », ont indiqué son éditeur Shueisha et le département éditorial de ce dernier, sur X (ex-Twitter).

Chez Shueisha et au sein du département éditorial, nous sommes profondément attristés par la nouvelle soudaine de son décès.

Les adeptes du « grand et vaillant » Son Goku, qui ont suivi assidûment ses aventures sur le Club Dorothée de 1990 à 1996, sont en deuil. Cette œuvre, qui a vu le jour pour la première fois le 20 novembre 1984 dans le Weekly Shōnen Jump, n’a laissé aucun de ses admirateurs indifférents. Même des années après sa création, la série de dessins animée est toujours reconnue comme l’un des meilleurs mangas de tous les temps, avec plus de 260 millions d’exemplaires vendus à travers le monde.

L’histoire d’une légende

Akira Toriyama voit le jour le 5 avril 1955 à Kiyosu, au Japon. Dès l’âge de 5 ans, son énergie débordante se manifeste à travers son amour pour le dessin, une passion qu’il cultive avec ardeur chaque soir. Son parcours est intimement lié au monde de l’art. Durant son enfance et son adolescence, il consacre son temps libre à esquisser des animaux et à créer des personnages fictifs. Malgré une spécialisation artistique au lycée, il décide de mettre fin à ses études pour se lancer immédiatement dans sa carrière de dessinateur. Animé par une détermination sans faille et une confiance inébranlable en ses capacités, il choisit de devenir auteur professionnel de bandes dessinées, malgré les réticences de ses parents.

Après avoir quitté le système éducatif, il occupe un poste d’illustrateur au sein d’une agence de publicité. Cependant, son caractère jugé marginal et ses retards récurrents ne cadrent pas avec l’image du salarié modèle, le poussant à démissionner au bout de deux ans. Il tente sa chance à plusieurs concours de dessins manga, sans succès notable, jusqu’à ce que Kazuhiko Torishima, directeur de la maison d’édition Hakusensha, le remarque et lui offre une opportunité.

Un talent naturel

Akira Toriyama est repéré grâce à ses œuvres, suscitant l’intérêt de Kazuhiko Torishima qui reconnaît en lui un talent naturel. C’est ainsi que débute leur collaboration. Après quelques tentatives infructueuses, il acquiert une certaine notoriété avec la série Dr. Slump (1980), publiée de manière hebdomadaire jusqu’en 1984.

J’ai dessiné des mangas parce que je voulais être félicité par Toriyama-sensei. C’était tout pour moi.

Malgré la fatigue liée au rythme soutenu imposé par Dr. Slump, Toriyama se lance dans un nouveau projet six mois après le succès de la série. C’est ainsi qu’il crée Dragon Ball (1984), une histoire mettant en scène le jeune Son Goku, déterminé à retrouver les Dragon Balls, des artefacts magiques exauçant n’importe quel souhait. Le manga rencontre un succès immédiat et se classe rapidement en tête des ventes au Japon. De 1984 à 1995, Toriyama dessine 519 chapitres de cette œuvre emblématique. Son succès conduit à l’adaptation animée de Dragon Ball, notamment avec les séries Dragon Ball Z (1989) et Dragon Ball Super (2015), qui demeurent parmi les adaptations les plus célèbres.

Une référence incontournable en matière d’inspiration

Le personnage de Son Goku, créé par Akira Toriyama, est devenu une source d’inspiration pour de nombreux autres mangakas qui ont grandi en lisant les aventures du Saiyan. De nombreux protagonistes de mangas Shonen contemporains, tels que Luffy de One Piece (1997), Naruto (1999) et Natsu de Fairy Tail (2006), partagent des traits similaires. Ils sont souvent décrits comme étant naïfs, avides de nourriture, aventuriers, travailleurs assidus et surtout protecteurs de ceux qui leur sont chers.

Ce style s’appelle Shônen, qui signifie « garçon et adolescent », visant un public masculin, jeune et constituant une cible éditoriale bien définie. À l’inverse, l’équivalent pour un public féminin du même âge est appelé shojo. Ce style s’articule autour du concept de neketsu, qui se traduit littéralement par « sang chaud ». Ce terme désigne à la fois le procédé narratif spécifique au manga et le synopsis général du scénario.

Plusieurs hommages pour une légende

Masashi Kishimoto, l’auteur du manga Naruto, a partagé sa tristesse.  « Je viens de recevoir la nouvelle du décès de mon professeur. Je ressens un sentiment de perte encore plus grand qu’à la fin de Dragon Ball. Je ne sais toujours pas comment gérer ce trou dans mon cœur. Maintenant, je ne peux même plus lire mon Dragon Ball préféré. Je n’ai pas l’impression d’avoir réussi à écrire correctement cette phrase que je souhaite transmettre à mon professeur. Tout le monde attendait toujours avec impatience de voir votre travail. Si un souhait des Dragon Ball se réalisait vraiment… je suis désolé. C’est peut-être égoïste, mais c’est triste, sensei. Merci, Akira Toriyama-sensei, pour tous vos travaux agréables au cours des 45 dernières années. Et merci beaucoup pour votre travail acharné », a-t-il indiqué sur X.

C’est trop tôt. Le vide est trop grand. La tristesse m’envahit quand je pense que je ne le reverrai plus jamais.

Même sentiment chez Eiichirō Oda, le créateur de One Piece. « C’est trop tôt. Le vide est trop grand. La tristesse m’envahit quand je pense que je ne le reverrai plus jamais. Je l’admire tellement depuis que je suis enfant, alors je me souviens du jour où il m’a appelé par mon nom pour la première fois. Sur le chemin du retour depuis le jour où vous avez utilisé le mot « ami » pour moi et Kishimoto, je me souviens avoir été ravi avec Kishimoto. Je me souviens aussi de la dernière conversation que nous avons eue », a-t-il partagé.

Avant de poursuivre : « Je faisais partie de ceux qui ont pris le relais à l’époque où lire des mangas rendait idiot, et il a également créé une époque où les adultes et les enfants pouvaient aimer lire des mangas. Il nous a montré le rêve que le manga puisse se répandre dans le monde entier. C’était comme regarder un héros avancer (…) ».

L’actuel mangaka de Dragon Ball Super (la suite du manga original Dragon Ball), Toyotaro, s’est également exprimé. « J’ai dessiné des mangas parce que je voulais être félicité par Toriyama-sensei. C’était tout pour moi ».

Kevin KABANGU (st)