MOBILISATION POUR LES DROITS DES FEMMES AU MAROC

Réforme du code de la famille au Maroc : émergence d’une nouvelle vague féministe

Deux jeunes marocaines aident une femme âgée à franchir la ligne d'arrivée, lors d'une course à pied féminine à Casablanca. AFP

Au Maroc, une nouvelle génération de militantes féministes émerge alors que le débat sur la réforme du code de la famille refait surface. Animés par des défis personnels et la nécessité de l’égalité des genres, ces activistes, comme Amina Lotfi, présidente de l’Association démocratique des femmes marocaines (ADFM), s’organisent pour faire entendre leur voix et réclamer des changements significatifs. La réforme annoncée par le roi Mohammed VI suscite à la fois espoir et mobilisation, tandis que les associations féministes cherchent à remédier aux inégalités persistantes dans les droits des femmes, notamment en matière de tutelle des enfants et d’héritage.

Depuis l’annonce par le roi Mohammed VI d’une seconde réforme de la Moudawana, le code de la famille marocain, les associations féministes se mobilisent pour remédier aux lacunes persistantes dans les droits des femmes. Malgré la réforme de 2004, les inégalités demeurent, notamment en matière de tutelle des enfants et d’héritage. Car la société marocaine évolue rapidement, nécessitant une mise à jour des lois pour refléter ces changements. La réouverture du débat sur la Moudawana suscite des espoirs mais aussi des interrogations quant aux mesures concrètes qui seront prises pour garantir l’égalité des sexes et le respect des droits des femmes.

Renouvellement de la scène militante

La nouvelle génération de militantes féministes adopte des approches novatrices pour faire avancer leur cause. Inspirées par les réseaux sociaux, elles cherchent à reconquérir l’espace public et à sensibiliser la société aux questions de genre et de droits des femmes. « Il est temps que la voix des femmes soit entendue et que des mesures concrètes soient prises pour garantir notre égalité et notre sécurité. La réforme annoncée du code de la famille est une étape cruciale dans cette direction, et nous devons continuer à nous mobiliser pour faire avancer cette cause essentielle », Amina Lotfi, présidente de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM)

Parallèlement, elles s’efforcent de construire des ponts avec les hommes engagés dans la lutte pour l’égalité des sexes, favorisant ainsi l’émergence d’une masculinité progressiste. Ce renouvellement de la scène militante offre de nouvelles perspectives pour le féminisme au Maroc, en encourageant la collaboration intergénérationnelle et la diversité des approches pour promouvoir les droits des femmes.

Dialogue et pragmatisme

Conscientes des défis à relever, les nouvelles militantes féministes adoptent une approche pragmatique et ouverte au dialogue avec divers acteurs, y compris les conservateurs et les islamistes modérés. Elles cherchent à déconstruire les arguments basés sur l’interprétation erronée de la religion, à promouvoir une vision authentique de l’islam, telle qu’elle l’a été historiquement à travers sa civilisation, tout en défendant les droits des femmes dans la société marocaine contemporaine. Cette démarche vise à créer un espace de discussion inclusif où toutes les voix peuvent être entendues, dans le but de trouver des solutions durables aux problèmes d’inégalité de genre et de discrimination à l’égard des femmes.

Hamid CHRIET