Politique

Elections américaines 2024: la voie royale pour Donald Trump…


Plus que jamais désormais, à huit mois du scrutin, la probabilité pour l’ancien Président américain d’accéder de nouveau à la Maison Blanche n’a été aussi forte. Au-delà du souhait des fans du candidat probable des Républicains de voir leur poulain l’emporter face à un Biden en fin de course, ses électeurs souhaitent avant tout que les Etats-Unis se recentrent sur eux, avant d’inonder la terre entière de leur influence et de leurs dollars. C’était déjà tout le sens du slogan de campagne de 2016, MAGA « Make America Great Again ».  

Aujourd’hui, ce slogan sonne comme le teaser du scénario d’un retour fracassant de Trump aux manettes du pays, avec encore plus la volonté d’en découdre, à l’extérieur, avec tous ceux qui coûtent cher au pays, mais également avec tous ceux qui ont essayé d’entraver son come-back.

Il y a du show, des paillettes et beaucoup d’artifice dans le personnage Trump.

Il y a du show, des paillettes et beaucoup d’artifice dans le personnage Trump, mais à le suivre sur les réseaux sociaux (Instagram, etc.), on voit à quel point son charisme et son assurance séduisent un nombre incroyable d’Américains. Et peut-être encore plus depuis que les autres candidats républicains, tous des bébés Trump (Ron de Santis comme Nikki Haley disparue comme une comète), se sont retirés, et que les affaires judiciaires se sont multipliées contre Trump. Le tout faisant de lui un incontournable au sein du parti républicain et, au sein de son fan club, un bouc-émissaire de tout le « système » (establishment-médias-justice) qui n’a fait que renforcer sa popularité.

Le retour d’un ex-Président agressif, excessif et menteur ? 

On aime ou on n’aime pas Donald Trump. Mais à ce stade, est-ce vraiment encore la question ? Et quel intérêt ? La géopolitique n’est pas une « wishing list », mais plutôt un mélange de leçons du passé et d’anticipation du futur proche. Les Américains s’apprêtent à élire probablement à nouveau un ancien président excité, agressif, excessif et souvent menteur et il y a bien des raisons.

Ils étaient peu nombreux en 2020 à miser sur un retour en fanfare de l’ancien président américain à la Maison Blanche. Peu nombreux parmi les dirigeants politiques, analystes, journalistes, à imaginer que quatre ans plus tard, Donald Trump puisse être à même de redevenir président de tous les Américains, quelles que soient les casseroles qu’il traîne derrière lui et peut-être d’autres qui sont encore lui devant d’ici novembre. Il faut dire que les évènements du 6 janvier 2020 et l’invasion du capitole, les multiples affaires qui lui collent aux basques, auraient pu/dû constituer une sérieuse entrave pour retrouver le chemin du pouvoir, et dégrader un tant soit peu sa côte de popularité. Il n’en est rien à ce jour.

 Les gaffes du président Biden

Face au Président américain actuel, Joe Biden fatigué, parfois incohérent, au bilan global contrasté, le candidat à la primaire républicaine Donal Trump est bien en passe de se battre pour retrouver ce poste qu’il a eu tant de mal à quitter, continuant à vendre à ses supporters et au monde entier, que sa victoire de 2020 lui a été volée. Et bien décidé à mener à mal la démocratie américaine pour se venger de tous ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues ces dernières années.

Ce qui joue en faveur de Joe Biden, c’est son bilan économique, qui semble très bon : inflation maîtrisée, taux de chômage très bas notamment.

Ce qui joue en faveur de Joe Biden, c’est son bilan économique, qui semble très bon : inflation maîtrisée, taux de chômage très bas notamment. Les clivages restent forts, mais l’Amérique change. En effet, sa faiblesse de leadership, ses hésitations, ses absences, et son soutien indéfectible à Israël après quatre mois de guerre le mettent toutefois petit à petit dans une position délicate face à un électorat trumpiste très agité qui veut une révolution de palais. Le bilan de santé publié par son médecin dans l’urgence récemment n’a pas beaucoup de sens et suscite encore plus le scepticisme puisqu’aucun test neurologique n’a été réalisé. Or, c’est bien ce qu’un nombre croissant d’Américains lui reprochent : son âge, ses tangages, ses confusions.

 L’art du spectacle et du bluff chez Trump

Trump n’est pas né de la dernière pluie, mais il n’a aucun problème à asséner ses réalités, comme il l’a toujours fait, comme des vérités. L’art du spectacle et du bluff jouent en sa faveur comme son inépuisable énergie, avant tout auprès de ses électeurs. L’Amérique éternelle c’est du panache, de la flamboyance, du show.

Il s’inscrit en cela, dans le contexte mondial des dirigeants populistes qui savent parler au peuple et le séduire. Malgré les affaires, la justice n’a pas réussi à le faire tomber et auprès de sa base, il est plus populaire que jamais. Presque un martyr de 2020 pour certains !

Du Brésil, jusqu’à l’Inde, en passant par la Chine, la Russie, et dans nombre de pays en Europe, ce type de leaders charismatique plaît. Et les Américains ont compris que pour freiner le déclin, et ralentir la marginalisation croissante de l’Occident incarné par l’Empire américain, il fallait jouer sur le même terrain : il leur faut un homme fort, puissant, et déterminé.

Du Brésil, jusqu’à l’Inde, en passant par la Chine, la Russie, et dans nombre de pays en Europe, ce type de leaders charismatique plaît.

Le protectionnisme de Trump, sa proximité avec la Russie qui pourraient aider à faire pression sur les belligérants pour stopper la guerre, le refus de continuer à financer l’Ukraine, sa capacité peut-être à faire plier Netanyahou, mais aussi la Chine, la peur qu’il inspire, sa priorité au business avant tout, pourraient aussi finalement et très paradoxalement apporter un peu de retour à l’ordre : un ordre des autoritaires sur la planète mais un ordre.

Sébastien Boussois
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l’IHECS (Bruxelles), associé au  CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense), au Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm) et à l’Observatoire Géostratégique de Genève (Suisse).


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