Si le débat sur le droit à mourir dans la dignité peut paraître désuet en Belgique où la loi sur l’euthanasie a fêté ses 20 ans en 2022, les textes légaux sur la fin de vie, l’aide à mourir ou l’euthanasie sont très stricts voire inexistants dans plusieurs pays européens, laissant donc les personnes voulant y recourir dans l’obligation de se rendre dans des pays étrangers comme la Belgique ou la Suisse. Mais le débat a refait surface en France et au Royaume-Uni. En France, le président Emmanuel Macron a annoncé la tenue d’un nouveau débat sur le sujet d’ici l’été. Au Royaume-Uni, le candidat travailliste Keir Starter a indiqué le mercredi 13 mars, qu’il était favorable à une loi pour le suicide assisté et que s’il était élu aux prochaines élections, il proposerait un vote sur le sujet au parlement. En Grande-Bretagne, selon un sondage de l’association « Dignity in Dying » (Dignité dans la mort), 75% de la population souhaite un changement de loi pour permettre l’accès à l’euthanasie ou au suicide assisté.
Un Britannique se rend en Suisse par semaine
Le débat sur la fin de vie revient régulièrement sur la table en France ou au Royaume-Uni. Si on « laisse mourir », on « n’aide pas à en finir », comme le décrit l’association qui milite au Royaume-Uni pour la fin de vie dans la dignité, « My Death My Decision » (Ma mort, ma decision). L’association rapporte qu’un Britannique se rend en Suisse par semaine pour avoir recours à une euthanasie.
Cependant, ces euthanasies se font dans l’illégalité pour les Britanniques, puisque des proches qui voudraient accompagner la personne qui voudrait abréger sa vie risquent jusqu’à 14 ans d’emprisonnement. Enfin, l’association souligne qu’un tel voyage peut être souvent extrêmement difficile physiquement pour la personne demandant l’euthanasie et aussi coûteux, ce qui restreint encore plus son accès.
Il est donc illégal pour un médecin au Royaume-Uni d’aider à donner la mort, d’être sédaté jusqu’à la mort naturelle. Au Royaume-Uni, le candidat travailliste Keir Starter a indiqué le mercredi 13 mars, qu’il était favorable à une loi pour le suicide assisté et que s’il était élu aux prochaines élections, il proposerait un vote sur le sujet au parlement.
Quid en France actuellement ?
En France, il en est de même puisque selon la loi « Claeys-Léonetti » de 2016, si un patient n’a pas le droit de demander une euthanasie ou un suicide assisté, il a le droit de refuser un traitement même si cela entraîne la mort, et pour les patients dont on estime qu’ils n’ont plus que quelques jours ou quelques heures à vivre, ils peuvent demander une sédation profonde et continue jusqu’à la mort.
Lors des cas de sédation profonde, les traitements sont aussi arrêtés, ce qui signifie que le patient meurt de faim ou de soif, ce qui peut prendre plusieurs jours, et c’est là que la législation pose un problème éthique puisque beaucoup estiment que mourir dans ces conditions n’est pas digne.
Et pourtant, depuis 1999, la France reconnaît « le droit à mourir sans souffrances évitables ». Il y a là aussi un manquement entre la théorie et la pratique, car d’après la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs, sur 320 000 patients qui auraient besoin de soins palliatifs, seulement 100 000 d’entre eux en bénéficient réellement par an. De plus, en 2019, 26 départements français n’avaient tout simplement pas d’unités de soins palliatifs.
Soins palliatifs vs euthanasie
Que ce soit pour le Royaume-Uni ou pour la France, la limite est donc posée aux soins palliatifs. Il s’agit d’une limite souvent posée par le corps médical qui dit vouloir protéger la vie et non donner la mort. « Il y a un consensus sur le fait que donner la mort ne peut pas être un soin et que ce n’est vraiment pas du tout le chemin que veulent emprunter les soignants. J’en suis témoin tous les jours, la réponse qui est attendue, ce n’est pas celle radicale d’administrer la mort et si on nous enlève le sens premier de notre métier est-ce qu’on va pouvoir rester ? Il y a donc un risque de démissions de soignants qui est majeur », souligne Jeanne Amourous, infirmière en soins palliatifs et membre de la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs, interrogée par CNews. « Mon inquiétude avec l’euthanasie, c’est le risque d’exposer des personnes vulnérables à être poussées vers la mort et de penser qu’elles n’ont plus de choix. C’est mon travail en tant que docteur de répondre à cette angoisse et je pense que c’est possible avec les soins palliatifs », renchérit le médecin britannique David Randall.
L’opinion publique favorable à l’euthanasie
L’opinion publique dans les deux pays se montre très favorable à un changement de législation. En Grande-Bretagne, selon un sondage de l’association « Dignity in Dying » (Dignité dans la mort), 75% de la population souhaite un changement de loi pour permettre l’accès à l’euthanasie ou au suicide assisté.
Mais il reste une opposition religieuse, vent debout devant toute loi pour l’euthanasie. Dans le même sondage de « Dignity in Dying », la population de confession musulmane est également opposée à un changement de la loi.
En France, l’Eglise Catholique a réagi sur X à l’annonce du Président Macron sur le projet de loi Fraternité qui vise donc à rendre légale l’euthanasie en France.
Des débats qui n’aboutissent pas
Les débats sur l’euthanasie ne sont pas nouveaux, cependant ils n’aboutissent pas en France et en Grande-Bretagne, notamment avec la technique de certains parlementaires opposés à la loi. Ils usent des amendements en en déposant des centaines rendant ainsi impossible l’examen de la loi soit dans le temps parlementaire imparti. Ce fut le cas lors des débats relatifs à une nouvelle loi sur l’euthanasie en 2021, qui avait été examinée par le Parlement français et qui avait vu 4.000 amendements déposés entraînant un abandon du texte.
Il en avait été de même en 2016 au Royaume-Uni, lorsque le temps imparti aux débats avait été dépassé. Le projet de loi avait été abandonné et n’a pas refait surface depuis lors.
Si l’incertitude de la forme sous laquelle une loi sur la fin de vie sera mise en place au Royaume-Uni, en France, il s’agira de suicide assisté et non d’euthanasie.
En effet, le président Macron a annoncé que sous des conditions strictes et bien définies, un patient pourra bénéficier e la prescription d’un produit létal qu’il pourra s’administrer seul ou désigner quelqu’un pour le lui faire.
Le groupe présidentiel qui s’attend à une forte opposition, notamment de la droite, a rappelé aux parlementaires, par la voix du Premier ministre Gabriel Attal, qu’il s’agit d’avoir « un débat apaisé, éclairé et respectueux des positions de chacun », car cette loi est « attendue de longue date et constitue un progrès ».
Lena Job (à Londres)
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