Société

Génocide des Tutsis au Rwanda : 30 ans après, la résilience a pris le dessus


Il y a 30 ans, jour pour jour, le Rwanda était plongé dans un conflit ethnique qui allait marquer le pays à jamais. L’assassinat du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994 dont l’avion a été abattu par un missile au-dessus de l’aéroport de Kigali a déclenché une chasse à l’homme barbare à l’issue de laquelle plus de 800.000 Tutsis ont connu un sort tragique, dans le cadre d’un projet d’élimination minutieusement préparé par des extrémistes Hutus du régime. D’après des experts, ce fut le génocide le plus rapide de l’histoire au regard du nombre de tués en 100 jours dans une violence inouïe et démentielle.

La responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis du Rwanda ne fait plus aucun doute. D’ailleurs, le président Emmanuel Macron a reconnu que le pays des droits de l’Homme « aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains », mais n’en a « pas eu la volonté ». Il a fallu du temps pour que ce mea culpa intervienne.

Trente ans plus tard, le Rwanda s’est relevé, en faisant preuve d’une résilience sans faille au point d’être perçu aujourd’hui comme un exemple de développement.

Trente ans plus tard, le pays s’est relevé, en faisant preuve d’une résilience sans faille au point d’être perçu aujourd’hui comme un exemple de développement économique pour les autres pays africains. Il faut dire qu’il est dirigé, depuis 30 ans, par un président, Paul Kagamé, qu’on peut présenter comme un guide éclairé, un visionnaire dont l’ambition est de rendre le pays des mille collines économiquement prospère et socialement fort. Certes, il dirige le pays avec une poigne de fer, un brin autoritaire. Mais ne faut-il pas un tel dirigeant pour reconstruire, pendant quelques années, une société avec des bases solides ? Le président Kagamé a réussi à créer, en 30 ans, une nation où bourreaux et victimes travaillent ensemble pour un objectif commun. Au passage, il a transformé le pays, autrefois francophone, en une contrée anglophone.

Certes, rien n’est acquis durablement. Les commémorations qui se dérouleront ce week-end, principalement au Rwanda, rappelleront que, 30 ans plus tard, les mémoires sont toujours comme une braise ardente et les blessures, toujours à vif. Les victimes, les survivants et leurs proches ressentiront encore les douleurs et il y a fort à parier que ce sera le cas à chaque commémoration. Mais il faudra continuer à avancer ensemble comme la population rwandaise l’a démontré jusqu’à présent pour conjurer le sort et éviter une réédition des moments sombres d’il y a 30 ans.

Le président Kagamé a réussi à créer, en 30 ans, une nation où bourreaux et victimes travaillent ensemble pour un objectif commun.

Par ailleurs, sur le plan politique, il faudra, à un moment donné, desserrer l’étau pour permettre à une opposition responsable de s’exercer dans des règles démocratiques et beaucoup plus transparentes. Il reste aussi une ombre au tableau des dirigeants du Rwanda : le jeu trouble qu’ils semblent jouer dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) qui pourrait entacher le travail formidable et exemplaire qu’ils ont abattu en 30 ans pour relancer le Rwanda. Il est temps que les deux pays voisins retrouvent le chemin du dialogue et de la paix.


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