Politique

« Si les Wallons veulent un véritable changement de cap, la N-VA est l’alternative »


Laurence Genot est tête de liste à Namur pour le scrutin fédéral sur la liste N-VA pour la Wallonie. Cette mère de famille, entrepreneuse indépendante, a pas mal hésité avant d’oser se lancer. A huit jours du scrutin, les Wallons se montrent curieux et plutôt bienveillants envers elle et ses co-listiers et les candidats des cinq listes francophones. Comme eux, elle espère relever le défi de mobiliser les Wallons qui rêvent d’une Wallonie différente d’aujourd’hui, moins à la traîne et aussi prospère que la Flandre, à l’avenir. « Il n’y a rien de magique, il faut juste changer de cap et oser un gouvernement de centre-droite, la N-VA est le véritable parti des gens qui travaillent, ce n’est plus le PS depuis longtemps, il a suffisamment gangrené le système», confie-t-elle. En pleine dernière ligne droite,  la Namuroise, qui travaille à Liège, nous livre ce en quoi elle croit et entend bien rassurer ceux qui l’écoutent sur les clichés qui perdurent.

L-Post : Comment passe-t-on d’une candidature aux élections sur une liste MR d’abord, puis Destexhe en 2019, à enfin mener la danse sur la première liste N-VA à Namur ?

Laurence Genot : D’abord, je viens du monde de l’entreprise où l’on sait ce que proactivité, productivité et prospérité signifient. C’est d’ailleurs grâce à ce profil que le MR m’avait approché par le passé ; il fallait des femmes sur les listes et j’avais le profil mais ce parti m’a dégoûté par son népotisme, qui perdure encore aujourd’hui. Et c’est regrettable car lors de la coalition suédoise j’estimais qu’il faisait plutôt du bon boulot au sein du gouvernement. Puis Alain Destexhe a créé son mouvement et j’y ai trouvé ma place.
Nous sommes cinq ans plus tard et c’est peu dire que la Wallonie demeure à la traine en matière de prospérité et pourtant, nous ne manquons ni de talent ni de créativité. Et le modèle économique flamand demeure l’exemple à suivre. J’ai été approchée par le parti via Alain Destexhe. La N-VA cherchait des profils comme moi (et comme d’autres), qui défendaient une certaine idée de la prospérité wallonne et de tout ce que nous sommes capables de faire ou serions capables si nous n’étions pas dans un système PS depuis si longtemps. J’ai étudié le programme, posé beaucoup de questions, j’ai même rencontré le directeur de la N-VA qui a tenu à être transparent. Après en avoir parlé avec mon mari, mes filles, j’ai dit oui.

On veut une réforme fiscale qui permette au moins 500 euros de différence entre le salaire lié au travail et la rémunération liée au non-travail.

L-Post : Quelle est votre vision de la Wallonie ?

Laurence Genot : Je suis Wallonne, de Namur, je travaille à Liège, j’aime ma région ! La Wallonie est riche de beaucoup de potentiel mais on pourrait faire tellement plus et mieux. On pourrait rendre tant d’endroits touristiques quasi abandonnés tellement plus attractifs, par exemple, créer de l’emploi, faire bouger les choses dans de nombreux secteurs.  Et qui dit prospérité dit davantage aussi de pouvoir d’achat, ce dont manque cruellement tous les Belges.
De nombreux Wallons ont du talent, des idées mais beaucoup de jeunes sont souvent tristement fatalistes, ils craignent de prendre des risques, l’audace n’est pas le moteur premier. Or, c’est ce qui fait la force de la Flandre économiquement. Si une partie des Wallons cultivent cette mentalité, c’est aussi que le système le leur permet. Lors du débat contre Bart de Wever, Paul Magnette a rappelé, avec audace pour le coup,  que le PS était le parti des travailleurs (rires), mais il ne l’est plus depuis longtemps ! C’est le parti des chômeurs, des assistés, un parti qui a largement gaspillé  et participé à rendre la dette publique abyssale. Bien plus qu’il y a cinq ans ! Il faut le dire.
Or, la Wallonie a du talent, il lui manque un moteur, un changement de cap, la N-VA peut être cette alternative pour une Wallonie, demain, pas de suite, évidemment, plus prospère qu’aujourd’hui tant en termes de travail que de soins de santé, par exemple. Les Wallons ont du talent mais comme partout il y a un certain nombre de profiteurs du système et c’est ce système que l’on souhaite changer.

Il n’y a rien à craindre à imaginer que le confédéralisme puisse être une solution à long terme pour une croissance économique pérenne et équilibrée de toutes les régions.

 

L-Post : De quelle manière agiriez-vous, si vous étiez au pouvoir? quelles seraient, par exemple, vos premières mesures si vous étiez élus en Wallonie ?

Laurence Genot : Je pense qu’on s’attaquerait directement au budget. Le gouvernement fédéral sortant laisse une dette abyssale et un budget en peau de chagrin avec un déficit de plus de 30 milliards d’euros. On s’attaquera donc d’abord au budget et à la revalorisation du travail et par conséquent au pouvoir d’achat. Pour cela, le gouvernement doit être efficace et plus performant que le gouvernement sortant. Il serait utile, aussi de supprimer les structures inutiles et coûteuses sans pour autant augmenter les taxes comme le fait le PS. La Belgique est l’une des championnes d’Europe de la taxe sur le travail, les impôts et même sur la consommation comme dans  l’Horeca par exemple ! C’est aussi un piège permanent pour l’employeur; et comme trop peu de gens travaillent en Wallonie, les conséquences sont considérables sur la sécurité sociale (et aussi sur le pouvoir d’achat).
Ce qu’on veut c’est une réforme fiscale qui permette au moins 500 euros de différence entre le salaire lié au travail et la rémunération liée au non-travail. Si on est au pouvoir, on sait qu’on devra faire des compromis mais il ne sera pas question, comme le MR de se laisser endormir par une ligne de gauche.

N-VA

Il est urgent d’inverser la politique du gouvernement actuel qui n’a fait que rendre le non-travail plus attractif.

L-Post : Le parti indique dans son programme vouloir supprimer la cotisation spéciale de sécurité sociale, introduite en 1992 et qui n’est payée que par la population active. On parle aussi d’une aide supplémentaire aux parents qui travaillent en rendant les frais de garde d’enfants déductibles à 100 %. Quelles sont quelques-unes des autres mesures que vous préconisez?

Laurence Genot : En effet, la première cotisation est illogique et la seconde mesure participe à augmenter le pouvoir d’achat rapidement. Car tout est là. Assainir les finances et rendre du pouvoir d’achat. Le but est aussi de parvenir à ajuster les tranches d’imposition, de sorte que ceux qui travaillent ne se retrouvent pas automatiquement dans la tranche la plus élevée (50 %), et supprimer les réductions d’impôt qui encouragent l’inactivité. Et là, je peux vous en parler longuement car c’est mon domaine. Pour rendre du pouvoir d’achat il faut pouvoir gagner plus, et que cela coûte moins aussi à l’employeur.
Notre sécurité sociale est sous pression et la population vieillissante. On entend rétablir le principe d’assurance dans notre sécurité sociale. Pour revaloriser le travail et augmenter le pouvoir d’achat, il faut aussi diminuer le revenu d’intégration, limiter le chômage et inciter vraiment, en s’en donnant les moyens, les formations et les remises à l’emploi.
L’objectif  est d’introduire une norme légale en matière d’allocations, par exemple, les revenus d’intégration et chômage ne pourront jamais augmenter plus que l’augmentation des salaires les plus bas (calculée selon la loi sur les salaires en vigueur). Les pensions et les indemnités d’invalidité sont exclues de cette norme.
Je pense que les gens en ont assez de voir l’inactivité mieux rémunérée que le travail, non ?! Il est urgent d’inverser la politique du gouvernement actuel qui n’a fait que rendre le non-travail plus attractif.  (Le revenu d’intégration et les allocations de chômage ont respectivement de 12 % et de 8 % en plus de l’index). L’esprit d’entreprise doit payer plus qu’il ne le fait aujourd’hui. Et pour les indépendants en personnes physiques, on compte réduire les impôts par le biais d’une réduction fiscale entrepreneuriale et d’une augmentation de la déduction pour investissement. Il y aurait beaucoup à dire.

L-Post : Lors du débat Magnette/ De Wever, le socialiste a rappelé la volonté de la N-VA de verser vers le confédéralisme et donc vers la fin du pays selon lui. L’argument est facile mais il peut encore faire peur à un certain nombre de Francophones.

Laurence Genot : Avant d’accepter d’apparaitre sur la liste du parti, je me suis évidemment interrogée, il n’était pas question pour moi de m’engager dans un parti qui pourrait mener au séparatisme, ce qui est d’ailleurs le but du Vlaams Belang, il ne faut pas confondre les deux. Et oui, je ne pense pas que l’idée d’un confédéralisme soit une mauvaise chose car il apporterait plus de performance à notre système. Il faut ouvrir les yeux, la Belgique fonctionne relativement mal. Le gouvernement fédéral peine à réformer les choses. Et avec sept partis au pouvoir, il est impossible de mener les réformes utiles comme celle du marché du travail ou de la réforme fiscale. Et cela, au détriment du pouvoir d’achat des travailleurs qui devraient obtenir un salaire net plus élevé.
Le MR propose de faire marche arrière, de refédéraliser à nouveau certaines compétences. C’est le monde à l’envers. On a régionalisé justement car cela ne fonctionnait déjà plus. Le confédéralisme ne signifie pas moins de solidarité entre les deux communautés, mais plus d’autonomie des régions, avec une Wallonie et une Flandre fortes et Bruxelles qui pourrait disposer d’un statut particulier. Ce n’est pas complètement insensé. En d’autres mots, il s’agit d’une forme de système plus performant si la Wallonie décide aussi de prendre son destin en main en mettant fin à la politique socialiste de l’assistanat.
Les Régions travailleraient ensemble pour ce qu’elles souhaitent; ce n’est pas du tout une séparation. Cela réduirait aussi le nombre de ministres et de gouvernements, souvenons-nous de la crise du Covid et de nos 7 ministres de la santé !
La Flandre et la Wallonie peuvent ainsi mener leur propre politique, adaptée à leurs réalités respectives et aux attentes de leurs électeurs.
Il n’y a que comme ça, je le répète, à termes, qu’on peut mettre fin à l’emprise du PS sur la Wallonie, il faut peut-être essayer?! Le modèle socialiste, quoi qu’on en dise, n’encourage pas (ou plus) le travail.
En plus, il faut savoir que dans le schéma d’un confédéralisme, une solidarité continuera d’avoir lieu pour aider la Wallonie à s’en sortir encore 25 ans. Et évidemment, Flandre et Wallonie continueront à collaborer étroitement au sein de l’UE. Vous savez en Flandre, 40 % de la population souhaite la séparation à cause de la gestion socialiste de la Wallonie ! Et ceux-là votent pour le Vlaams Belang, parti avec lequel la N-VA ne souhaite aucune alliance.
Et qui sait, si la Wallonie redevient plus prospère, les choses pourraient être différentes, on pourrait revoir la voilure. Il n’y a rien à craindre à imaginer que le confédéralisme puisse être une solution à long terme pour une croissance économique pérenne et équilibrée de toutes les régions du pays et entre elles.

Ceux qui entrent illégalement en Europe doivent perdre toute chance d’y rester légalement,  (…) on doit aussi durcir le ton en matière de regroupement familial.

L-Post : Le programme de la N-VA pour la Wallonie souligne l’importance d’investir dans les tâches essentielles, qu’elles sont telles ?

Laurence Genot : La transition écologique, la police, les soins de santé et la défense. On prévoit structurellement plus de moyens aux départements de sécurité. Par ailleurs, on s’engage aussi à poursuivre le développement de l’énergie nucléaire, élément essentiel du futur bouquet énergétique.

L-Post : En matière d’Asile, la N-VA plaide pour un changement de paradigme et  l’externalisation de la procédure d’asile.

Laurence Genot : Oui, l’asile sera demandé en dehors de l’UE, c’est possible, il faut l’organiser. Ce n’est pas ma matière de prédilection, Evelien Barbieux, la tête de liste à Liège, maîtrise mieux le sujet que moi. Vous savez, c’est être réaliste que de dire que nos prisons sont surchargées et qu’un tiers des détenus sont en séjour illégal. Qui paie ? Ceux qui travaillent. Ceux qui entrent illégalement en Europe doivent perdre toute chance de rester légalement dans l’UE. La priorité absolue de la politique de retour est de renvoyer les immigrants illégaux criminels. En outre, mais là encore Evelien vous en parlerait mieux que moi, on compte doubler la capacité d’accueil des centres fermés, nécessaire pour faire face au problème des migrants illégaux criminels, en particulier dans les grandes villes. Un certain nombre de conditions de surveillance leur sont imposées. Le but est aussi de durcir le ton en matière de regroupement familial.

La Wallonie est capable de se redresser, elle dispose de nombreuses forces et d’atouts, l’alternative N-VA est une façon de repousser le PS dans l’opposition.

L-Post : La N-VA, le parti des travailleurs donc ?

Laurence Genot : Oui, je le pense, le parti de la défense de celles et ceux qui travaillent et qui envie d’en vivre bien, sans être matraqués de taxe et d’impôts à payer notamment pour ceux qui travaillent pas. Cela ne veut pas dire ne plus être solidaire envers les personnes inactives mais plutôt qu’il y ait moins de personnes inactives. Et ils sont nombreux or il y a des solutions.

L-Post : Quelle alliance privilégierait la N-VA si elle se retrouvait au pouvoir ?

Laurence Genot : Pas le Vlaams Belang, je crois que Bart de Wever a été clair. Ni le PTB. Je pense qu’il privilégierait des partenaires de centre-droit, histoire d’assainir les finances.

L-Post : En Communauté germanophone, le slogan du parti est : « N-VA pour la prospérité » et non simplement « Pour une Wallonie prospère », pourquoi ?

Laurence Genot : Parce que la mentalité, notamment par rapport au travail, en communauté germanophone, n’est pas la même, ils ne se reconnaissent pas forcément dans la Wallonie socialiste, et à la traine, c’est une partie de la province de Liège qui fonctionne bien. Il n’y a qu’à s’y rendre pour le voir.

L-Post : Que diriez-vous aux électeurs tentés par le changement, mais aussi par la nouveauté de liste N-VA en Wallonie mais qui restent effrayés du non-respect du programme ou de l’image véhiculée par le parti, longtemps, anti-francophones ?

Que les clichés ont la vie dure…et ils font peur, hélas et que moi aussi, je me suis posée beaucoup de questions avant de m’engager sur la liste. Mais j’ai été  rassurée et nous avons tous été très bien accueillis.  Ce programme rencontre mes attentes. Que si oui, la N-VA en a assez d’une Wallonie à la traine, elle veut aussi une Wallonie prospère véritablement pour avancer mieux ensemble. Nous ne sommes pas les seuls (les candidats sur les listes N-VA en Wallonie),  à en avoir assez d’un système socialiste qui ne tourne pas rond, on veut du changement. De nombreux citoyens veulent autre chose et  beaucoup se demandent pour qui voter aujourd’hui…Le moment est peut-être venu d’oser le faire autrement que d’habitude. La N-VA a fait ses preuves en Flandre. Pourquoi pas en Wallonie ?

Je leur dirais encore ce que dit la N-VA, que la Wallonie est capable de se redresser, elle dispose de nombreuses forces et d’atouts, que l’alternative N-VA est une façon de repousser le PS dans l’opposition. Nous avons perdu 5 ans avec la Vivaldi. Qu’a-t-elle fait en matière de défense, de justice, de fiscalité ou pour le marché du travail ?
Je dis encore qu’il faut oser donner une chance au changement. C’est un gros challenge pour nous aussi. Vous savez, quand la N-VA m’a contacté, j’ai été surprise. Mon mari était réticent à ce que j’accepte par crainte de souci, de représailles méchantes… Mais je pense qu’il faut oser le changement et qu’il faut qu’il y ait des porte-paroles. C’est à nous, les Wallons de montrer qu’on est capable de retrouver une économie saine et de redresser la barre.  La N-VA est une alternative pour qui pense comme moi.

 

A suivre: Débat des têtes de listes namuroises mercredi 5 juin sur Matélé, à 20h


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  • Je lis ci-dessus que la cotisation spéciale de sécurité sociale, introduite en 1992 …. n’est payée que par la population active. 
    Erreur : elle est aussi payée par les pensionnés ; elle s’élève à 2 % du montant brut de la pension.
    Depuis 1992, la Fédération des Préretraités et Retraités a milité en vain pour la faire supprimer.

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