NOUVELLE TUILE POUR LE PREMIER MINISTRE BRITANNIQUE

Royaume-Uni : l’entourage du Premier ministre, Rishi Sunak, sous le coup d’une enquête pour paris illégaux

L'entourage du Premier ministre britannique, Rishi Sunak, fait l'objet d'une enquête poru avoir parier illégalement sur la date des élections. Deux candidats aux législatives ont reconnu être visés par les investigations. AFP

C’est décidément une campagne longue et laborieuse pour le chef des conservateurs, Rishi Sunak, qui se présente à sa réélection à la tête du Royaume-Uni. Entre bourdes à la télévision, un programme en dehors des réalités et l’annonce des élections qui s’est faite sous la pluie, Rishi Sunak a eu un début de campagne des plus difficiles. Cependant, la descente aux enfers du Premier ministre britannique ne semble pourtant pas finie, puisqu’une partie de son entourage se retrouve sous le coup d’une enquête pour paris illégaux. Deux candidats aux élections législatives ont admis être sous le coup d’une enquête de la police, mais d’autres responsables politiques, voire des ministres seraient également concernés. L’affaire fait grand bruit Outre-Manche.

Dans le système politique britannique, la date des prochaines élections est décidée par le Premier ministre en fonction et n’est donc pas connue à l’avance. Les Britanniques étant particulièrement portés sur les paris, les dates des élections générales font souvent l’objet de spéculations auprès de bookmakers tout au long du cycle de la vie législative. Cependant, c’est là que l’entourage de Rishi Sunak intervient.

Alors que beaucoup de ses proches collaborateurs n’avaient été mis au courant de la date des prochaines élections que l’après-midi même de l’annonce du Premier minister, il apparaît que plusieurs de ses proches auraient illégalement parié sur la date des élections, 24 heures avant l’annonce faite par Rishi Sunak le 21 mai. Pour rappel, les élections sont fixées au 4 juillet au Royaume-Uni.

Augmentation significative des paris

En effet, la Commission de régulation des jeux de hasard a noté une augmentation significative et donc suspecte des paris sur la date exacte des prochaines élections, le 20 mai au soir. S’il n’est pas interdit pour un citoyen lambda de parier sur la date des prochaines élections, il est cependant évident que les proches de Sunak qui avaient été mis dans la confidence ont parié illégalement.

Si quelqu’un utilise des informations confidentielles pour obtenir un avantage injuste lors de paris, cela pourrait constituer une infraction pénale.

En effet, la loi prévoit : « Si quelqu’un utilise des informations confidentielles pour obtenir un avantage injuste lors de paris, cela pourrait constituer une infraction pénale en vertu de l’article 42 de la loi sur les jeux de hasard ». Les proches de Sunak, au-delà du problème d’image que cela pose, pourraient donc aussi être poursuivis au pénal.

Pour l’instant, les sommes en jeu n’ont pas été révélées, mais plusieurs candidats aux législatives ont déjà admis être sous le coup d’une enquête conjointe de la police et de la commission de régulation des jeux de hasard.

Qui est concerné par ces accusations ?

Plusieurs élus sont concernés par ces accusations, notamment deux candidats aux législatives, Laura Saunders et Craig Williams, qui ont, tous les deux, annoncé qu’ils coopéreraient entièrement avec la police. Cependant, la commission de régulation des jeux de hasard, à l’origine de la plainte contre les deux candidats, refuse de donner plus de noms. Des rumeurs courent au sein de Westminster selon lesquelles il y aurait non seulement plus de candidats et de parlementaires, mais, plus grave, des ministres seraient aussi éclaboussés par le scandale, même si pour l’instant Rishi Sunak refuse de confirmer quoi que ce soit.

Autre problème pour Rishi Sunak, un membre de la police en charge de sa sécurité serait aussi accusé d’avoir parié illégalement sur les prochaines dates des élections législatives.

Dans un communiqué de presse vendredi 21 juin, au matin, le Premier ministre britannique s’est dit « extrêmement en colère » contre les allégations qui ont été faites. « Je veux être très clair, il s’agit d’une affaire très grave et je pense qu’il est crucial que ces individus, s’ils sont déclarés coupables, fassent face aux conséquences de leurs actions ».

Je veux être très clair, il s’agit d’une affaire très grave et je pense qu’il est crucial que ces individus, s’ils sont déclarés coupables, fassent face aux conséquences de leurs actions.

Cependant, le Premier ministre conservateur refuse pour l’instant de retirer l’investiture des deux candidats concernés. « Je veux que l’intégrité et la confidentialité de l’enquête qui est en train d’être menée soient entièrement respectées. Et donc, ces candidats verront leur investiture retirée seulement s’ils sont reconnus coupables. Mais s’ils le sont, ils seront flanqués à la porte du parti conservateur », a-t-il précisé.

Du pain béni pour l’opposition

Au-delà du problème d’image posé par un scandale supplémentaire qui éclabousse une nouvelle fois le parti conservateur alors que le taux de popularité de Rishi Sunak est au plus bas jamais atteint, avec seulement 19 % des Britanniques ayant une opinion favorable du Premier ministre, il s’agit surtout d’un coup de poignard dans le dos porté directement à Rishi Sunak.

En effet, l’annonce de la date des élections en mai dernier avait surpris tout le monde, y compris au sein du parti conservateur, avec plusieurs ténors du parti conservateur et du gouvernement qui affirment ne pas avoir été mis au courant de l’annonce de l’élection avant l’après-midi même de l’annonce. Il est donc possible que cela soit une technique pour se dédouaner individuellement, mais la question persiste : qui savait réellement quoi et à quel moment ?

Si je suis élu, sachez que si un de mes élus ou ministres est sous le coup d’une enquête de la police, il sera immédiatement démis de ses fonctions et viré du parti.

En tout cas, les électeurs, eux, se sentent une nouvelle fois trahis par les petits trafics internes au 10 Downing Street. Mais c’est aussi du pain béni pour l’opposition qui s’érige en moralisatrice. Keir Starmer, l’opposant travailliste de Rishi Sunak, a sauté sur l’occasion pour s’exclamer : « Si je suis élu, sachez que si un de mes élus ou ministres est sous le coup d’une enquête de la police, il sera immédiatement démis de ses fonctions et viré du parti ». Moralité politique, quand tu nous tiens.

Léna Job (à Londres)