Politique

Législatives en France : face à la percée de l’extrême droite, la France ne sait plus à quel saint se vouer


Un saut dans le vide était annoncé. Tout comme un scrutin historique. A l’issue du premier tour des élections législatives ce 30 juin en France, c’est bien plus. D’abord, pour un taux de participation : près de 70% des inscrits sont allés voter, un record depuis 1978. Ensuite, pour les résultats avec un Rassemblement National (RN, extrême droite) et ses alliés arrivés en tête avec environ 34% des voix, devant le Nouveau Front Populaire (NFP, gauche et gauche radicale) avec 28,5%, Ensemble (majorité présidentielle) avec 22% et Les Républicains (LR, 9,7%). Ainsi, dans la foulée des résultats, ont commencé les grandes manœuvres pour le second tour, programmé le 7 juillet prochain, avec dépôt des candidatures ce mardi avant 18h.

Au vu des résultats en voix, les instituts de sondages ont communiqué une projection en sièges à l’issue du second tour. Ce qui donnerait entre 240 à 270 sièges pour le RN, 180 à 200 pour le NFP, 60 à 90 pour Ensemble ! et 30 à 50 pour LR… Concrètement, si l’on se fie à ces projections, aucun bloc n’aura la majorité absolue à l’Assemblée Nationale (289 sièges sur 577 députés). Les résultats, du moins les estimations (fiables) à peine communiquées, Marine Le Pen, présidente d’honneur du RN et réélue dès le premier tour dans le Pas-de-Calais avec 58% des voix, a fait part de sa satisfaction : « Les Français ont montré, une nouvelle fois après les élections européennes du 9 juin dernier, leur volonté de tourner la page. Le résultat de ce jour est la première étape d’une alternance, et le deuxième tour sera déterminant pour nous donner la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, pour le rétablissement de l’unité et de la concorde. Parce que nous sommes la coalition de l’union, de la liberté et de la sécurité ».

Jordan Bardella se voit déjà Premier ministre de la cohabitation

De son côté, Jordan Bardella, président du RN et député européen, évoque « un verdict sans appel » avant d’ajouter : « J’entends être le Premier ministre de tous les Français, du quotidien et du rétablissement de l’ordre. J’entends être un Premier ministre de cohabitation ».

Certes, durant toute la campagne électorale pendant trois semaines depuis la dissolution de l’Assemblée Nationale par le Président de la République, Emmanuel Macron, le 9 juin dernier, Jordan Bardella n’a cessé de répéter « Moi, Premier ministre » et déroulé un programme sur lequel il n’a cessé d’aller et revenir.

Mais, au lendemain du premier tour des législatives, rien n’est moins sûr que le RN ne gagne ces élections comme l’indique le politologue Jérôme Jaffré : « Le RN est en tête à l’issue du premier tour avec un tiers des voix, mais il reste deux tiers qui lui sont opposés ».

Dès l’annonce des premiers résultats, le président de la République Emmanuel Macron a lancé l’« appel à un large rassemblement des démocrates et des républicains contre le Rassemblement National ». Un propos confirmé une heure et demie plus tard par le Premier ministre Gabriel Attal, qui dans la soirée a annoncé la suspension immédiate de la loi sur l’assurance chômage : « L’extrême-droite est aux portes du pouvoir. Notre objectif est d’empêcher l’extrême-droite de gouverner le pays avec son projet funeste. Pas une voix pour empêcher le pire d’advenir… »

Discipline du Front républicain

Des voix modérées appellent fermement à faire barrage au RN. Ainsi, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve : « Quand il est question de la République, une seule réponse s’impose : le vote en faveur de tout candidat républicain contre l’extrême droite. La discipline du Front républicain est le seul chemin possible. Il faut faire barrage au RN ». Ou encore, l’ancien secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) : « Il en va de notre démocratie et de nos valeurs républicaines face au RN aux portes du pouvoir. Aucune voix ne doit manquer au désistement républicain. Face au danger, le ni-ni n’est pas de mise. Il faut impérativement faire barrage à l’extrême-droite ».

Une formule choc en « une » du quotidien « Le Figaro » de ce lundi 1er juillet, en deux mots : « Tragédie française »… Qu’en sera-t-il dans une semaine, au lendemain du deuxième tour ?

Serge Bressan (correspondant à Paris)


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