AGRESSION D'UN MILITAIRE A PARIS

France : un militaire blessé dans une attaque au couteau à Paris, hypothèse terroriste non retenue

AFP

Un militaire de l’Opération Sentinelle a été gravement blessé dans une attaque au couteau, lundi 15 juillet en début de soirée à la gare de l’Est, à Paris. Dans un premier temps, on a cru à une attaque terroriste, mais il s’avère que l’auteur des faits serait connu pour un passé psychiatrique particulièrement lourd et ne serait lié à aucune idéologie extrémiste.

Il allait être 22h lorsqu’un individu s’est précipité sur un militaire de l’« Opération Sentinelle » (en charge, depuis les attaques de 2015, de la sécurisation antiterroriste) qui participait à une patrouille à la gare de l’Est, dans le dixième arrondissement de Paris et lui a porté plusieurs coup de couteau.

Le militaire, protégé par son gilet pare-balle, a été touché à l’épaule (on peut penser que l’agresseur visait la gorge). Il a été évacué, conscient vers un hôpital, sans que son pronostic vital ne soit engagé.

Le spectre de la menace terroriste

L’auteur des faits, lui, a immédiatement été maitrisé par les autres membres de la patrouille. A onze jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, et alors que l’état d’alerte est maximal dans l’hexagone, on a évidemment immédiatement évoqué un acte terroriste, d’autant que des témoins affirmaient avoir entendu l’homme crier « Allah Akhbar » au moment de l’agression. Mais il n’en est apparemment rien.

Selon des sources policières, le suspect, âgé de 40 ans, est un Français d’origine congolaise naturalisé en 2006. Il est connu pour des antécédents psychiatriques lourds et avait été interné, en 2018, après voir commis un meurtre. Il dit être « de religion chrétienne et d’après d’autres témoignages, il aurait effectivement hurlé « Dieu est grand », mais… en français. Il affirme, enfin, avoir commis son acte « parce que les militaires tuent des gens dans son pays ». On remarquera cependant qu’aucune troupe française n’est engagée en République démocratique du Congo…

Le parquet de Paris a annoncé qu’une enquête était ouverte pour « tentative de meurtre » et qu’elle avait été confiée à la Police judiciaire, plus précisément à la 2ème DPJ compétente pour le nord et l’est de la capitale.  A l’heure actuelle, le Parquet national antiterroriste (Pnat) ne s’est pas saisi du dossier, mais cette situation pourrait, évidemment évoluer en fonction de l’enquête : « Les circonstances et motivation de l’agression font actuellement l’objet d’investigations », a en effet souligné le parquet de Paris.

La grande misère de la psychiatrie

Le fait qu’il ne s’agisse probablement pas d’une attaque terroriste est évidemment rassurant, mais les circonstances qui ont permis cette agression le sont beaucoup moins.

Le suspect avait, en effet, été impliqué dans un meurtre en 2018 : il avait mortellement poignardé un jeune homme de 22 ans à la station de métro Châtelet-les-Halles, dans l’hypercentre de Paris. Déclaré pénalement irresponsable en raison d’une « abolition du discernement », il avait échappé au jugement et s’était retrouvé interné d’office.

On ne peut que s’inquiéter, dès lors, du fait que cet homme, manifestement gravement perturbé et extrêmement dangereux se soit retrouvé en liberté six ans après des faits aussi graves.

Mais il ne faut pas s’en étonner. Depuis vingt ans, les différents gouvernements, qu’ils soient de gauche, de droite ou du centre, ont massivement désinvesti dans le secteur de la santé publique. Les hôpitaux ont particulièrement souffert de cette politique à courte vue et, dans les hôpitaux, la psychiatrie pour adultes a subi des coupes sombres. Elle manque aujourd’hui cruellement de lits, de médecins, de psychologues et d’infirmières spécialisées.

Nombre de malades qui, pour leur propre protection comme pour celle de la société, devraient être internés sont donc « libérés » dès que l’on peut décemment affirmer que leur état s’est amélioré et se retrouvent livrés à eux-mêmes.

Hugues Krasner