Alors que la France est critiquée de toutes parts, y compris par des représentants des Nations-Unies et des ONG de défense des droits de l’Homme, pour interdire le port du voile islamique dans sa délégation aux Jeux Olympiques et Paralympiques, osons rappeler haut et fort que la France ne fait en cela qu’appliquer une règle fondamentale de la Charte Olympique, la neutralité politique et religieuse du sport : « Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique » (article 50.2).
Cette règle, qui s’inspire de l’idéal de la « trêve olympique », impose aux athlètes de laisser au vestiaire leurs convictions politiques, religieuses ou raciales afin que seule l’excellence de leurs performances les distingue les uns des autres. C’est à cette condition que le sport peut être un instrument de paix et de rapprochement entre les nations.
Au principe de neutralité s’ajoute le principe, non moins fondamental, d’égalité : « La pratique du sport est un droit de l’homme (…) La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Charte olympique doit être assurée sans discrimination d’aucune sorte, notamment en raison de la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation » (Principes fondamentaux de l’olympisme).
L’important serait que toutes les femmes puissent faire du sport quelles que soient les conditions discriminatoires qui leur sont imposées.
Pourtant depuis 1996, aux Jeux d’Atlanta, le CIO a accepté les conditions posées par la république islamique d’Iran à l’envoi de femmes dans sa délégation : qu’elles soient voilées de la tête aux pieds et ne participent qu’à des disciplines non mixtes et « coran compatibles ». Autrement dit, qu’elles se soumettent à un système d’apartheid sexuel, y compris dans le stade olympique. Les Fédérations sportives internationales ont cédé les unes après les autres aux injonctions des théocraties islamistes au nom de l’inclusivité, une notion qui bat en brèche l’objectif d’universalité voulu par la Charte Olympique.
Pour justifier le non-respect de sa propre Charte, le CIO affiche sa volonté de se montrer « inclusif », l’important serait que toutes les femmes puissent faire du sport quelles que soient les conditions discriminatoires qui leur sont imposées.
Comme en écho à cette position du CIO, Amnesty International dénonce l’interdiction du port du foulard faite aux athlètes françaises, considérant que « dans un contexte général de discrimination contre les musulmans, et de violences à l’égard des femmes, ces interdictions viennent s’ajouter à la longue liste des interdictions vestimentaires imposées aux femmes musulmanes en France, participant du contrôle de leurs corps ».
Etonnante inversion de la réalité, car c’est bien le voile qui est le symbole du contrôle du corps des femmes.
Décidée à faire connaitre cette position, dans la perspective des JOP de Paris, Amnesty International annonce la publication le 16 juillet d’un rapport « mettant en lumière l’impact de ces interdictions sur les droits des femmes et des filles musulmanes en France ».
A travers ce type d’analyse c’est en fait la notion même d’universalisme qui est remise en cause au profit du relativisme culturel
Elle a eu lieu à la Bastille, le 23 juin, journée internationale de l’Olympisme, sous la forme d’un parcours de flamme symbolique, avec la participation d’athlètes originaires d’Afghanisant et d’Iran, portant des T-shirts exigeant une stricte application de la Charte Olympique et notamment de la règle 50. 2.
Les signataires de la présente tribune apportent leur total soutien au COLLECTIF PARIS 2024[1] organisateur de cette action.
C’est maintenant vers les Nations Unies qu’il convient de se tourner pour obtenir une extension au cas de l’apartheid fondé sur le sexe des conventions internationales criminalisant l’apartheid racial (1973) et interdisant l’apartheid racial dans les sports (1985).
Daniel Salvatore SCHIFFER
philosophe, écrivain
Frédéric THIRIEZ
avocat auprès du Conseil d’Etat, ancien président de la Ligue Professionnelle de Football
Premiers signataires
Luc-Olivier d’Algange : écrivain, essayiste, Marc Alpozzo : philosophe, essayiste. Elizabeth Badinter, philosophe, Dominique Baqué, philosophe, critique d’art. Florence Bergeaud-Blackler : anthropologue, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Marie- Joseph Biache, professeur des universités retraité, Marie-Jo Bonnet : historienne. Ali Boroumand, avocat au barreau de Paris, Frédérique Bredin, ancienne ministre de la Jeunesse et des sports, Jean-Marie Brohm, sociologue, professeur des universités émérite, Pascal Bruckner, philosophe. Belinda Cannone, écrivaine. Sarah Cattan, journaliste, directrice de Tribune Juive (Paris). Alain Chevalérias: journaliste, écrivain, Patricia Costantini, présidente fondatrice d’Égal Sport ancienne Conseillère Technique Nationale du Ministère des sports, Hirbod Dehghani Azar, avocat au barreau de Paris, Nadine Dewit, artiste peintre. Jean-Philippe Domecq, écrivain. Emmanuel Dupuy : président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice, rapporteure de la Commission d’Enquête du Sénat sur les réponses apportées par les pouvoirs publics au développement de la radicalisation islamiste et les moyens de la combattre, Luc Ferry, philosophe, ancien Ministre français de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse, Renée Fregosi, philosophe, politologue. Shoukria Haidar, ancienne membre du Comité National Olympique d’Afghanistan, présidente fondatrice de l’association Negar- Soutien aux Femmes d’Afghanistan. Stéphane Heas, sociologue, Université Rennes-2, Nathalie Heinich, sociologue. Liliane Kandel, sociologue, a co-dirigé le Centre d’Etudes et de recherches féministes de l’Université Paris 7 (Denis-Diderot). Xavier-Jean Keita, avocat au barreau de Paris Ancien Conseil Principal à la cour pénale internationale, Chérifa Kheddar, Association “Djazairouna” des Familles Victimes du Terrorisme Islamiste, Catherine Kintzler, philosophe, spécialiste de l’esthétique et de la laïcité. Bernard Kouchner, fondateur de “Médecins du Monde” et de “Médecins sans Frontières”, ancien Ministre français des Affaires Etrangères, Nathalie Krikorian-Duronsoy: Historienne et philosophe politique, Catherine Louveau, professeure des universités émérite, sociologue, Mahmoud Masaeli, Professeur des Etudes de Droits Humains (Iran Academia, La Haye, Pays Bas), président fondateur de APGC (Alternative Perspectives and Global Concerns), Mahyar Monshipour Kermani : champion du monde de boxe professionnelle (2003-2006), conseiller technique sportif du ministère de la Jeunesse et des Sports, Bruno Moysan, musicologue. Eric Naulleau, écrivain, essayiste, Lilas Pakzad, historienne d’Art, Michelle Perrot, historienne. Mais aussi, Robert Redeker, philosophe, Friba Rezayee, judoka afghane, une des deux premières athlètes féminines afghane à avoir participé aux Jeux Olympiques (Athènes 2004), Pierre-Yves Rougeyron, essayiste, président du Cercle Aristote, directeur des éditions et de la revue « Perspectives Libres ». Stéphane Rozès : politologue, président de CAP, Lailuma Sadid presidente de NADOE (Network of Afghan Diaspora Organisations in Europe) et assistante chercheure ULB (Université Libre de Bruxelles), Boualem Sansal, écrivain. Dominique Schnapper : sociologue, membre honoraire du Conseil Constitutionnel (France). Alice Schwarzer, fondatrice et rédactrice en cheffe du magazine féministe EMMA, Mahnaz Shirali : Sociologue/politiste, spécialiste de l’Iran, Guy Sorman, président de la Maison Française de New York University, Pierre-André Taguieff : philosophe, historien des idées, CNRS, Patrick Vassort, sociologue, Parya Vatankhah, artiste plasticienne, docteure en Esthétique, Sciences et Technologies des Arts, Gilles Vieille-Marchiset , professeur des universités, Georges Vigarello, historien, philosophe, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, Olivier Weber, écrivain, grand reporter, ancien ambassadeur de France pour la lutte contre la traite des êtres humains et l’esclavage. Jean-Claude Zylberstein, avocat, éditeur, écrivain.
[1] Créé à l’initiative de la Ligue du Droit International des Femmes, le COLLECTIF PARIS 2024 mobilise des réseaux féministes nationaux et internationaux ( Lobby Européen des Femmes et Front Féministe International) et des réseaux laïques (Collectif Laïque National), ainsi que des association de défense du droit des femmes en Iran et en Afghanistan
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