VAGUE DE MANIFESTATIONS RACISTES AU ROYAUME-UNI

Le Royaume-Uni secoué par des émeutes racistes après un attentat au couteau

Des manifestants, dont l'un porte un masque du Premier ministre britannique Keir Starmer, brandissent des pancartes lors d'une manifestation « Assez, c'est assez » appelée par des militants d'extrême droite près d'un hôtel hébergeant des demandeurs d'asile à Aldershot, le 4 août 2024. AFP

Les émeutes qui secouent le Royaume-Uni depuis le meurtre de trois fillettes à Southport ont révélé l’influence croissante des mouvements d’extrême droite. La propagation de rumeurs en ligne ainsi que les discours racistes et islamophobes ont provoqué une vague de manifestations violentes dans plusieurs villes, comme Liverpool, Manchester, et Hull. Le gouvernement, dirigé par Keir Starmer, a condamné ces actes et promis des mesures fermes pour rétablir l’ordre. La ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, a souligné la nécessité de protéger la population, tandis que les responsables religieux et les organisations anti-racistes appellent à la tolérance. Malgré les clarifications des autorités sur l’identité de l’assaillant, les manifestations violentes se sont poursuivies ce week-end, alimentées par un sentiment anti-migrant. Les témoignages des victimes et des observateurs locaux mettent en lumière l’ampleur du traumatisme causé et la nécessité d’une réponse collective pour lutter contre la haine et préserver les valeurs de diversité et de tolérance.

Depuis l’attaque au couteau du lundi 29 juillet qui a coûté la vie à trois fillettes et fait plusieurs blessés à Southport (Royaume-Uni), le pays tout entier est sous le choc et la colère gronde. Peu après l’attaque, une vidéo circulant sur X (ex-Twitter) prétendant que l’assaillant était un réfugié syrien a exacerbé les tensions. Cette information erronée a attisé les flammes de la haine et conduit des centaines de personnes à manifester dans les rues.

Les autorités ont ensuite révélé que l’assaillant, Axel Rudakubana, était un adolescent de 17 ans, né à Cardiff de parents rwandais,  mais cette clarification n’a pas suffi à apaiser les tensions. Dès le lendemain, des manifestations violentes ont éclaté dans plusieurs villes britanniques, menées par des groupes d’extrême-droite mobilisés contre l’immigration et les musulmans.

Une nébuleuse d’extrême droite en ligne et dans les rues

Ces violences récentes ne sont pas le fruit du hasard. Elles s’inscrivent dans une tendance plus large de radicalisation de certains segments de la population, amplifiée par les réseaux sociaux. Les rumeurs sur l’identité et la religion de l’agresseur ont été largement relayées par des figures de la droite dure, déclenchant une vague de manifestations anti-immigration à travers le pays.

Les autorités ont ensuite révélé que l’assaillant, Axel Rudakubana, était un adolescent de 17 ans, né à Cardiff de parents rwandais, mais cette clarification n’a pas suffi à apaiser les tensions.

A Liverpool, Manchester, Hull et dans d’autres villes, des affrontements ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l’ordre. Des bâtiments, dont une mosquée et un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile, ont été pris pour cible, aggravant la situation.

Le gouvernement, dirigé par Keir Starmer, tente de reprendre le contrôle en appelant au calme et en promettant des mesures fermes. Mais la violence continue de s’étendre, alimentée par un sentiment anti-migrant et islamophobe profondément enraciné dans certaines franges de la société britannique.

AFP

Le président du Conseil national des chefs de police, l’agent Gavin Stephens, s’adresse aux médias après avoir rencontré le Premier ministre britannique Keir Starmer pour discuter des affrontements qui ont suivi l’attaque au couteau de Southport, au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 1er août 2024. (Photo par HENRY NICHOLLS / AFP).

Réactions politiques et sociales

Face à cette vague de violence, les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Le Premier ministre, Keir Starmer, a condamné les heurts, déclarant qu’il n’y a « aucune excuse à la violence » et affirmant son soutien inconditionnel aux forces de l’ordre pour rétablir la paix.

Ces tensions reflètent un climat d’hostilité croissante envers les migrants et les musulmans, alimenté par des discours politiques et médiatiques.

La ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, a insisté sur la nécessité de protéger la population et d’agir fermement contre les responsables des troubles. De leur côté, des responsables religieux et des organisations anti-racistes appellent au dialogue et à la tolérance, tout en dénonçant la montée de la haine raciale et religieuse.

Des figures politiques, comme l’ancien ministre de l’Intérieur conservateur James Cleverly, ont demandé des actions plus fortes pour rétablir l’ordre et envoyer un message clair aux fauteurs de troubles. Pour Zara Mohammed, secrétaire générale du Muslim Council of Britain, « ces tensions reflètent un climat d’hostilité croissante envers les migrants et les musulmans, alimenté par des discours politiques et médiatiques ».

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Le Premier ministre britannique Keir Starmer prononce un discours lors d’une conférence de presse à la suite des affrontements survenus après l’attaque au couteau de Southport, au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 1er août 2024. (Photo par HENRY NICHOLLS / AFP)

Témoignages et appels à l’action

Les témoignages des victimes et des témoins des violences révèlent l’ampleur du traumatisme causé par ces événements. Sarah Johnson, une mère de famille de Southport, exprime sa peur. « Je n’aurais jamais pensé que quelque chose comme ça pourrait arriver ici. Mes enfants sont terrifiés à l’idée de sortir de la maison », témoigne-t-elle.

Je n’aurais jamais pensé que quelque chose comme ça pourrait arriver ici. Mes enfants sont terrifiés à l’idée de sortir de la maison.

Ahmed, propriétaire d’un commerce à Southport, a vu son magasin vandalisé par des manifestants. « J’ai peur pour ma famille et moi. Nous sommes ici depuis 20 ans, mais aujourd’hui, nous ne nous sentons plus en sécurité », renchérit-t-il.

David Evans, un enseignant à Manchester, déplore la situation : « Nous avons toujours prôné l’inclusion et la diversité dans notre école, mais ces événements montrent que nous avons encore beaucoup de travail à faire ».

Des appels à l’action sont lancés par diverses organisations pour apaiser les tensions et promouvoir la cohésion sociale. Des manifestations pacifiques et des initiatives communautaires visent à montrer un autre visage du Royaume-Uni, celui de la solidarité et de l’inclusion. Les émeutes récentes au Royaume-Uni mettent en lumière une crise profonde liée à l’extrême droite et à l’intolérance. Elles appellent à une réponse collective et concertée pour lutter contre la haine et préserver les valeurs de tolérance et de diversité.

Hamid CHRIET (à Londres)