Politique

Présidentielle américaine : Tim Walz, la clé de la Maison Blanche pour Kamala Harris ?


C’est en tout cas ce que souhaite la candidate démocrate américaine de toute évidence : pouvoir s’appuyer sur quelqu’un de confiance avec qui engager ce marathon de l’élection qui se tiendra dans trois mois. A peine désignée candidate du parti démocrate pour la prochaine présidentielle américaine du 5 novembre, Kamala Harris (59 ans), encore vice-présidente de Joe Biden, a bien prévu d’aller là où on ne l’attendait pas forcément. Déjouant tous les pronostics sur la nomination de son colistier, elle vient de désigner Tim Walz (60 ans), membre du Congrès pendant 12 ans et actuel Gouverneur du Minnesota. Il est surtout relativement inconnu du grand public. Il va falloir convaincre désormais les électeurs.

Face au ticket Donal Trump/JD Vance, un duo un peu trop « mâle alpha » et « blanc » pour certains, Kamala Harris, aux origines indiennes et jamaïcaines, savait qu’elle devrait jouer la carte de la diversité. Les plus populaires des candidats pour la rejoindre, étaient au moins cinq dont Josh Shapiro, Gouverneur de Pennsylvanie, un Etat clé pour l’élection, et Pete Buttigieg, l’actuel secrétaire des Transports, caracolaient en tête des sondages.

Un candidat vice-Président atypique et respecté

Mais Kamala Harris a finalement jeté son dévolu aujourd’hui pour Tim Walz, un profil atypique, ancien professeur et entraîneur de football américain. Le candidat vice-Président démocrate n’est pas aussi jeune que son concurrent côté républicain : alors que James David Vance vient d’avoir 40 ans le 2 août dernier, lui en a déjà 60. On sait au combien les Américains cherchent du sang neuf et sont à la peine !

Tim Walz a des atouts pour séduire au-delà de l’arc démocrate, ce dont a besoin la candidate démocrate Kamala Harris pour continuer à coller aux basques du Républicain Donald Trump.

Mais Tim Walz a des atouts pour séduire au-delà de l’arc démocrate, ce dont a besoin la candidate démocrate Kamala Harris pour continuer à coller aux basques du Républicain Donald Trump en termes d’intentions de vote. Même s’il soutient ardemment le droit inaliénable à l’avortement et les aides locales pour les plus démunis, Tim Walz a le respect des Républicains, pour être dans les arcanes et l’ombre du pouvoir depuis bien longtemps. Modéré et de bonne foi, loin du populisme de ses concurrents, il dispose de deux autres atouts : son charisme et son talent oratoire. Le duo démocrate en aura assurément besoin face au bulldozer à paroles des deux candidats Républicains.

Le duo Trump/Vance en mauvaise posture

Depuis que Donald Trump a nommé JD Vance comme colistier  et que Joe Biden a annoncé son retraite, Kamala Harris bénéficie d’un effet d’aubaine. Au-delà de cet état de grâce, il lui faut enraciner cet optimisme désormais dans les consciences, mais aussi à terme de voix dans les urnes. D’autant que la presse a ressorti des propos malheureux de JD Vance depuis sa nomination, affaiblissant par là même Donald Trump qui n’exclurait pas à terme, pour enrayer une éventuelle chute, de changer de colistier.

Relativement discrète depuis des mois, attendant son heure, Kamala Harris a besoin rapidement de convaincre et c’est aussi pour cela qu’elle a nommé Tim Walz pour séduire les électeurs de la région des Grands Lacs (Chicago, Détroit). Beaucoup de minorités et de personnes déclassées se tournent depuis quelques années vers le Trumpisme. Mais peut-on inverser la tendance avant le 5 novembre ? En tout cas, elle veut miser sur une bonne entente de leur ticket, en choisissant quelqu’un qui ne déborde pas d’ambition, contrairement à Shapiro par exemple. Urgent : il faut aussi rééquilibrer le rapport de la Maison Blanche entre Israéliens et Palestiniens. Nommer le Gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, c’était incontestablement, irriter les électeurs démocrates qui trouvaient déjà que Biden était bien trop pro-israélien depuis la riposte au 7 octobre dernier. Tim Walz pourrait être plus modéré, à tout le moins, intégrer la question palestinienne et les Palestiniens comme levier à la solution à un retour à la paix à Gaza et aux alentours.

Le duo démocrate entame une touréne dès ce mardi soir dans les swing states pour battre campagne (Le Nevada, l’Arizona, le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie et la Géorgie) en commanençant par la Pennsylvanie.

Sébastien Boussois
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l’IHECS (Bruxelles), associé au CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense), à l’Institut d’Etudes de Géopolitique Appliquée (IEGA Paris), au Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm) et à l’Observatoire Géostratégique de Genève (Suisse).


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