L’entreprise belge Jan De Nul, basée à Alost, a remporté l’appel d’offres pour la construction du port d’Akalia en Géorgie, sur la mer Noire. Le chantier, source d’un litige perdu par un consortium international contre l’Etat géorgien, est à l’arrêt depuis 4 ans. Le contrat vient d’être attribué à Jan De Nul. Le nouveau port devrait ouvrir en 2029 dans cette ville toujours vue comme une station balnéaire utopiste. L’entreprise belge a aussi remporter le marché d’extension d’un port au Kazakhstan. Elle a entamé des discussions avec le Turkménistan et l’Azerbaïdjan pour trouver des solutions face à la baisse du niveau de la mer Caspienne.
La société belge de dragage, Jan De Nul, basée à Alost (Flandre Orientale), a décroché le marché de construction d’un nouveau port en eaux profondes de grande envergure en Géorgie, dans le Caucase, le long de la mer Noire. Le chantier est situé à Anaklia, un village de 1 300 habitants à 280 kilomètres au nord-ouest de Tbilissi, la capitale. La localisation est hautement stratégique d’un point de vue géopolitique.
Cette entreprise, l’une des plus grandes dans ce domaine, réalisera des travaux directement liés à la construction du port.
L’entreprise belge a été sélectionnée le mois dernier par le Gouvernement géorgien « pour assurer la mise en œuvre rapide du projet d’Anaklia », commente le Premier ministre Irakli Kobakhidzé. Boskalis, DEME et Van Oord sont trois autres entreprises qui ont participé à l’appel d’offres. Un contrat, dont le montant n’a pas été dévoilé, sera signé ce mois-ci avec Jan De Nul et les travaux devraient reprendre en septembre prochain, pour une ouverture du port en 2029. Ce dernier offrira une capacité de chargement de 600 000 conteneurs.
« Cette entreprise, l’une des plus grandes dans ce domaine, réalisera des travaux directement liés à la construction du port (un brise-lames, des chenaux d’accès et des points d’inflexion, ndlr), y compris le creusement de l’aquatorium. (…) Le développement du projet d’Anaklia est l’une de nos principales priorités. Ce projet est crucial pour renforcer la connectivité de notre pays et souligner notre rôle dans l’Initiative du Corridor central (un corridor de transit entre la Chine et l’Europe sans passer par la Russie, ndlr). Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour assurer le succès de ce projet ».
Des holdings d’investissement, dont l’Etat chinois est actionnaire majoritaire, seront propriétaires à 49% du port.
Appel d’offres international litigieux
En 2014, a été lancé le projet de la construction du port, avec un premier appel d’offres remporté par Anaklia Development Consortium (ADC), composé de TBC Holding Anaklia (Géorgie), Conti International (Etats-Unis), Wondernet Express (Royaume-Uni), Van Oord PPP International (Pays-Bas) et G-Star LTD (Bulgarie).
Le projet s’embourbe dans un conflit politico-financier qui débouche, début 2020, sur la rupture de l’accord d’investissement par l’Etat géorgien.
Selon la revue « Regard sur l’Est », « le projet s’embourbe dans un conflit politico-financier qui débouche, début 2020, sur la rupture de l’accord d’investissement par l’Etat géorgien et sur un processus de recours en justice initié par ADC ». Le Gouvernement géorgien accuse alors le consortium de ne pas remplir ses obligations contractuelles. Les entreprises disent cependant avoir fait des efforts et avoir toujours été ouvertes auprès du gouvernement pour développer le projet, malgré les divergences, bien que les efforts du privé « aient été soit rejetés, soit ignorés ».
Face au blocage, les entreprises ayant remporté initialement le marché ont demandé un arbitrage auprès de la Chambre de commerce internationale, pour récupérer l’équivalent de 1,5 milliard de dollars US (pour un investissement de 80 millions) auprès du Gouvernement géorgien. La Chambre a donné raison, fin juillet 2024, à l’Etat géorgien « Les détails spécifiques de la décision et des procédures d’arbitrage sont confidentiels », fait cependant savoir le consortium dans un communiqué commun.
Déception des soumissionnaires initiaux
Le consortium d’entreprises initial qui avait remporté le marché souligne également la déception issue de la décision du tribunal car le consortium pense que l’Etat a agi « de manière inappropriée au détriment de tous les Géorgiens dans sa campagne visant à saper le projet du port d’Anaklia, qui est maintenant retardé depuis près d’une décennie, avec la perte de milliers d’emplois ainsi que des millions en taxes et revenus non réalisés pour la Géorgie. (…) La question importante est le développement économique du pays, qui repose sur son avenir occidental, et la construction et l’exploitation du port d’Anaklia comme un projet d’intégration avec l’Occident, et non avec la Russie et la Chine ».
La question importante est le développement économique du pays, qui repose sur son avenir occidental.
Le Premier ministre géorgien estime que l’Etat, en remportant le litige, protège ses intérêts. Il soutient que le ministre de la Justice, Rati Bregadze, et son équipe ont efficacement défendu l’Etat et que la transparence du Gouvernement a été démontrée.
Comme le note la revue « Regard sur l’Est », le village d’Anaklia est depuis deux décennies l’objet des convoitises de différents Présidents géorgiens, car ce lieu est présenté comme utopiste avec une nouvelle station balnéaire, une métropole et un port commercial, mais à de nombreuses reprises, les projets de construction ont été abandonnés dans cette localité de la mer Noire.
Discussions pour de nouveaux chantiers
En Asie centrale, l’entreprise flamande se prépare aussi à de nouveaux travaux pour étendre le port de Kuryk, au Kazakhstan, sur la mer Caspienne. Les ingénieurs s’y occuperont des travaux de dragage.
Les Gouvernements de la Géorgie et du Kazakhstan ont pris des décisions fermes, et nous sommes fiers de participer au développement de cette route commerciale essentielle.
Pour Jan De Nul, ces nouvelles infrastructures sont une alternative fiable au transit maritime via la Russie ou le canal de Suez, car les ports existants sont des goulets d’étranglement. « Ces projets auront un impact économique majeur sur la région. Les Gouvernements de la Géorgie et du Kazakhstan ont pris des décisions fermes, et nous sommes fiers de participer au développement de cette route commerciale essentielle », précise dans un communiqué Stefan Muntoiu, Business Development Manager chez Jan De Nul.
Le développement à long terme du Corridor central, qui passe donc par la mer Caspienne, pourrait être mis à mal par le changement climatique. Jan De Nul a ouvert des discussions avec l’Azerbaïdjan et le Turkménistan pour d’autres projets maritimes et trouver des solutions face à ce phénomène, qui entraîne la baisse du niveau de la mer mais est aussi une menace majeure pour la préservation de la nature et de la biodiversité.
Thibault Lapers
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