Les autorités judiciaires du Groeland ont décidé jeudi 15 août de maintenir en détention le militant écologiste américano-canadien, Paul Watson, arrêté le 21 juillet 2024 à Nuuk, la capitale du territoire autonome danois. Né le 2 décembre 1950 à Toronto, il est connu pour son engagement radical en faveur de la protection des océans. D’abord membre de Greenpeace, il est exclu du mouvement pour ses méthodes jugées trop extrêmes et fonde en 1977 la Sea Shepherd Conservation Society, une organisation qui combat activement la chasse à la baleine et la pêche illégale. Il sera maintenu en détention jusqu’au 5 septembre 2024 afin de garantir sa présence au moment de la décision concernant son extradition vers le Japon. Son arrestation résulte d’une notice rouge d’Interpol émise en 2012 lorsque le Japon l’a accusé d’être co-responsable de dommages et de blessures causés à un navire baleinier japonais en 2010 lors d’une campagne menée par son association Sea Shepherd.
Paul Watson, qui vivait en France depuis plus d’un an, a été arrêté à Nuuk, la capitale du Groenland, alors qu’il venait d’accoster pour ravitailler son navire, le John Paul DeJoria. Ce bateau, affichant les couleurs de la Fondation du capitaine Paul Watson (CPWF), se préparait à une nouvelle mission visant à intercepter un navire-usine baleinier japonais dans le Pacifique Nord. L’arrestation de Watson fait suite à une notice rouge d’Interpol émise en 2012 par le Japon. Ce dernier l’accuse d’avoir participé à une attaque en 2010 contre un baleinier japonais, au cours de laquelle un marin aurait été blessé au visage par une bombe puante, contenant de l’acide butyrique, lancée par Paul Watson.
La justice japonaise en ligne de mire
L’arrestation de Paul Watson a ravivé les tensions entre ses soutiens et les autorités japonaises. Pour la défense, les accusations portées contre le militant écologiste sont fabriquées de toutes pièces. Son avocate, Julie Stage, affirme que des vidéos de l’évènement, extraites de la série documentaire « Justiciers des mers » sur les actions de Sea Shepherd, montrent que le marin japonais n’était pas présent lors du lancement de la bombe puante.
Elle soutient que le Japon utilise cette affaire comme prétexte pour se venger de l’activisme de Paul Watson contre la chasse à la baleine. François Zimeray, un autre avocat du militant écologiste critique sévèrement le système judiciaire japonais, soulignant qu’il existe une « présomption de culpabilité » au Japon, avec un taux de condamnation de 99,6 %. La défense redoute qu’une extradition au pays du Soleil levant soit synonyme d’une condamnation à mort pour le fondateur de Sea Shepherd Conservation Society. Il soutient Que la démarche des autorités japonaises est une vengeance de leur part.
Une mobilisation mondiale pour empêcher son extradition
L’arrestation de Paul Watson a suscité une vague de soutien international. De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer sa libération, et une pétition a déjà rassemblé plus de 62 000 signatures. La présidence française a même pris position, demandant aux autorités danoises de ne pas l’extrader. Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, a exprimé des craintes pour la vie du militant écologiste s’il venait à être extradé au Japon, affirmant qu’il « n’en ressortira pas vivant ».
La décision finale concernant son extradition reste entre les mains du ministère danois de la Justice, mais aucune date n’a encore été fixée pour rendre ce verdict. En attendant, Paul Watson restera en détention à Nuuk, sous la menace d’une extradition qui pourrait mettre fin à sa longue carrière de défenseur des océans.
Hamid CHRIET
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