Tout ça pour ça ! Oui : une inopportune dissolution de l’Assemblée Nationale de la part du Président de la République, Emmanuel Macron, après son désastreux résultat des élections européennes, l’humiliante porte de sortie pour le gouvernement d’un éphémère Premier Ministre (Gabriel Attal) qui n’avait pourtant pas démérité, la convocation précipitée d’élections législatives et plus de cinquante et chaotiques jours de vacances du pouvoir exécutif, pour en arriver finalement à cela : la nomination, par ce même Président de la République, d’un Premier Ministre, Michel Barnier, issu, non seulement de l’ancienne et quasiment éculée garde politique, mais d’un parti, les Républicains, qui n’est arrivé péniblement, lors de ces mêmes élections législatives, qu’à la quatrième place, loin derrière le NFP-LFI, le RN et même le parti, Renaissance, de ce même Président, encore et toujours.
Avec à la clé, pour corser cette lamentable affaire, l’arrivée du plus vieux Premier Ministre, Michel Barnier (âgé de 73 ans) de la Vème République, pour remplacer, à ce poste tant convoité par les opportunistes de tous bords, le plus jeune (35 ans à peine). Quel pathétique, plus encore qu’incompréhensible, bond en arrière, sans même oser le difficile mais intéressant défi d’une véritable, digne, respectable, tolérante et courageuse cohabitation !
C’est dire donc si, en cette absurde comédie du pouvoir, cet inacceptable et même coupable déni démocratique, au vu du résultat de ce scrutin législatif, se double là, par ce frauduleux tour de passe-passe, d’un consternant sens du ridicule !
Emmanuel Macron, nonobstant le chaos institutionnel qu’il aura ainsi généré de manière aussi intempestive, (…) s’en sort, une fois de plus, plutôt bien.
Je le dis d’autant plus objectivement, sinon sereinement, que, par-delà même ce coup ainsi porté, peut-être de manière irrémédiablement fatale, à la crédibilité même des institutions de la Ve République, j’ai toujours manifesté ouvertement, pour ma modeste part, mon hostilité, comme le prouvent sans la moindre ambiguïté plusieurs de mes tribunes critiques dans la presse française et européenne, à l’encontre du NFP-LFI, dont je n’ai eu cesse de dénoncer, surtout après l’abominable pogrom perpétré le 7 octobre dernier par les terroristes du Hamas, les nauséeux propos antisémites chez trop de ses représentants.
Davantage : si le NFP-LFI, et son leader maximo, l’inénarrable Jean-Luc Mélenchon, au premier chef, considèrent, non sans une certaine raison sur ce point précis, que les élections leur auront été ainsi volées par cet antidémocratique coup de force d’Emmanuel Macron, ils n’ont qu’à s’en prendre tout d’abord à eux-mêmes à partir de ce funeste moment où ils ont refusé, brandissant pour cela le spectre de la censure, le nom de Bernard Cazeneuve, issu pourtant de la sociale démocratie, en même temps que politicien à la réelle stature d’homme d’Etat, à ce même poste de Premier ministre.
Conclusion ? Il apparaît donc clairement, à l’aune de pareil contexte politique, qu’Emmanuel Macron, nonobstant le chaos institutionnel qu’il aura ainsi généré de manière aussi intempestive, avec cette dissolution bancale, aussi mal pensée que mal préparée, s’en sort, une fois de plus, plutôt bien.
Michel Barnier, qui ne sera finalement censuré à l’Assemblée Nationale que par le NFP-LFI, sera effectivement accepté, à une majorité relativement confortable (avec la conjonction des votes du RN, de LR et de Renaissance) par les élus de cette vénérable institution.
La faute, aussi grossière qu’historique, en incombe donc en premier lieu, une fois encore, à l’incompétence, plus encore qu’à ses profondes divisions idéologiques, de cette gauche et des socialistes en particulier (l’actuel PS, dont on se demande ce que l’inconsistant Olivier Faure y fait à sa tête de secrétaire général) que d’aucuns réputent, non sans raison manifestement, la plus bête du monde !
Morale de cette mauvaise fable : autant dire, au vu de pareilles déroutes politiques, qu’Emmanuel Macron n’est finalement fort que de la faiblesse intellectuelle, voire de la médiocrité partitocratique (c’est un euphémisme), de ses adversaires, qui ne sont manifestement pas à la hauteur.
Le paradoxe est, certes, énorme ! Mais le gâchis, surtout, pourrait s’avérer ainsi, à tous points de vue (politique, social, économique et institutionnel), catastrophique, sinon encore fatal, pour l’avenir même de la France !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER
Philosophe, écrivain, auteur belge d’une quarantaine de livres, dont notamment « Les Intellos ou la dérive d’une caste » (Editions L’Âge d’Homme), « Grandeur et misère des intellectuels – Histoire critique de l’intelligentsia du XXe siècle » (Editions du Rocher).
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