USA : Joe Biden prend des mesures d’urgence pour contrer la prolifération des armes 3D
Joe Biden est en train de poser les derniers jalons législatifs de sa présidence. Le président américain a signé mercredi 25 septembre 2024 un décret visant à lutter contre la violence armée. Ce décret fait suite à la 403e tuerie de masse de l’année aux Etats-Unis, le samedi 21 septembre. Dans le viseur du président américain sortant, deux phénomènes en particulier : la transformation d’armes en fusils mitrailleurs et la multiplication des armes 3D. Pendant ce temps en Belgique, malgré une augmentation du nombre de saisies d’armes 3D, notamment en région bruxelloise, aucune mesure n’est prévue. La Belgique se met-elle en danger en ne prenant pas exemple sur les initiatives de l’administration Biden au sujet des armes 3D ? C’est pour tenter de répondre à cette question qu’une enquête de Julien Bal sur les armes 3D paraîtra sur L-Post à partir du 2 octobre 2024.
Le droit à s’armer préservé aux USA
Le port d’armes est garanti par la Constitution américaine, il est donc difficile aux Etats-Unis d’apporter quelque bémol que ce soit à ce droit fondamental. Lors du débat entre la candidate démocrate aux élections du 5 novembre 2024, Kamala Harris, et le Républicain, Donald Trump, le 10 septembre dernier, l’actuelle vice-Présidente a rejeté l’accusation d’être totalement opposée au port d’arme. Pour le démontrer, Kamala Harris a déclaré qu’elle détient personnellement une arme. Cette posture lui a permis de recadrer le débat sur la question des fusils mitrailleurs qui représentent le véritable point de discorde entre les camps démocrate et républicain.
Kamala Harris résolue malgré les échecs
Mercredi dernier, 25 septembre 2024, à l’occasion de la présentation d’un décret présidentiel sur les armes – probablement le dernier signé par Joe Biden qui n’est pas candidat à sa réélection – Kamala Harris en a profité pour préciser son point de vue : « Oui, je suis favorable au second amendement de la Constitution (qui garantit le droit des citoyens à s’armer, ndlr), mais je crois que nous devons interdire les fusils d’assaut ».
La dernière action en ce sens date de 2022, quand Joe Biden était parvenu à obtenir, à l’arrachée, une loi bipartisane limitant l’accès aux armes pour les personnes déjà condamnées pour des faits de violence domestique. Pendant quatre ans, c’est en fait Kamala Harris qui était en charge de ces dossiers qu’elle n’a pas su faire avancer.
Oui, je suis favorable au second amendement de la Constitution (qui garantit le droit des citoyens à s’armer, ndlr), mais je crois que nous devons interdire les fusils d’assaut.
Le décret présidentiel signé mercredi dernier permet non seulement à Joe Biden de dépasser les clivages partisans (renforcés en période pré-électorale), mais aussi d’aller bien plus loin que ses timides progrès, il y a deux ans.
Enseigner les bons réflexes en cas de tuerie de masse
Premièrement, le décret présidentiel signé le 25 septembre impose au Gouvernement fédéral de réfléchir à des exercices de mise en situation et de préparation aux tueries de masse en milieu scolaire. Des exercices de ce type existent déjà, mais de nombreux experts pointent leur inefficacité et leurs effets néfastes sur la santé mentale des élèves.
De plus, comme les auteurs de tueries de masse en milieu scolaire sont souvent très jeunes et qu’ils s’emparent en général des armes de leurs aînés pour tuer, des normes de stockage des armes à feu devraient être instaurées prochainement afin de « mettre les parents face à leurs responsabilités en cas de négligence » précise Joe Biden.
Des armes converties en armes automatiques
Le nouveau décret sur les armes comprend surtout un plan de lutte contre la prolifération des dispositifs de conversion d’armes qui permettent de transformer une arme semi-automatique en une arme à feu entièrement automatique.
Le nouveau décret sur les armes comprend surtout un plan de lutte contre la prolifération des dispositifs de conversion d’armes.
Il s’agit de petites pièces ajoutées à l’arme qui confèrent à de simples fusils ou à des armes de poing une cadence de tir égale à celle des fusils mitrailleurs utilisés sur des théâtres de guerre. Une arme convertie de ce type a été utilisée lors de la tuerie de samedi dernier, 21 septembre, en bordure du campus universitaire de Birmingham dans l’Alabama.
L’impression 3D dans le viseur
Les kits de conversion coûtent moins d’un dollar à la fabrication et se revendent comme des petits pains en ce moment aux Etats-Unis. Il s’agit bien souvent de pièces fabriquées à l’aide d’imprimantes 3D, des pièces difficiles à déceler dans des colis postaux, notamment parce qu’elles sont en plastique.
Le décret présidentiel prévoit également d’établir en urgence un bilan précis de la prolifération des armes à feu imprimées totalement ou partiellement en 3D, des armes intraçables dont les plans se trouvent sur Internet et qui fragilisent tous les dispositifs traditionnels de lutte contre la prolifération des armes illégales.
Les armes 3D se multiplient en ce moment aux Etats-Unis comme en Europe, et l’arrivée sur le marché d’imprimantes à métal confèrera aux armes 3D, dans les années qui viennent, des qualités de résistance et de précision comparables aux armes traditionnelles, à moindre coût.
Le testament politique de Joe Biden
Un groupe de travail chargé de dresser des constats clairs et de proposer des pistes d’actions rapides devra rendre ses conclusions dans 90 jours, c’est-à-dire juste avant que Joe Biden ne quitte ses fonctions.
Que Joe Biden statue in extremis et par décret sur le sujet démontre à la fois l’urgence et le blocage idéologique qui caractérisent le débat sur les armes 3D et sur les armes converties en fusils mitrailleurs, deux sujets qui n’en forment en fait qu’un seul, celui des armes illégales.
Julien Bal