ELECTIONS COMMUNALES

Le PS et son président Paul Magnette jouent gros ce dimanche 13 octobre

Le président des socialistes francophones, Paul magnette, joue gros pour le scrutin communal de ce dimanche 13 octobre 2024. BELGA

Confirmation de la victoire de la droite ou retour en force du PS ? Même si les élections communales sont avant tout des scrutins très différents dans près de 300 villes et communes en Wallonie et à Bruxelles, de grandes tendances pourraient se dégager dimanche soir et influencer à la fois la vie politique communale et nationale. Premier grand enjeu du scrutin du 13 octobre : le PS et Paul Magnette jouent gros après la défaite du 9 juin 2024. Faut-il s’attendre à un grand règlement de comptes chez les socialistes ? Réponse dimanche soir… Ancien rédacteur en chef de Sudinfo, Demetrio Scagliola décrypte l’actualité politique pour L-Post.

Pour les socialistes, participer à des élections communales, c’est un peu comme jouer un match de foot à domicile. C’est plus facile de gagner. Des points. Depuis des décennies, le PS domine et incarne le pouvoir local en Wallonie, dans la plupart des grandes villes et des communes les plus peuplées. C’est cette domination sans partage, cette présence capillaire dans toutes les communes, dans les sections, qui a permis au PS d’être le parti de la proximité et d’engranger un cercle vertueux en faisant de lui une redoutable machine électorale. Le porte-à-porte, une certaine forme de clientélisme, les relais et l’action sur le terrain, les piliers : voilà les armes fatales socialistes.

La vague azur du 9 juin risque de se prolonger

Mais aujourd’hui, la machine est un peu grippée, et la défaite du 9 juin dernier risque de laisser des traces chez les candidats et les électeurs et, surtout, de se prolonger ce dimanche 13 octobre. Le PS, qui apparaît comme le parti de pouvoir par excellence, a payé le prix fort au désenchantement des gens face aux politiques. Et n’oublions pas d’autres facteurs : une campagne ratée, une certaine forme de certitude de la victoire et une déconnexion plus marquée que d’autres par rapport aux véritables aspirations des électeurs. Car c’est indéniable, l’opinion publique semble avoir muté, étant désormais plus favorable aux idées de la droite et plus sévère à l’égard de certaines situations acquises. Sans doute un des effets non prévus de la période Covid-19…

Pour le président du PS, Paul Magnette, le scrutin de ce dimanche s’annonce capital. Une deuxième défaite pourrait provoquer une onde de choc puissante au sein du parti.

Pour le président du PS, Paul Magnette, le scrutin de ce dimanche s’annonce capital. Une deuxième défaite pourrait provoquer une onde de choc puissante au sein du parti, qui pourrait tout emporter sur son passage, y compris la présidence. Officiellement, bien sûr, tout le monde est rangé derrière le président carolo. Logique, il faut serrer les rangs jusqu’à dimanche. Mais après ? Un deuxième revers électoral serait très mal vécu au sein du PS, qui se trouverait dès lors marginalisé politiquement pour cinq ans, et peut-être déjà sur la voie du déclin qui a touché d’autres formations sociales-démocrates en Europe (France, Allemagne, etc.).

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L’ancienne ministre wallonne, Christie Morreale est appelée à jouer un rôle de premier plan au sein du parti socialiste. (BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE).

La question principale est donc simple : quels indicateurs seront déterminants pour savoir si le PS est vainqueur, perdant ou s’il limite la casse ? C’est évidemment plus complexe quand on vote dans près de 300 communes (262 en Wallonie et 19 en Région bruxelloise). Mais essayons tout de même d’y voir clair.

De grands bastions menacés

Tout d’abord, il faudra scruter les grandes villes et les bastions historiques socialistes. Si Liège et Charleroi devraient rester sous bannière PS, sauf cataclysme, la situation est plus tendue à Mons, Tournai, Verviers ou dans plusieurs communes de la région bruxelloise (Bruxelles-ville, Molenbeek…). Perdre une ou plusieurs de ces places fortes constituerait un sérieux revers. Ensuite, il faudra comparer les résultats de ce 13 octobre à ceux de 2018, comprendre si l’évolution est inquiétante — le nombre total de conseillers élus — et quelle stratégie d’alliance sera privilégiée sur le terrain. En 2018, le PS avait ouvert les collèges communaux à d’autres partis, alors qu’il se trouvait souvent en majorité absolue. Mais aujourd’hui, le PS est plus isolé sur la carte politique. Le MR et Les Engagés devraient prioritairement travailler ensemble, sauf exception comme à Herstal. Pour les socialistes, les alliés potentiels à gauche demeurent Ecolo et le PTB. Mais les Verts sont en pleine reconstruction et, mis à part quelques réalités locales (Amay, Louvain-la-Neuve ou Liège), leur poids sera sans doute insuffisant. Reste le PTB. Mais imaginer des accords stratégiques entre le PS et le PTB relève aujourd’hui de la fiction pré-électorale. Socialistes et communistes n’ont aucune envie de travailler ensemble. Aucune.

Plus concrètement, le PS devrait tenter de passer des alliances avec Les Engagés ou le MR, pour pouvoir bénéficier de certains appuis et relais au niveau des différents gouvernements et aussi pour préparer les troupes à un accord avec les libéraux et Les Engagés en vue de former une majorité régionale bruxelloise.

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Le Carolo Thomas Dermine est un jeune qui monte les socialistes wallons. (BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK).

La lutte finale chez les camarades ?

Mais si le recul est marqué ce dimanche, des débats internes éclateront au grand jour au sein de la grande famille socialiste. Paul Magnette sera-t-il en position de se maintenir ? Officiellement, son mandat court jusqu’en 2027, mais en interne, nombreux sont ceux qui se préparent à un grand règlement de comptes et à un changement d’équipe au sommet du parti si les résultats de ce dimanche 13 octobre ne sont pas à la hauteur des attentes.

Des noms commencent même à circuler : Thomas Dermine, Nicolas Martin, Pierre-Yves Dermagne, Christie Morreale, sans parler des Bruxellois, qui ont déjà pris leurs distances et une certaine forme d’autonomie par rapport au parti.

Des noms commencent même à circuler : Thomas Dermine, Nicolas Martin, Pierre-Yves Dermagne, Christie Morreale, sans parler des Bruxellois, qui ont déjà pris leurs distances et une certaine forme d’autonomie par rapport au parti. Paul Magnette joue gros et c’est sans doute pour toutes ces raisons qu’il mène une campagne musclée et dense dans les médias et sur les réseaux sociaux, essentiellement pour dénoncer les programmes des Gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais aussi les projets de note de Bart De Wever et de la probable future coalition fédérale (MR, Les Engagés, N-VA, CD&V et Vooruit). Une manière de mobiliser largement, bien au-delà des enjeux locaux, et de se glisser d’ores et déjà dans la peau du chef de l’opposition du PS.

Demetrio Scagliola