OPINION

Les exigences d’une paix durable au Moyen-Orient

Une photo fournie par le bureau du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, le montre s'exprimant lors d'une réunion avec le président iranien et son cabinet à Téhéran le 27 août 2024. AFP

Le principal objectif du dictateur religieux a toujours été de transformer sa guerre contre le peuple iranien en un conflit entre musulmans et juifs, afin de détourner l’attention de la véritable nature de son combat.

En 45 ans de règne du fascisme religieux en Iran, la région n’a jamais connu un seul moment sans guerre ni effusion de sang. Ali Khamenei, le guide suprême, a clairement déclaré, à plusieurs reprises, que si ses forces ne se battaient pas à Gaza, au Liban, en Syrie, en Irak ou au Yémen, elles devraient combattre à Ispahan, à Téhéran et ailleurs contre le peuple iranien lui-même.
Il y a vingt ans, l’opposition iranienne avait déjà averti que le danger de l’influence du régime en Irak était infiniment plus grand que celui de son programme nucléaire, et que l’Iran ne devait pas être autorisé à utiliser l’Irak pour étendre son influence dans la région.

Une stratégie erronée : la politique de complaisance
Malheureusement, au lieu de freiner les mollahs en Irak, les portes de ce pays leur ont été grandes ouvertes, permettant au régime iranien d’étendre son emprise jusqu’à la Méditerranée et la mer Rouge, propageant ainsi la guerre et les massacres dans toute la région. Des centaines de milliards de dollars ont été débloqués, alimentant la machine de guerre du fascisme religieux, qui utilise cette manne pour asseoir son pouvoir et étouffer les soulèvements populaires.

Au lieu de freiner les mollahs en Irak, les portes de ce pays leur ont été grandes ouvertes, permettant au régime iranien d’étendre son emprise jusqu’à la Méditerranée et la mer Rouge, propageant ainsi la guerre et les massacres dans toute la région.

Même la résolution du Parlement européen visant à placer les Gardiens de la révolution, l’outil répressif et militaire du régime, sur la liste des organisations terroristes, a été ignorée. A l’inverse, les milices proxy comme les Houthis, soutenues par les Gardiens de la révolution, ont été retirées de cette liste. Pire encore, l’embargo sur les armes a été levé, ouvrant la voie à un approvisionnement accru en armes pour ces groupes.
Le résultat : une catastrophe aux proportions tragiques que nous observons aujourd’hui. Ne serait-il pas enfin temps de mettre un terme à cette série de politiques erronées et de complaisance ?

La paix dans la région
Il ne fait aucun doute que tant que le dictateur religieux est au pouvoir en Iran, la région ne connaîtra ni paix ni stabilité. Cependant, la paix régionale ne se résume pas simplement à couper les tentacules du régime dans les pays voisins ; bien que nécessaire, cela reste insuffisant. L’histoire de pays comme l’Irak et l’Afghanistan a montré que la chute d’un dictateur ne garantit pas à elle seule l’instauration de la paix. Seul un gouvernement véritablement issu de la société et fermement attaché à la séparation de la religion et de l’État pourra jouer un rôle actif dans la promotion de la paix. Sans cela, des massacres et de nouvelles menaces pour la paix sont inévitables.

En Iran, une alternative politique existe sous la forme du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), qui prône une république pluraliste fondée sur la séparation de la religion et de l’État comme condition essentielle à la paix et à la sécurité dans la région et dans le monde. Cette alternative est le fruit de soixante ans de lutte pour la liberté en Iran contre deux dictatures successives. Non seulement cela démontre sa pérennité, mais cela prouve également qu’elle ne cherche pas le pouvoir pour elle-même, mais uniquement à garantir les libertés fondamentales en Iran. Sans ces libertés, fondées sur l’égalité entre les sexes et l’élimination de toute forme de discrimination, y compris les discriminations positives, il ne peut y avoir de paix durable dans la région. Une société basée sur ces principes serait libérée du patriarcat, un facteur clé de guerre et de violence, et garantirait les libertés sexuelles, ethniques et religieuses.

Une société basée sur ces principes serait libérée du patriarcat, un facteur clé de guerre et de violence, et garantirait les libertés sexuelles, ethniques et religieuses.

Aujourd’hui, la majorité des membres de ce parlement en exil sont des femmes, et la dirigeante de ce mouvement est également une femme. Ce n’est pas seulement en raison de la répression impitoyable du régime que les femmes sont prêtes à payer le prix fort pour la liberté. Leur engagement est également dû à leur conviction profonde de rejeter toute forme de discrimination sexiste. Cette conviction les pousse à s’opposer avec une détermination sans faille au dictateur, au point que ce dernier, par l’intermédiaire de la police des mœurs, tente désespérément de leur imposer des barrières.

Le soutien des jeunes et des insurgés
Malgré la répression brutale, les massacres perpétrés par le dictateur religieux, les exécutions quotidiennes et la diabolisation infernale des opposants, la jeune génération iranienne, qui a grandi à l’ère d’Internet et a pu accéder directement à la vérité, montre un fort engouement pour ce mouvement. Une preuve en est le procès intenté contre 104 opposants, principalement membres de l’Organisation des Moudjahidines du peuple, qui ont quitté l’Iran il y a plus de trente ans et sont accusés de « terrorisme ». Ces personnes vivent depuis des décennies en Europe. Ce procès pourrait non seulement servir de prétexte pour justifier les assassinats du régime à l’étranger, mais il vise avant tout à empêcher la jeunesse iranienne de rejoindre cette alternative.

La résistance généralisée
Les unités de résistance, fondées il y a dix ans, se sont renforcées dans tout l’Iran et, au cours du seul mois dernier, elles ont mené plus de 1 700 opérations à travers le pays. Elles attaquent les centres de répression et de torture dans diverses villes iraniennes et détruisent tous les symboles du dictateur religieux. C’est précisément en raison de l’existence de ce vaste réseau de résistance à travers l’Iran que Khamenei s’est tourné vers la guerre et les conflits au Moyen-Orient, espérant ainsi échapper à la menace intérieure.

Malgré la répression brutale et la diabolisation infernale des opposants, la jeune génération iranienne, qui a grandi à l’ère d’Internet et a pu accéder directement à la vérité, montre un fort engouement pour ce mouvement.

Lors du soulèvement de 2022, le peuple iranien a clairement exprimé sa volonté de changer de régime. La société iranienne est comparable à un baril de poudre, ce qui explique pourquoi le dictateur religieux craint profondément qu’une attaque contre l’Iran ne déclenche un soulèvement. Le régime a utilisé son bellicisme pour tenter d’empêcher une nouvelle révolte, mais il n’a pas réussi à éteindre la flamme de la résistance. Au cours des deux dernières années, les unités de résistance ont intensifié leurs activités dans tout l’Iran. Le peuple iranien aspire à une république pluraliste et à la séparation de la religion et de l’État. Cette expansion témoigne de la détermination du peuple iranien à renverser ce régime, ainsi que de la légitimité du chemin emprunté par cette alternative.

Hamid ENAYAT
Ecrivain
Politologue et expert de l’Iran basé à Paris