ELECTIONS COMMUNALES

Le MR et Georges-Louis Bouchez à l’assaut des bastions socialistes

Georges-Louis Bouchez entouré par les autres candidats de la liste Mons en Mieux lors du congrès programmatique le 8 septembre 2024. bePress Photo Agency / BOURGUET

Après avoir gagné les élections régionales, législatives et européennes en juin 2024, Georges-Louis Bouchez veut offrir le grand chelem électoral au MR en remportant la bataille des communales ce 13 octobre 2024. Mais le défi s’annonce plus difficile pour les Libéraux. Et pourtant, en cas de victoire, le président du MR dominerait le monde politique francophone pour les cinq prochaines années. Mais attention à la réaction socialiste et à la remontée… des Engagés.

Pour reprendre la métaphore footballistique chère à son président, Georges-Louis Bouchez (GLB), le MR joue plutôt à l’extérieur lors de ces élections communales. Mis à part le Brabant wallon, où la domination libérale est massive, le parti se lance dans la bataille avec quelques armes en moins que son rival socialiste : moins de ténors, moins d’anciens ministres et moins de gros faiseurs de voix, notamment dans les grandes villes. C’est logique, les Libéraux possèdent une implantation locale historiquement plus faible que celle du PS ou même que celle des Engagés. Pendant des décennies, les prédécesseurs de GLB à la présidence n’ont pas fait des sections locales et de la proximité leur priorité, ce qui les a souvent pénalisés lors des scrutins locaux.

La garde prétorienne locale de GLB

Mais sous l’impulsion de Georges-Louis Bouchez, la dynamique a changé au sein du MR. Elu communal dans une grande ville wallonne dominée depuis plus de 70 ans par le PS (Mons), le président des Libéraux francophones a compris l’intérêt pour lui et pour son parti de renforcer la base locale.

Il s’est personnellement investi dans l’animation des sections locales, qui constituaient traditionnellement le talon d’Achille électoral de la famille libérale. De plus, les nouveaux membres recrutés sur le terrain, souvent plus jeunes, ont permis à GLB de se forger une sorte de « garde prétorienne » au milieu de laquelle il se retranchait quand les barons du parti voulaient le mettre sous tutelle, voire carrément le débarquer.

Le MR entend profiter de la vague droitière qui l’a porté lors des élections régionales et législatives du 9 juin 2024 et de cette implantation locale plus forte pour partir à l’assaut des villes de Wallonie et de Bruxelles.

Aujourd’hui, le MR entend profiter de la vague droitière qui l’a porté lors des élections régionales et législatives du 9 juin 2024 et de cette implantation locale plus forte pour partir à l’assaut des villes de Wallonie et de Bruxelles. Mais malgré des annonces matamoresques, Georges-Louis Bouchez sait qu’il sera extrêmement difficile de battre le PS dans des métropoles comme Liège ou Charleroi.

Dans ces deux grandes villes wallonnes, le PS part avec une avance énorme, une tradition séculaire et des candidats plus puissants, plus connus et mieux implantés. A Liège comme à Charleroi, le MR aura pour objectif de progresser – ce que les résultats du mois de juin laissent entrevoir – et de devenir le deuxième parti, de préférence devant le PTB, afin de se rendre incontournable avec l’appui des Engagés pour les futures coalitions.

Martin contre Bouchez : le combat final dans la Cité du Doudou

A Mons, par contre, la liste « Mons en mieux », emmenée par le président du MR, a une vraie carte à jouer. Bien sûr, Georges-Louis Bouchez sera l’outsider face au bourgmestre socialiste sortant, Nicolas Martin, très populaire dans sa commune.

Mais le duel entre ces deux hommes ambitieux sera sans doute le plus serré et le plus médiatique de ce scrutin. La tension entre eux est extrême, et on a bien vu lors de l’« affaire » de la domiciliation finalement rejetée de Julie Taton dans la Cité du Doudou que Martin et Bouchez ne se feraient aucun cadeau. Aucun.

Le duel entre Georges-Louis Bouchez et Nicolas Martin, deux responsables politiques ambitieux, sera sans doute le plus serré et le plus médiatique de ce scrutin.

Pour GLB, prendre la ville de Mons constituerait un véritable exploit après une aussi longue hégémonie socialiste. Quant à Nicolas Martin, terrasser Georges-Louis Bouchez dans la Cité du Doudou lui donnerait une force et une légitimité pour prendre du galon dans la galaxie socialiste.

bePress Photo Agency / BOURGUET

Tête de liste pour les élections communales à Mons, Georges-Louis Bouchez lorgne le maïorat de la Cité du Doudou, mais le combat est loin d’être aisé. (Photo Philippe BOURGUET / bePress Photo Agency/bppa).

Mais outre son score personnel à Mons, c’est plutôt du côté des villes de taille moyenne que le président des Libéraux francophones devrait porter toute son attention ce dimanche 13 octobre 2024. Les tendances enregistrées lors des élections de juin 2024, si elles se vérifient ce dimanche, pourraient faire basculer dans le camp du MR des villes comme Waremme, Thuin, Blegny, Ath, Soignies, Fleurus, Fontaine-l’Evêque ou Andenne, sans parler de la situation très particulière de Verviers.

Combien de conseillers communaux glanés ?

Si le score du MR dans les grandes villes sera scruté de près, c’est bien le nombre de conseillers et de bastions conquis qui donnera la véritable mesure du résultat des Libéraux francophones. Dans cette optique, les accords passés dans de nombreuses communes avec les Engagés mettent les deux partenaires de la coalition Azur dans une position plus confortable.

Si le score du MR dans les grandes villes sera scruté de près, c’est bien le nombre de conseillers et de bastions conquis qui donnera la véritable mesure du résultat des Libéraux francophones.

Mais il ne faut pas oublier que lors de ce scrutin, les deux partis de la nouvelle majorité wallonne seront aussi, dans bien des cas, des adversaires. Et il ne serait pas surprenant de voir les Engagés profiter électoralement de la violence des débats entre PS et MR pour améliorer leur rapport de force au sein de la coalition Azur.

Nous reviendrons plus en détail sur les enjeux pour les Engagés dans une prochaine analyse. Mais les élections communales seront aussi, à la marge, un premier test pour mesurer la popularité du nouveau Gouvernement wallon, celle de l’exécutif de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais aussi des projets dévoilés par le formateur Bart De Wever au Fédéral. Réponse dimanche soir…

Demetrio Scagliola