Politique

Elections communales : voici les cinq enjeux à suivre pour comprendre qui a gagné (et perdu) ce dimanche 13 octobre


Pas toujours facile de suivre et de bien comprendre les élections locales : 262 communes en Wallonie, 19 à Bruxelles, sans compter la périphérie bruxelloise, les provinces et des villes qu’il faudra scruter de près en Flandre, à commencer par Anvers. Si vous voulez vous faire une idée précise des enjeux principaux qui se jouent ce dimanche 13 octobre 2024, en plus des résultats dans les communes qui vous intéressent de près, voici les cinq indicateurs majeurs qu’il faudra suivre pour savoir qui sont les gagnants et les perdants.

Les grandes villes. En Wallonie et à Bruxelles, tous les regards seront tournés vers ces grandes villes, qui touchent le plus d’électeurs, qui élisent le plus de conseillers et où l’on retrouve bien souvent les ténors des partis. Commençons par Charleroi, première ville wallonne, où la question du prochain bourgmestre se réglera sans doute au sein du PS. Thomas Dermine, Julie Patte ou… Paul Magnette.

La sécurité et le dossier Julie Taton

Le maïeur sortant, qui a pris tout son temps avant de céder la place de tête de liste à Thomas Dermine, a créé de facto une rivalité en interne entre Julie Patte et Thomas Dermine, qui pourrait au final booster les résultats du PS dans  la capitale du Pays noir. Mais que fera Paul Magnette s’il obtient le plus de voix de préférence, ce qui est largement plausible au départ de sa troisième place sur la liste ? Suspense. Néanmoins, le PS aura du mal à conserver sa majorité absolue en sièges et devra sans doute passer des accords avec le MR et ou les Engagés. Ecolo ne devrait pas être en mesure d’assurer un poids suffisant, quant à une coalition avec le PTB, cela semble irréaliste. Mais pour trouver le duel le plus violent et le plus médiatique, c’est vers Mons qu’il faut se déplacer. Le clash permanent entre le bourgmestre sortant Nicolas Martin (PS) et Georges-Louis Bouchez/GLB (Mons en Mieux – MR) a souvent pris des allures de pugilat politique. Les deux hommes se détestent et ont de grandes ambitions. Nicolas Martin, qui rêve d’un destin national (au sommet du PS ?) voudrait montrer à tous les socialistes qu’il est capable, lui, de terrasser le président du MR dans la Cité du Doudou. Quant à GLB, prendre le maïorat de Mons constituerait pour lui une victoire historique.

Le clash permanent entre le bourgmestre sortant Nicolas Martin (PS) et Georges-Louis Bouchez/GLB (Mons en Mieux – MR) a souvent pris des allures de pugilat politique.

Mais Le président des Libéraux doit résorber un gros écart. En 2018, Mons en Mieux pesait deux fois moins lourd que le PS, qui avait déjà subi une lourde chute. Et lors du scrutin de juin dernier, Nicolas Martin a permis au PS de bien résister à Mons. N’empêche, la polarisation extrême de la campagne, autour des affaires de la sécurité, du commerce et de l’affaire Julien Taton rend l’issue du scrutin incertaine. Et même si cela semble improbable aujourd’hui, les deux rivaux seront peut-être contraints de travailler ensemble au lendemain du vote.

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Le score du président du MR, Georges-Louis Bouchez, à Mons sera scruté à l’issue des élections communales de ce dimanche 13 octobre 2024. (BELGA PHOTO DIRK WAEM)

Le tram et le score de l’ex-ministre Christie Morreale à Liège. Quid à Namur ?

A Liège, c’est le dossier du tram qui risque de briser les désirs de victoire de certains candidats. Le PS et son son bourgmestre Willy Demeyer, au centre des critiques liées aux conséquences désastreuses du chantier du tram sur la mobilité, la sécurité et le dynamisme commercial de la ville, ont attiré des renforts pour garder leur leadership: une alliance avec Vega et l’arrivée tardive de Christie Morreale sur la liste du PS liégeois. Ici aussi, la poursuite de la coalition entre le PS et le MR semble le scénario le plus probable. Quant au maïorat, on voit mal les deux principales candidates PS (Julie Fernandez et Christie Morreale) faire mieux que le bourgmestre sortant. Willy Demeyer cédera-t-il son mandat après quelques années ? Il avait déjà évoqué ce scénario sous la législature précédente, mais sans finalement le concrétiser.  A Namur enfin, les choses semblent limpides. Maxime Prévot est dans un fauteuil et devrait constituer avec le MR local la même alliance qu’en Wallonie.

Basculement dans certaines villes

Les villes qui peuvent basculer. Si vous cherchez du suspense, c’est plutôt dans les villes de taille moyenne qu’il faut regarder. A Verviers, le PS a explosé dans la foulée de l’affaire Publifin/Nethys et aujourd’hui, la bourgmestre sortante Muriel Targnion (qui ne se présente pas) soutient la liste « Ensemble Verviers » qui regroupe MR, Engagés et Défi. Le suspense est total et la chute de la majorité socialiste possible.

Sur base des tendances enregistrées lors du scrutin régional et fédéral du 9 juin 2024, d’autres bastions socialistes sont menacés : Waremme, Blegny, Rochefort, Thuin ou même Tournai. Dans la Cité aux cinq clochers (Tournai), le MR a le vent en poupe. Par contre, le PS peut compter sur un duo de choc, puisque c’est le bourgmestre sortant, Paul-Olivier Delannois, qui tire la liste avec un renfort de choix derrière lui, sa compagne et ministre de la Défense sortante Ludivine Dedonder, qui a déjà annoncé qu’elle ne prendrait pas le poste de bourgmestre si elle faisait le plus de voix sur la liste PS.

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L’ancienne ministre wallonne, Christie Morreale, fait partie de la jeune garde qui monte au parti socialiste. Quel sera son score à Liège ? (BELGA PHOTO BRUNO FAHY).

Quid à Bruxelles ?

Un laboratoire pour le PS et le PTB ? En région bruxelloise aussi, il faut s’attendre à des surprises et des communes qui changent de couleur. Le MR, qui ne compte aujourd’hui que 2 maïeurs sur 19 dans la capitale, espère augmenter son butin et les alliances passées avec les Engagés pourraient être décisives. Pour Ecolo et Défi, deux partis qui sont sortis très affaiblis électoralement en juin dernier, le challenge s’annonce ardu : sauver les six bourgmestres sortants (trois pour Défi, trois pour Ecolo). C’est loin d’être gagné. Quant au PS, son bon score du 9 juin 2024 lui donne de bonnes chances de maintenir ses positions, même si certaines communes semblent en danger (Saint-Josse) ou à risque (Bruxelles-ville ou Anderlecht). Et puis, reste le cas très particulier de Molenbeek où la bourgmestre sortante Catherine Moureaux, fera tout, pour garder son fauteuil. On a évoqué une alliance possible avec la liste très borderline Fouad Ahidar et surtout avec le PTB. Catherine Moureaux a une personnalité et un caractère bien trempés, et elle n’a pas peur de se fâcher avec le sommet du PS. Mais une alliance locale PS-PTB, faite par une bourgmestre sans l’aval officiel du PS, cela pourrait avoir un intérêt stratégique pour Paul Magnette. Tester une sorte de laboratoire politique en amenant le PTB au pouvoir, histoire de voir comment les communistes s’en sortent dans l’exercice du pouvoir au quotidien. Et tout cela en se cachant derrière Catherine Moureaux…

Tout le monde a gagné

Les rapports de force entre partis.  On peut déjà vous annoncer un résultat : dimanche soir, sur les plateaux de télévision, tous les représentants des partis diront avoir gagné. Evidemment, les élections communales ne sont pas l’école des fans et il existe des indicateurs qui permettent de mesurer les rapports de force : les villes gagnées ou perdues, les scores à l’échelle des élections provinciales, qui ressemblent le plus à une élection fédérale, le nombre de bourgmestres, de conseillers et les progressions ou chutes dans les 50 plus grandes villes et communes de Wallonie et Bruxelles. Cette analyse, les centre d’étude des partis la feront très vite et cela permettra d’établir les véritables rapports de force. Cela pourrait par exemple avoir une petite influence au sein du programme de la future majorité Arizona au Fédéral et même dans les gouvernements wallons et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. D’ailleurs, il y a fort à parier qu’au lendemain du scrutin, les situations de blocage à la Région bruxelloise et au Fédéral commenceront à se régler assez vite. Chiche…

Les élections communales ne sont pas l’école des fans et il existe des indicateurs qui permettent de mesurer les rapports de force.

La Flandre : une gifle communiste pour Bart De Wever. Perdre le maïorat d’Anvers au profit du PTB, voilà peut-être le pire affront possible pour le président des Nationalistes flamands. On n’en est pas encore là bien entendu, car son rival du PTB, Jose D’Haese, doit évidemment confirmer les bons sondages mais surtout, plus difficile, il devra former une coalition, ce qui semble impossible dans la métropole anversoise, divisée aujourd’hui en trois grands blocs : la N-VA, le PTB et le Vlaams Belang. Bart De Wever devrait garder son fauteuil et former une coalition avec deux partis de gauche (Vooruit et Groen) avant de passer la main à sa dauphine annoncée, Els Van Doesburg, quand il sera désigné Premier ministre.

Pour le reste, il faudra bien regarder l’impact dans les villes et communes flamandes de la fin du vote obligatoire. Cela pourrait dissuader certains en Wallonie de suivre le même projet.

Demetrio Scagliola


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