On l’avait écrit ici voici quelques jours. Le PS et son président, Paul Magnette, jouaient gros lors des élections communales et provinciales de ce dimanche 13 octobre 2024. Les socialistes n’ont pas gagné le scrutin, loin de là. La tendance à la baisse des législatives du 9 juin dernier se confirme. Mais le PS a sauvé l’essentiel : il a conservé ses bastions historiques dans les grandes villes wallonnes, grâce à des figures locales fortes et une présence sur le terrain unique, mais le parti devra passer par des alliances dans certaines communes. La crise interne et les règlements de comptes annoncés sont évités. Mais les rapports de force internes au sein du parti pourraient changer. Et le parti devra choisir ses partenaires de coalition privilégiés.
« La vague bleue s’est fracassée sur le mur rouge ». C’est un Paul Magnette triomphant, euphorique, soulagé qui s’est exprimé ce dimanche soir 13 octobre 2024 depuis le QG de campagne du PS carolo à Lodelinsart. Ce mur rouge a été construit grâce aux briques des grands bastions historiques où le PS a très bien résisté : Liège, Charleroi, Mons, La Louvière, Seraing, Binche demeurent sous pavillon PS pour les six prochaines années.
Depuis le 10 juin, on nous dit : la Wallonie a basculé, le paysage politique a changé, les élections communales vont confirmer le glissement à droite… Eh bien ça ne s’est pas produit.
Soyons clairs. Une défaite dans l’une de ces villes aurait sans doute provoquer beaucoup de nervosité dans les rangs du PS. Après des mois de déception, de tension, de doutes même, le président des socialistes francophones peut souffler. « Ce soir, vous avez le sourire, et moi aussi j’ai le sourire », a lancé Paul Magnette dimanche soir. « J’ai le sourire, parce que depuis le 10 juin, on nous dit : la Wallonie a basculé, le paysage politique a changé, vous allez voir ce que vous allez voir, l’élection communale ne sera qu’une deuxième vague, les élections communales vont confirmer le glissement à droite… Certains disaient qu’on allait vivre un renversement dans les villes. Eh bien ça ne s’est pas produit ».
Des villes socialistes en grand danger
Ce n’est pas faux. Mais Paul Magnette sait très bien que si le PS garde ses grandes villes et pourrait prendre de nouvelles communes, comme Amay ou Schaerbeek, les résultats globaux en Wallonie confirment le recul global enregistré en juin dernier. Si l’on regarde les résultats des provinces, qui ressemblent le plus aux législatives, le PS fait moins bien qu’en 2018, alors que le MR et les Engagés continuent de progresser. Par ailleurs, si Paul Magnette a insisté sur le fait que le PS arrive souvent à la première place, conclure une majorité ne sera pas facile dans de nombreuses localités, notamment à Tournai, Thuin, Waremme, Rochefort, Verviers, Soignies, Andenne ou Herstal. Dans certaines de ces municipalités, le PS pourrait même être relégué dans l’opposition. Et puis, il y a la grosse claque de Sambreville pour le PS et son bourgmestre historique Jean-Charles Luperto qui chutent lourdement et perdent leur première place.
Le cas Molenbeek : un laboratoire PS-PTB?
Et puis, le PS devra faire la lumière sur les alliances prioritaires. Le cas de Molenbeek, comme nous l’annoncions ce dimanche matin dans notre présentation du vote, pourrait constituer un laboratoire politique d’une alliance avec le PTB. La bourgmestre sortante, Catherine Moureaux (PS), qui demeure un électron libre par rapport à la tête du parti, pourrait mettre en place dans sa commune une majorité très à gauche. On voit mal par contre des ministres sortants comme Frédéric Daerden à Herstal, Thomas Dermine à Charleroi ou un ténor comme Willy Demeyer à Liège privilégier une alliance avec l’extrême gauche. La ligne officielle devrait opter pour des alliances traditionnelles, avec les Engagés, le MR ou Ecolo là où c’est encore possible.
Ce deuxième tour des communales – choisir les partenaires de coalition – se déroulera dans les prochains jours. Et il fera l’objet de nombreuses décisions stratégiques au sommet du parti, même si les structures locales auront leur mot à dire. Et ceux qui ont performé ce dimanche, comme Nicolas Martin à Mons par exemple, voudront sans doute jouer un rôle plus important dans les structures et dans les décisions du parti. A suivre…
Demetrio Scagliola
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