Politique

Budget wallon 2025 : les partenaires économiques saluent l’effort pendant que l’opposition est vent debout


Présenté mercredi 16 octobre 2024, le budget 2025 élaboré par la nouvelle majorité gouvernementale wallonne (MR-Les Engagés) suscite des réactions tous azimuts. L’opposition rue dans les brancards pour dénoncer un budget en trompe-l’œil cachant des augmentations de charges pour les citoyens. Pour le PTB, en supprimant la subvention de 8 millions d’euros octroyée jusqu’à présent aux intercommunales de déchets, l’exécutif wallon oblige celles-ci à augmenter la facture des citoyens. Le parti d’extrême gauche soutient aussi que la révision à la baisse de l’indexation du fonds des communes conduira les pouvoirs locaux à supprimer des services ou à aller piocher le manque à gagner chez les travailleurs. Ecolo redoute une réduction des services aux citoyens et redoute « un long chemin de croix » pour les Francophones du pays. Dans le même temps, l’ex-Union wallonne des entreprises (UWE), devenue AKT applaudit la généralisation de la culture de l’évaluation et la rationalisation des organismes publics. Mais elle demande que les services aux citoyens et aux entreprises ne perdent pas qualité. L’Union des classes moyennes (UCM) souhaite une concertation et demande que les PME ne soient pas pénalisées dans la réduction des aides économiques.

Comme le Gouvernement wallon devait s’y attendre, la présentation de son budget 2025 a suscité des réactions de la part des différents acteurs de la vie politique. A commencer d’abord par l’opposition qui tire à boulets rouges sur les différentes mesures d’économie annoncées par le nouvel exécutif régional. « La première victime de ce gouvernement, ce sont les communes: 30 millions d’euros en moins via la baisse de l’indexation du Fonds des communes et la fin de l’indexation des emplois APE. Cela va mettre en péril des centaines d’emplois pourtant indispensables aux citoyens », résume Germain Mugemangango, chef de groupe (PTB) au Parlement wallon.

Cure d’austérité pour les services publics wallons

Il redoute que la baisse de l’indexation du fonds des communes ne force ces dernières à vouloir compenser le manque à gagner, « soit en supprimant des services, soit en allant chercher l’argent dans la poche des travailleuses et travailleurs ». Le PTB redoute aussi que la suppression des subventions aux intercommunales des déchets n’oblige celles-ci à alourdir la facture des citoyens via une nouvelle taxe. « Pire, le ministre chargé de la gestion des déchets (François Desquesnes/Les Engagés, ndlr) parle même d’autoriser les intercommunales à facturer directement la gestion des poubelles aux citoyens, sans passer par les communes, ce qui va entraîner une nouvelle hausse du coût pour les citoyens. On a vu récemment Idelux augmenter de 30 % ses coûts pour les communes. Avec ce nouveau système, l’augmentation irait directement sur la facture adressée aux citoyens », schématisme Germain Mugemangango.

BELGA

Le chef de groupe PTB, Germain Mugemangango, redoute une augmentation de la facture des déchets pour les citoyens wallons. (BELGA PHOTO BRUNO FAHY).

Pour lui, le nouvel exécutif régional impose une cure d’austérité aux services publics wallons avec un impact pour les usagers. « Non-remplacement des départs à la retraite, pas de prolongation pour les CDD, limitation des embauches…, il sera donc de plus en plus difficile pour les citoyens d’avoir accès à un service de qualité et les travailleurs vont crever », martèle-t-il. Avant de seriner l’une des critiques phares du PTB relative à la réduction des salaires des ministres, la fin des indemnités de sortie des députés wallons et « sursalaires pour fonctions spéciales, qui font grimper le salaire du président du Parlement, Willy Borsus, à plus de 15 000 euros par mois ».

PS et Ecolo sont vent debout

Le PS n’est pas en reste dans les critiques. Par la voix de l’ancienne ministre wallonne, Christie Morreale, le parti fustige un manque de transparence. La cheffe de groupe socialiste au parlement régional assure que « le plan de relance est amputé de 470 millions sans plus de précision, alors qu’on annonce que son évaluation se poursuit ». Et de marteler : « Nous n’avons aucun tableau budgétaire annuel depuis la formation du gouvernement MR-Engagés, il y a 100 jours. Ils vont réduire d’un tiers les subsides aux associations, geler l’indexation pour les travailleurs APE, définancer les services publics régionaux et communaux, geler les investissements de gestion des déchets, etc. Et nous n’avons toujours aucune mesure de création d’emploi et de soutien au redéploiement économique de la Wallonie ».

Pour les Belges francophones, c’est le début d’un long chemin de croix ! Budget du Gouvernement MR/Engagés : les services publics mis à mal, moins d’argent pour rénover les écoles.

Le son de cloche n’est pas tellement différent chez Ecolo. « Pour les Belges francophones, c’est le début d’un long chemin de croix ! Budget du Gouvernement MR/Engagés : les services publics mis à mal, moins d’argent pour rénover les écoles, licenciements futurs de journalistes, rien contre la pénurie des crèches », fustige l’ancienne ministre communautaire, Bénédicte Linard (Ecolo), aujourd’hui députée wallonne sur X (ex-Twitter). Son chef de groupe, Stéphane Hazée, enchaîne. « Il n’y a pas de nouvelles taxes, mais il y a un coût supplémentaire sur le portefeuille des citoyens. Laisser penser qu’on peut retirer des dizaines de millions au TEC (OTW, ndlr), à l’ONE, à la RTBF, à l’IFAPME, sans qu’il y ait une perte des services aux citoyens… c’est une blague », ironise-t-il.

Satisfaction des patrons wallons

Les partenaires économiques saluent plutôt la démarche des autorités wallonnes concernant le budget 2025. « La volonté de généraliser l’évaluation des politiques publiques – notamment via la démarche des spending review – est une démarche que nous soutenons, car elle garantit que chaque euro dépensé le soit plus efficacement. Nous comprenons les objectifs fixés en ce qui concerne l’efficience de l’administration et la rationalisation des organismes publics. Cela devra se faire sans compromettre la qualité des services aux usagers, qu’il s’agisse des citoyens et citoyennes ou des entreprises », commente l’ex-Union des entreprises (UWE), devenue AKT suite au rapprochement avec les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) de Wallonie.

BELGA

Le président de l’UCM, Pierre-Frederic Nyst, plaide pour préserver l’intérêt des indépendants et des PME. (BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK).

La fédération patronale régionale comprend que les entreprises participent à l’effort collectif, mais « pour autant que les efforts attendus ciblent exclusivement la réduction des effets d’aubaine sans nuire à la compétitivité de nos entreprises qui sont déjà soumises à une importante pression fiscale. Nous appelons le Gouvernement à impliquer les entreprises dans les décisions les concernant et à faire preuve de discernement pour éviter tout impact négatif sur l’activité économique ».

Ne pas oublier les indépendants et les PME

L’Union des classes moyennes (UCM) plaide également pour la concertation et met en avant quelques préoccupations. « Nous sommes prêts à contribuer à cet effort, tout en insistant sur des points d’attention cruciaux :

  • Réduction des aides économiques : Il est impératif que ces baisses soient accompagnées d’orientations économiques claires, avec des priorités définies, des bénéficiaires identifiés et une écoute attentive des PME. Nous serons également attentifs à ce que les dispositifs d’octroi rapide aux PME soient maintenus pour doper les entreprises au moment où elles en ont effectivement besoin ;
  • Coupes dans les frais de fonctionnement des UAP : Toute réduction devra être réalisée en concertation avec les partenaires sociaux. Un calendrier précis est attendu afin d’éviter de paralyser les outils de soutien indispensables aux PME et aux indépendants », écrivent ses dirigeants.

Ils saluent « la volonté du gouvernement pour son soutien aux citoyens et au secteur de la santé comme des piliers essentiels du bien-être de la région », mais l’invitent « à ne pas oublier les indépendants et PME qui représentent 97 % du tissu économique wallon ».


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