CARTE BLANCHE

Opinion: le régime iranien n’est pas une solution pour la paix au Liban et au Moyen-Orient

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'exprime après avoir déposé son bulletin dans un bureau de vote à Téhéran, le 1er mars 2024, lors des élections parlementaires et des principaux organes religieux. AFP

Depuis 1982, lorsque le régime iranien a créé le Hezbollah au Liban, ce groupe terroriste a progressivement pris en otage tous les aspects de la vie dans le pays, de l’économie à la culture, en passant par les institutions politiques. Ce phénomène s’est intensifié ces dernières années. Aujourd’hui, le Liban est entraîné dans une guerre qui n’est pas la sienne, et son peuple, comme l’a déclaré le président Emmanuel Macron, sert de bouclier au régime iranien. Ce mardi 22 octobre, alors que le terrorisme du régime iranien est à nouveau abordé au Parlement européen, l’Union européenne sera-t-elle encore empêchée de mettre en œuvre la décision du Parlement, compte tenu des tragédies au Liban et à Gaza ? Ce régime n’est pas seulement une partie du problème ; il est le problème lui-même au Moyen-Orient. Tant qu’il persiste en Iran et dans la région, la paix restera un mirage inaccessible.

Autrefois réputé pour la coexistence pacifique de ses diverses communautés ethniques et religieuses, le Liban est devenu, sous l’influence des mollahs iraniens, un foyer d’exportation de la guerre, du fondamentalisme chiite, du terrorisme au Moyen-Orient, et du trafic de drogue.

Le régime iranien a usurpé le pouvoir des véritables propriétaires du pays, le peuple libanais, tout comme il a confisqué la souveraineté nationale au peuple iranien.

Le Premier ministre nationaliste libanais, Rafic Hariri, qui s’efforçait de garantir l’unité du pays et de mener à bien sa reconstruction, a été assassiné le 14 février 2005. Les juges du Tribunal spécial pour le Liban, basé aux Pays-Bas, ont conclu que Salim Ayyash, membre du Hezbollah, avait joué un rôle central dans l’attentat à la bombe de 2005 à Beyrouth qui a coûté la vie à Rafic Hariri. Avant cela, le 20 décembre 2010, le guide de la Révolution iranienne, Ali Khamenei, avait publiquement qualifié ce tribunal de « farce » lors d’une rencontre avec l’émir du Qatar, affirmant que « tout verdict qu’il rendra est invalide ».

Les mollahs d’Iran ont déstabilisé le Liban

Il est de notoriété publique que l’absence prolongée d’un président au Liban est due aux ingérences du Hezbollah. Le régime iranien a usurpé le pouvoir des véritables propriétaires du pays, le peuple libanais, tout comme il a confisqué la souveraineté nationale au peuple iranien.

Le régime iranien verse des larmes de crocodile pour les victimes d’une guerre qu’il a lui-même déclenchée, transformant la région en enfer, tout en se proposant comme médiateur pour la paix au Liban. Son véritable objectif est de profiter d’un cessez-le-feu pour restaurer ses forces par procuration, au bord de l’effondrement. Considérer le régime iranien comme un acteur légitime dans le processus de paix revient à croire qu’une greffe de tissu cancéreux pourrait guérir un patient.

Dictature et répression en Iran

Issu d’une idéologie moyenâgeuse, le régime des mollahs est incapable de stimuler le développement économique ou de répondre aux besoins culturels et économiques de sa propre population. Depuis sa création, il s’appuie sur la répression et la dictature religieuse à l’intérieur, et sur le terrorisme et le bellicisme à l’extérieur pour assurer sa survie. La violence et le terrorisme ne sont pas de simples outils, mais constituent l’épine dorsale de la stratégie de survie du régime. C’est ce que le président Emmanuel Macron a qualifié de « bouclier » utilisé par le régime.

Il était clair pour les autorités que les plus hauts responsables iraniens, du Guide suprême au ministre du Renseignement, étaient impliqués.

C’est dans ce contexte qu’en 1988, le régime a fondé la Force Al-Qods, l’unité extraterritoriale des Gardiens de la révolution islamique, chargée de mener des opérations spéciales à l’étranger. Depuis lors, la Force Al-Qods a non seulement dirigé les activités terroristes des Gardiens de la révolution au Liban, en Irak, en Syrie, et dans tout le Moyen-Orient, mais elle a aussi pris en charge la politique étrangère du régime dans ces régions.

Le 23 octobre 1983, le monde a été secoué par une attaque suicide qui a ciblé les casernes des Marines américains et des soldats français à Beyrouth, faisant 299 morts et des centaines de blessés. Les soldats américains victimes de cette attaque faisaient partie des forces de maintien de la paix de l’ONU déployées pour mettre fin à la guerre civile au Liban.

AFP

Une femme tient une pancarte avec le portrait du procureur Alberto Nisman à Rosario, en Argentine, le 18 février 2015, lors de la « Marcha del silencio » (Marche du silence) appelée par les procureurs argentins en mémoire de leur collègue Nisman à Buenos Aires. (Photo par NA / AFP).

Le régime iranien a du sang sur les mains

En Argentine, après l’attentat contre le centre juif, le procureur courageux Alberto Nisman a démontré, au cours de son enquête, que les plus hauts responsables du régime iranien étaient impliqués. Il a payé de sa vie pour ces révélations. Le Wall Street Journal, dans son éditorial du 28 septembre 2015 intitulé « Les mains ensanglantées du régime iranien », a rappelé les antécédents terroristes du régime sur plusieurs décennies :
« Barack Obama n’est pas le premier Président américain à essayer d’ignorer les mains ensanglantées du régime iranien ; Bill Clinton avait fait de même lors de l’enquête du FBI sur l’attentat des tours Khobar en 1996, qui avait causé la mort de 19 soldats américains ». Le directeur du FBI à l’époque a déclaré qu’après cet attentat du 25 juin 1996, il était clair pour les autorités que les plus hauts responsables iraniens, du Guide suprême au ministre du Renseignement, étaient impliqués. Cependant, la seule réponse sérieuse fut le retrait des forces américaines de la région.

Complaisance des Occidentaux

En Europe, un complot visant à faire exploser un grand rassemblement de l’opposition iranienne, auquel participaient des dizaines de milliers de personnes, dont des personnalités politiques européennes et américaines, a été déjoué à l’été 2018 grâce au travail exemplaire des polices belge, française et allemande. L’année dernière, une tentative d’assassinat visant un ancien vice-président du Parlement européen par le régime iranien a également échoué.

Malgré tout, les réactions des pays occidentaux, dans le cadre d’une politique d’apaisement, ont toujours fait preuve de complaisance. Le Parlement européen a voté à une large majorité pour inscrire cette force terroriste notoire sur la liste des entités à sanctionner, mais l’Union européenne a refusé de mettre en œuvre cette décision.

Hamid ENAYAT
Ecrivain
Politologue et expert de l’Iran basé à Paris