Agressions sexuelles : Gérard Depardieu demande le report de son premier pocès, alors que les révélations s’entrechoquent
La question alimente rumeurs et infos dans les rédactions parisiennes : sera-t-il présent à son procès qui s’ouvre ce lundi 28 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris ? « Il », c’est Gérard Depardieu, 75 ans et convoqué pour des faits d’agressions sexuelles qu’il aurait commis sur deux femmes lors du tournage du film « Les Volets verts » du réalisateur Jean Becker en 2021. Son avocat, Me Jérémie Assous, soutient qu’il sera présent pour assister au procès. Mais ce lundi matin, 28 octobre 2024, au micro de nos confrères de RTL-Paris, il a indiqué que l’acteur ne viendra pas et qu’il demande le report du procès pour cause de maladie. En attendant, la bataille fait rage dans les médias, divisés entre les soutiens et les opposants de l’acteur. D’un côté, on retrouve « Le Parisien » qui produit un rapport d’huissier confirmant les propos obscènes qu’auraient tenu Gérard Depardieu et qui viseraient une gamine sur un cheval, de l’autre, « Le Journal du Dimanche » qui a publié à la mi-octobre les résultats d’une enquête. Sur base des procès-verbaux que ses journalistes ont consultés, les images de « Complément d’enquête » (France Télévisions) auraient été bidouillé pour nuire à Gérard Depardieu. Par ailleurs, la Cour d’appel de Paris vient d’ordonner à France Télévisions de livrer les images et leur analyse par un expert pour examiner leur authenticité. Par ailleurs, la chaîne BFMTV qui a annoncé la diffusion, en soirée ce dimanche 27 octobre (donc, juste la veille de l’ouverture du procès), d’un documentaire intitulé « Gérard Depardieu, la fin du silence » avec des témoignages inédits, notamment ceux d’une femme ayant porté plainte pour agression sexuelle en janvier 2024 et d’un comédien témoin d’attouchements. C’est dans cette ambiance que s’ouvrira ce lundi 28 octobre le procès du célèbre acteur français. L’acteur a finalement obtenu le report de son procès. Il se déroulera les 24 et 25 mars 2025.
Le premier procès de Gérard Depardieu s’ouvrira ce lundi 28 octobre à partir de 13h30 pour des accusations d’agressions sexuelles sur deux femmes commises sur deux femmes lors du tournage du film « Les Volets verts » du réalisateur Jean Becker en 2021. L’avocat de Gérard Depardieu, mis en examen pour viol et visé par plusieurs plaintes, assure que l’acteur sera présent au procès. « Je vous confirme que Gérard Depardieu entend comparaître devant le tribunal. Les témoins et les preuves qu’il produira, démontreront qu’il n’est que la cible d’accusations mensongères », dit Me Jérémie Assous. Mais ce lundi matin, 28 octobre 2024, marche arrière. Il a indiqué que l’acteur ne viendra pas et qu’il demande le report de son procès pour cause de maladie. Il l’a finalement obtenu, le procès se déroulera les 24 et 25 mars 2025.
Les témoins et les preuves qu’il produira, démontreront qu’il n’est que la cible d’accusations mensongères.
Depuis 2018 et la plainte déposée par la comédienne Charlotte Arnould, 22 ans au moment des faits, une vingtaine de femmes ont confié avoir été victimes de l’acteur, réalisateur et producteur aux 262 films et séries télé en 59 ans de carrière…
Témoignage accablant
Cette semaine, une des deux plaignantes, Amélie, 53 ans et décoratrice dans le monde du cinéma, a raconté, face caméra, pourquoi elle a porté plainte contre l’acteur, suite à des faits qui se seraient déroulés dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris en septembre 2021.
Extraits : « Lors d’une conversation, il a soudainement hurlé qu’il voulait un ventilateur parce qu’avec cette chaleur, il ne pouvait même plus bander ». Une heure plus tard, alors qu’elle quitte le plateau de tournage, il l’aurait « attrapée avec brutalité… Il m’a alors bloquée en refermant ses jambes sur moi comme un crabe, pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’à mes seins », des gestes accompagnés de « propos obscènes » comme « Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte ».
Les gardes du corps de l’acteur l’avaient ensuite « emmené. Il hurlait et riait tout seul. Il m’a lancé : “On se reverra, ma chérie !” ».
Gérard Depardieu se défend dans le « Figaro »
Commentaire de l’avocate de la plaignante : « Ma cliente attend que la justice acte que Gérard Depardieu est un agresseur sexuel en série. J’attends que la justice soit la même pour tous et que monsieur Depardieu ne bénéficie pas d’un traitement de faveur parce qu’il est un artiste », etc.
J’attends que la justice soit la même pour tous et que monsieur Depardieu ne bénéficie pas d’un traitement de faveur parce qu’il est un artiste.
De son côté, l’avocat de l’acteur assure que « le but poursuivi par la plaignante vient d’être révélé à travers les demandes d’indemnisation : s’enrichir de 30 000 euros », etc. Dans une tribune publiée par « Libération » le 1er janvier 2024, plus de cinquante artistes expliquaient que « l’art n’est pas un totem d’impunité ». Quelques semaines tôt, dans les colonnes du « Figaro », Gérard Depardieu écrivait une longue lettre : « Jamais, au grand jamais je n’ai abusé d’une femme », etc.
Le rapport d’huissier qui enfonce à Gérard Depardieu
Parmi les nombreuses affaires dont Gérard Depardieu est le personnage principal, est ressortie celle du « Complément d’enquête » diffusée l’automne dernier sur France 2 avec des images tournées par l’écrivain et réalisateur Yann Moix en Corée du Nord. On y voyait des scènes pour le moins choquantes avec l’acteur assistant à des reprises dans un manège équestre et tenant des propos grivois, pour ne pas écrire salaces à l’attention d’une petite cavalière d’une dizaine d’années.
Tant Gérard Depardieu que Yann Moix, dans la foulée de la diffusion, crièrent au scandale, accusant la chaîne d’avoir manipulé les images. L’affaire fit alors grand bruit, puisque même le Président de la République Emmanuel Macron prit, lors d’une émission télé, la défense de l’acteur, dénonçant « une chasse à l’homme » et « un montage truqué ». L’avocat de l’acteur expliqua, quant à lui, qu’il s’agissait là d’une œuvre de fiction alors que France 2 avait présenté le programme comme un sujet d’information…
Tant Gérard Depardieu que Yann Moix, dans la foulée de la diffusion, crièrent au scandale, accusant la chaîne d’avoir manipulé les images.
Mais ce 22 octobre, « Le Parisien » publiait le rapport d’un huissier indépendant qui confirme qu’il n’y a pas eu de manipulation dans le montage, que l’acteur s’adressait bien à la jeune cavalière… et qu’il a visionné des « rushes » non utilisés pour le sujet, mais ceux-ci contiendraient des propos encore plus violents, vulgaires et sexistes que les séquences utilisées dans le reportage…
La justice ordonne à France Télévisions de donner les images
Immédiatement, la polémique a repris. Les proches et les amis de Gérard Depardieu (parmi lesquels la réalisatrice Josée Dayan, la comédienne Fanny Ardant, etc.) ciblent « Le Parisien », propriété du milliardaire Bernard Arnault, et dénoncent un acharnement sur l’acteur. Ils visent également la chaîne BFMTV qui a annoncé la diffusion, en soirée ce dimanche 27 octobre (donc, juste la veille de l’ouverture du procès), d’un documentaire intitulé « Gérard Depardieu, la fin du silence » avec des témoignages inédits, notamment d’une femme ayant porté plainte pour agression sexuelle en janvier 2024 et d’un comédien témoin d’attouchements.
Un proche du dossier confie : « Après le « Complément d’enquête » diffusé en décembre 2023 sur France 2, les révélations annoncées par BFMTV pourraient influencer le procès de Gérard Depardieu, un acteur qui clame son innocence face à de multiples accusations ».
Depuis quelques mois, face au « Parisien » et BFMTV (la chaîne de télé est désormais dans les mains d’un nouveau propriétaire, le milliardaire Rodolphe Saadé), c’est la galaxie médiatique de Vincent Bolloré (principal actionnaire du groupe Canal+, plus important financier du cinéma français) qui mène la campagne sur le thème « Il faut sauver le soldat Depardieu ».
Une enquête du JDD, basée sur procès-verbaux, arrive à la conclusion que les images de Complément d’enquête auraient été bidouillées.
Ainsi, on retrouve en première ligne Pascal Praud sur CNews et Geoffroy Lejeune, le directeur des rédactions du « Journal du Dimanche ». Le JDD (propriété de Vincent Bolloré) a publié le 16 octobre les résultats d’une enquête indiquant, sur base des procès-verbaux que les journalistes ont consultés, que « les images accablantes de Complément d’enquête n’ont jamais existé ». En clair, les images sur lesquelles on voyait Gérard Depardieu tenir des propos obscènes censés viser une gamine seraient des montages pour nuire à l’acteur.
La Cour d’appel de Paris vient de rendre son verdict confirmant une décision de mai 2024. Elle a ordonné une expertise des images pour qu’un expert examine leur authenticité. La Cour a condamné France Télévisions à fournir le rapport d’huissier et les images pour fin octobre 2024, sous peine d’une astreinte (1.500 euros par jour). Le dossier Depardieu divise la presse française aux mains de milliardaires.
Au-delà du traumatisme subi par les plaignantes, les « affaires Depardieu » deviendraient-elles un affrontement entre milliardaires ?
Serge Bressan (correspondant à Paris)