OPINION

L’Amérique de Trump et la France de Macron ou le degré zéro de la politique

Donald Trump, le point levé après avoir été, touché à l'oreille lors d'une tentative d'assassinat apparente par un homme armé l'été dernier. nt de campagne samedi. AFP

Que notre bonne vieille Europe – celle qui vit naître Socrate, Aristote, Dante, Shakespeare, Léonard de Vinci, Cervantès, Mozart, Kant, Goethe, Voltaire, Victor Hugo ou Albert Camus – puisse autant se passionner, à voir les ineptes débats inondant quotidiennement nos chaînes d’infos en continu, sur les toutes prochaines élections présidentielles en Amérique, en dit long sur l’effarant délabrement, aujourd’hui, de son niveau intellectuel, et pas seulement sur le plan politique ou idéologique.

Pensez : les plus grands spécialistes, paraît-il, de la société américaine contemporaine en train de gloser, en s’agitant à longueur de journées devant des caméras de télévision supposées leur octroyer leur quart d’heure de célébrité, sur le sens profond symboliquement, latent ou avéré, de la cravate rouge, de la casquette noire et maintenant du gilet orange fluo sur fond de camion à ordures, d’un crétin, roi de la vulgarité et même de l’obscénité, tel que ce grotesque mais surtout dangereux clown, vaguement fascisant à en croire quelques-uns parmi ses anciens collaborateurs, de Donald Trump !

Un Trump  qu’il est malheureusement plausible de voir désormais élu (contre la très digne Kamala Harris, mais hélas handicapée par les bourdes à répétitions de son mentor Joe Biden) prochain inculte Président des Etats-Unis d’Amérique, la première puissance nucléaire de notre précieuse mais pauvre planète !

Un Donald ça Trump énormément : de l’insulte ordurière a la politique poubelle

D’où, urgente, la question : la politique de cette prétendue « plus grande démocratie du monde » ne serait-elle plus donc en effet, et non pas seulement sur le plan métaphorique, qu’une poubelle ? Je prends en l’occurrence là, sinon au mot du moins à l’image, tant Trump que Biden.

Il est vrai qu’un Donald, qui ressemble effectivement à un éléphant dans un magasin de porcelaines bien plus encore qu’à un canard boiteux, ça Trump énormément ! Mais enfin, de là à dire, au sein de ces mêmes commentateurs patentés de l’actuelle sociologie américaine, que, comble d’une bêtise qui s’ignore, ce fait à la houppe blondasse est un « génie de la communication », il y a de la marge.
A moins que, bien évidemment, nous n’ayons pas, comme j’ai plutôt tendance à le penser pour ma modeste part, la même définition du « génie », ce mot tellement galvaudé, jusqu’à la nausée linguistique, en ces derniers temps de décadence.

Danse, cadence et décadence

La décadence, justement ! Voilà un terme propice, précisément, pour se lancer, à voir les inénarrables pas de danse de ce Donald éléphantesque sur les podiums de ses gigantesques meetings, dans une belle et féconde allitération poético-littéraire : danse, cadence et décadence.

Car, oui, Trump, à défaut d’idées rationnelles, crédibles et sensées lors de ses caricaturaux discours en campagnes électorales, par ailleurs d’un mauvais goût à faire pâlir d’envie les plus ambitieux des artistes kitsch de par le monde, a bien, à n’en pas douter, le sens, fût-il d’un ridicule fini à le voir se dandiner micro en main sur les très macho-martiales notes de « YMCA », du rythme populaire, sinon populiste !

C’est dire, à ne considérer que ce consternant niveau intellectuel, doublé d’un encore plus affligeant échelon de la réflexion politique, où l’insulte la plus ordurière (tiens, on y revient !) le dispute à l’indigence de l’argumentation aussi bien qu’à l’irrespect de son contradicteur, si l’Amérique, celle qui nous fit jadis rêver – celle d’écrivains nobélisés tels que William Faulkner, d’artistes pop tels qu’Andy Warhol, de fabuleux musiciens tels que Miles Davis, de savants aussi révolutionnaires que Robert Oppenheimer, d’inventeurs aussi considérables que Bill Gates ou de leaders aussi charismatiques que Martin Luther King, pour ne s’en tenir qu’à la seconde moitié du XXe siècle – est tombée là, en cette triste et sombre époque, bien bas !

La sombre affaire Bellatar avec macron en visite d’Etat au Maroc

Et, pourtant, comment toutefois oser lui jeter la première pierre, ou prétendre lui faire la leçon de morale ou même de philosophie, lorsque l’on voit le Président de la République, Emmanuel Macron, s’en aller faire une visite d’Etat au Roi du Maroc accompagné dans son avion présidentiel?
Quand on voit, parmi sa large centaine de courtisans invités, d’un délinquant, fanatique islamiste condamné par la justice française elle-même pour menaces de mort, tel que Yassine Belattar, antisémite notoire et suppôt déclaré de surcroît, par-delà ses mauvaises blagues de médiocre humoriste ou son désormais fameux survêtement-pyjamas face à Mohammed VI en personne, de cette autre nébuleuse islamiste que constituent aujourd’hui les tristement célèbres « Frères Musulmans », ennemis jurés des valeurs démocratiques de ce qu’il reste encore, ne leur en déplaise, de notre Occident libre, laïque, tolérant et pacifiste ?

Oui, aussi lamentable qu’impardonnable, sinon immonde, cette énorme faute de Macron ! Et tout cela, pour aggraver davantage encore cette situation déjà très critiquable, sinon répréhensible, en soi, en plus de ses récents et inacceptables propos, tout simplement fallacieux au regard de la grande et véritable Histoire, concernant l’Etat d’Israël et sa prétendue création par l’ONU !

Conclusion ? Oui, c’est bien là, de Trump à Macron, l’édifiant, indigne et honteux degré zéro de la politique, pour le pire, hélas, sinon de notre civilisation, du moins de notre culture !

 

DANIEL SALVATORE SCHIFFER

 

 

Philosophe, écrivain, auteur d’une quarantaine de livres.
A paraître « Contre l’antisémitisme – Pour Israël », manifeste collectif sous sa direction éditoriale.