Lors d’une d’une interview sur Sky News et la BBC, l’ancien Premier ministre David Cameron a indiqué qu’il avait envisagé de sanctionner les ministres israéliens Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir pour leurs propos controversés avant de quitter ses fonctions, mais il n’a « pas eu le temps » de concrétiser ces sanctions. Dans la foulée des déclarations de l’ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères (dans le gouvernement de Rishi Sunak), l’actuel Premier ministre, Keir Starmer, a indiqué au Parlement qu’il examinait cette option à son tour, condamnant les déclarations des deux ministres qu’il juge « répugnantes ». Cette annonce intervient alors que la situation humanitaire à Gaza s’aggrave, avec plus de 42 000 morts.
Dans une interview accordée le 17 octobre 2024 à Sky News, David Cameron a révélé qu’il avait sérieusement envisagé de sanctionner les ministres israéliens Bezalel Smotrich (Finances, Défense) et Itamar Ben-Gvir (Sécurité nationale) avant de quitter le gouvernement. Ces deux ministres de l’aile ultranationaliste du Gouvernement israélien ont attiré des critiques internationales suite à leurs propos. Bezalel Smotrich avait suggéré de couper l’aide alimentaire à Gaza, tandis que Itamar Ben-Gvir a toujours soutenu l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, jugées illégales par la communauté internationale.
Ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères dans le Gouvernement de l’ancien Premier ministre conservateur, Rishi Sunak, David Cameron a expliqué que, malgré son intention d’agir, il n’a pas pu mettre en œuvre les sanctions envisagées par manque de temps et de la complexité politique. « Nous avons manqué de temps », a-t-il précisé, ajoutant qu’une telle décision aurait pu être perçue comme trop radicale et inappropriée à l’époque. Il a exhorté le Premier ministre travailliste, Keir Starmer, à envisager cette option, jugeant que des sanctions ciblées seraient une réponse plus adaptée que l’embargo partiel sur les armes imposé à Israël, tout en réaffirmant le droit d’Israël à se défendre.
Keir Starmer face à un dilemme politique
Le 18 octobre 2024, devant le Parlement britannique, Keir Starmer a fait part de ses réflexions sur la possibilité de sanctionner Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, rejoignant ainsi les critiques formulées par David Cameron la veille. L’actuel Premier ministre britannique a qualifié les propos des deux ministres israéliens de « répugnants » et insisté sur l’importance pour le Royaume-Uni de réagir de manière ferme face aux déclarations incitant à la violence et à la division.
Cette prise de position intervient dans un contexte de guerre meurtrière entre Israël et le Hamas, où la situation humanitaire dans la bande de Gaza devient de plus en plus alarmante. D’après les chiffres du Hamas, plus de 42 000 personnes ont déjà perdu la vie dans le conflit à Gaza, et l’accès aux services de base comme l’eau et la nourriture devient quasi impossible. Keir Starmer, tout en condamnant les propos extrémistes, doit également préserver l’alliance stratégique avec Israël.
Réactions israéliennes et répercussions internationales
Les déclarations de David Cameron et de Keir Starmer n’ont pas tardé à susciter des réactions en Israël, notamment de la part d’Itamar Ben-Gvir, l’un des principaux visés par ces potentielles sanctions. Dans une interview aux médias israéliens, Ben-Gvir a critiqué les prises de position britanniques, en les comparant à l’époque du mandat britannique en Palestine, en rappelant que « les jours du mandat britannique sont révolus ». Il a réitéré qu’il continuerait à agir dans l’intérêt national d’Israël, sans se laisser influencer par les critiques internationales.
Les sanctions envisagées par le Royaume-Uni risquent d’avoir des répercussions diplomatiques significatives. Si le Royaume-Uni a déjà imposé des sanctions contre certains colons extrémistes en Cisjordanie, sanctionner des membres en fonction du Gouvernement israélien serait un geste bien plus symbolique et risquerait d’entraîner une détérioration des relations bilatérales avec Israël.
En parallèle, le ministre des Affaires étrangères britannique, David Lammy, a souligné que la crise humanitaire dans le nord de Gaza ne pouvait plus être ignorée.
Les révélations de David Cameron et les déclarations de Keir Starmer sur les sanctions contre les ministres israéliens montrent à quel point la gestion des relations avec Israël devient un défi politique majeur pour le Royaume-Uni. Alors que la situation à Gaza ne cesse de se détériorer, le Royaume-Uni se retrouve à jongler entre la nécessité de condamner des actions contraires aux droits humains et celle de maintenir une alliance stratégique avec Israël.
Hamid CHRIET (à Londres)
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