Au lendemain de son recours à l’article 49.3 pour faire adopter le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025, le Premier ministre Michel Barnier et son gouvernement sont visés par deux motions de censure à l’Assemblée nationale, déposées par le NFP (Nouveau Front Populaire-gauche et gauche radicale) et le RN (Rassemblement National, extrême-droite) et présentées au vote des députés ce mercredi 4 ou ce jeudi 5 décembre 2024. Cette séquence qui, selon le quotidien économique « L’Opinion », « plonge la France dans l’inconnu », est surtout marquée du sceau de Marine Le Pen, 56 ans, présidente d’honneur du RN et présidente du groupe d’extrême-droite à l’Assemblée nationale, fort de 124 députés. Quelles sont les vraies raisons de la détermination de la présidente du RN pour sanctionner le Gouvernement le Premier ministre Barnier et son gouvernement.
Sans grande surprise, donc, la « patronne » du RN a, ce mardi 3 décembre 2024, décidé de baisser le pouce et d’ainsi précipiter, ce qui paraît inévitable, la chute du gouvernement Barnier. Certes, le Ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a confié : « Le comportement de Marine Le Pen est totalement irresponsable », mais n’empêche ! elle apparaît comme la grande gagnante de cette séquence.
Les raisons du mécontentement de Marine Le Pen
Bien sûr, dans les premières semaines de Michel Barnier à Matignon, elle avait assuré qu’elle n’irait pas à l’encontre de ce nouveau gouvernement, à une condition « que le Premier ministre nous écoute et tienne compte de notre avis, par respect à nos 11 millions d’électeurs qui ont fait de nous le premier parti de France ».
Mais, très vite, la donne a changé. D’abord, le Premier ministre n’a pas établi un dialogue exclusif avec le RN, on dit même qu’avant son arrivée à Matignon en septembre dernier, il n’avait pas le numéro de téléphone de Marine Le Pen.
Le comportement de Marine Le Pen est totalement irresponsable.
Ensuite, l’épisode Jordan Bardella, président du RN, omniprésent dans les médias et sur les marchés et librairies avec son livre « Ce que je cherche » : toute cette lumière sur celui qu’elle a nommé aurait fortement déplu à Marine Le Pen. Et puis, le « procès des assistants parlementaires » et le réquisitoire du procureur qui demande, à l’encontre de Marine Le Pen, 5 ans de prison, dont deux fermes, et cinq ans d’inéligibilité (le tribunal rendra sa décision le 31 mars 2025…).
La vengeance comme moteur
Des observateurs de la chose publique, et plus particulièrement de l’actualité du RN, confient que la présidente d’honneur du parti d’extrême-droite s’est sentie injuriée. Et surtout victime d’un « complot » judiciaro-politique… avec la menace d’inéligibilité qui l’empêcherait de se présenter, comme elle l’a prévu, une quatrième fois à la présidentielle de 2027.
En privé, des proches de la fille aînée de Jean-Marie Le Pen murmurent qu’elle a alors décidé de se venger. De faire tomber, dans un premier temps, le gouvernement Barnier, d’où la motion de censure déposée ce 3 décembre. D’installer, par conséquent, la France dans une situation inextricable politiquement et compliquée par des conséquences graves économiques et financières. Ainsi, pour le Président de la République, Emmanuel Macron, il n’y aurait alors qu’une solution : non pas la révolution, mais la démission.
Marine Le Pen enivrée par le pouvoir
Et voilà pourquoi Marine Le Pen a accéléré, même si Michel Barnier a donné des gages, ces derniers jours, au RN. Certes, le politologue Jérôme Jaffré assure que « Marine Le Pen est enivrée de son pouvoir ». En stratège rouée, la présidente honoraire du RN rappelle : « Notre Constitution est claire : lorsqu’il existe une crise politique grave, le Président de la République a trois possibilités : le remaniement, la dissolution et sa démission ».
Marine Le Pen est enivrée de son pouvoir.
Et son calcul est tout simple : effectivement, mener Emmanuel Macron à la démission et provoquer ainsi, avant la décision du tribunal et sa probable condamnation dans le « procès des assistants parlementaires », une élection présidentielle à laquelle elle se présenterait… en grandissime favorite.
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Serge Bressan (correspondant à Paris)
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