France : le président Macron opte pour un « Gouvernement d’intérêt général » pour sortir de l’ornière
Au lendemain de la chute du gouvernement mené par Michel Barnier, le Président de la République, Emmanuel Macron s’est adressé aux Français ce 5 décembre 2024. Une intervention de dix minutes pour annoncer la nomination d’un Premier ministre dans les prochains jours (au plus tôt, lundi 9 décembre), faire un mea culpa au sujet de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 après les élections européennes, et annoncer un « gouvernement d’intérêt général ». Bien sûr, durant cette allocution télévisée très courte (ce qui est rare avec le Président français), il n’a pas manqué de prononcer un hommage appuyé à Michel Barnier et à son gouvernement, tombé à l’issue d’une motion de censure votée par 331 députés du Rassemblement National (RN, extrême droite) et du NFP (Nouveau Front Populaire, gauche et gauche radicale).
Mais très vite, colère rentrée, Emmanuel Macron est passé à l’attaque contre celles et ceux qui, en votant la motion de censure, ont effectué un « acte anti-républicain », ciblant principalement Marine Le Pen, la présidente du RN à l’Assemblée Nationale. « J’ai toujours assumé toutes mes responsabilités, mais je n’assumerai jamais l’irresponsabilité des autres », a martelé le Président de la République qui ajoute : « Le RN a choisi le désordre »…
Emmanuel Macron exclut de démissionner
Au fil de cette intervention, il a donc évoqué le nouveau Premier ministre qui sera nommé dans les prochains jours. « Je le chargerai de former un gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer », précise-t-il.
J’ai toujours assumé toutes mes responsabilités, mais je n’assumerai jamais l’irresponsabilité des autres.
Sur une éventuelle démission avant la fin de son mandat, il explique : « Ma responsabilité exige de veiller à la continuité de l’Etat. Le mandat de 5 ans que les Français m’ont confié en 2022, je le ferai jusqu’à son terme ». Pour le budget 2025 qui a mis à terre le Gouvernement Barnier, « une loi de finances spéciale sera déposée au Parlement avant la mi-décembre pour la continuité des services publics et de la vie du pays. Elle appliquera pour 2025 les choix de 2024, et je compte bien qu’une majorité puisse se dégager pour l’adopter ».
Enfin, le mea culpa au sujet de la dissolution de l’Assemblée Nationale en juin dernier, elle « n’a pas été comprise, c’est ma responsabilité… Je sais bien que certains sont tentés de me rendre responsable de cette situation, c’est beaucoup plus confortable. En votant la motion de censure, l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies dans un front anti-républicain ».
Les prétendants au poste de Premier ministre
N’empêche ! Emmanuel Macron n’a plus droit à la moindre erreur, la moindre faute dans le choix du nouveau Premier ministre, sachant que la composition de l’Assemblée Nationale reste identique avec trois blocs et aucune majorité absolue. Ce qui oblige à des compromis…
Je le chargerai de former un gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer.
Alors, qui pour succéder à Michel Barnier ? Plusieurs noms ont alimenté les rumeurs ce 5 décembre : le ministre des Armées, Sébastien Lecornu (macroniste de la première heure), François Bayrou (chef du MoDem, centre), Bernard Cazeneuve (ancien Premier ministre du Président François Hollande), Bruno Retailleau (ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Barnier), François Baroin (ancien ministre, maire de Troyes et chiraquien historique) et aussi Catherine Vautrin (ministre du Partenariat avec les territoires)…
La nomination de ce nouveau Premier ministre peut prendre du temps, pas avant le 9 décembre prochain selon des sources concordantes et ce, pour une raison toute simple : il devra être adoubé par le Rassemblement National et ses chefs Marine Le Pen et Jordan Bardella, sinon il sera soumis lui aussi à une motion de censure…
Le « gourou » Mélenchon dégaine
Sans surprise, dans la foulée de l’allocution télévisée du Président de la République, Jean-Luc Mélenchon, le « gourou » et lider minimo de LFI (La France Insoumise, gauche radicale) a confié qu’« Emmanuel Macron a un gros problème : il ne comprend pas les mœurs politiques et ce qui se passe dans ce pays ».
Emmanuel Macron a un gros problème : il ne comprend pas les mœurs politiques et ce qui se passe dans ce pays.
Le Président de la République, qui s’apprête à célébrer ces 7 et 8 décembre la réouverture de Notre-Dame de Paris, appelle, lui, à une « nouvelle époque. Nous avons trente mois pour que le gouvernement puisse agir, faire la France plus forte dans une Europe plus forte. Qu’il puisse agir pour la paix ».
Serge Bressan (correspondant à Paris)