Société

Soupçonné de blanchiment d’argent, Didier Reynders conteste la qualification pénale des faits

Didier Reynders, à l'époque commissaire européen à la Justice, prononce un discours lors de la conférence sur la responsabilité de l'Ukraine à La Haye, dans l'ouest des Pays-Bas, le 14 juillet 2022. AFP

Muet depuis les révélations de la presse sur le blanchiment d’argent via des jeux de hasard dont il est suspecté, l’ancien vice-Premier ministre et commissaire européen fraîchement de sorti de charge est sorti de sa réserve ce vendredi 6 décembre 2024. Par la voix de son avocat, Me André Renette, Didier Reynders, ancien président du MR, conteste « la qualification pénale donnée aux faits telle qu’elle est présentée dans la presse ». Il refuse de s’exprimer « publiquement sur le contenu du dossier à ce stade, dans le respect des règles de la procédure et de l’exercice de ses droits de la défense » tout en rappelant « le principe de la présomption d’innocence ». Il souligne que les faits qui lui sont reprochés n’ont aucun lien avec les mandats politiques qu’il a exercés. En attendant, selon nos confrères de la RTBF, il doit justifier l’origine d’un million d’euros, au stade actuel de l’enquête. Les jours à venir seront difficiles à vivre pour celui qui est considéré par les siens comme un homme politique doté d’une probité et qui est toujours sorti blanchi des accusations portées à son encontre dans différents dossiers.

Didier Reynders est sorti du silence dans lequel il s’est réfugié depuis le 3 décembre 2024, lorsque nos confrères du « Soir » et de « Follow the money » ont révélé l’enquête sur le blanchiment d’argent via les jeux de hasard le concernant et les perquisitions qui ont visé ses différents domiciles. L’ancien ministre des Affaires étrangères et commissaire européen à la Justice (fraîchement sorti de charge) s’est exprimé ce vendredi 6 décembre par la voix de son avocat, le Liégeois Me André Renette. « La qualification pénale donnée aux faits telle qu’elle est présentée dans la presse est donc formellement contestée, tant en fait qu’en droit. En rien les mandats politiques qu’il a exercés ne sont concernés », lit-on dans un communiqué de son conseil.

Il précise que l’ancien président du MR « fournira au magistrat en charge du dossier les explications utiles et relatives à la gestion de son patrimoine privé ». A en croire Me André Renette, son client ne s’épanchera pas sur le dossier dans les médias et entend observer une discrétion totale malgré les nombreuses sollicitations.

Didier Reynders ournira au magistrat en charge du dossier les explications utiles et relatives à la gestion de son patrimoine privé.

En effet, le conseil de Didier Reynders prévient qu’« il ne s’exprimera pas publiquement sur le contenu du dossier à ce stade, dans le respect des règles de la procédure et de l’exercice de ses droits de la défense, rappelant le principe de la présomption d’innocence ».

Montant d’environ un million d’euros à justifier

La brève sortie de l’ancien vice-Premier ministre libéral n’empêchera pas les révélations qui se succèderont dans la presse et vu son statut, des rebondissements interviendront régulièrement. Déjà ce vendredi 6 décembre, nos confrères de la RTBF ont indiqué que Didier Reynders doit expliquer aux enquêteurs l’origine d’un montant d’un million d’euros.

Il ne s’exprimera pas publiquement sur le contenu du dossier à ce stade, dans le respect des règles de la procédure et de l’exercice de ses droits de la défense.

En effet, il s’avère que parallèlement à l’achat de tickets de la Loterie Nationale pour un montant de quelque 200.000 euros jugé suspect par la justice, il y aurait également des versements en liquide sur un ou plusieurs comptes bancaires qui ont attiré l’attention des enquêteurs de la section « Ecofin » de la Police judiciaire fédérale. Il s’agirait d’une somme d’environ 800.000 euros en cash qui aurait été versée sur les comptes sur une période de 15 ans. Les premiers versements remonteraient avant 2010. Des observateurs se demandent si ces montants sont provisoires et s’ils sont amenés à évoluer vers le haut ou vers le bas.

Il revient maintenant à Didier Reynders et son épouse (qui seront encore auditionnés dans les prochains jours) d’apporter la preuve que ces versements et les opérations d’achats de tickets de loterie n’ont pas une origine douteuse. Dans son entourage politique, on continue à se poser des questions sur les accusations visant un homme politique qui a déjà été confronté à quelques accusations sans jamais été inquiété par la justice. La question est de savoir s’il en sera aussi le cas cette fois…

Ph. Law.