Politique

Conflit israélo-palestinien : les pays arabo-musulmans demandent à Donald Trump d’adopter une position équilibrée


Lors d’un sommet symbolique tenu en novembre 2024 Arabie saoudite, les dirigeants de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) arabes et musulmans, qui ont exigé le retrait total d’Israël des territoires occupés depuis 1967, condition essentielle, d’après eux, pour une paix globale au Moyen-Orient. Les participants ont condamné fermement les actions militaires israéliennes à Gaza et au Liban, tout en interpelant l’administration Trump, qui n’a pas caché son soutien à Israël. Entre condamnations, appels à la paix et complexité géopolitique, le sommet a confirmé les lignes de fractures et de rapprochements dans la région. La trêve signée fin novembre 2024 entre Israël et le Hezbollah demeure encore très fragile.

Lors du sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique tenu le 11 novembre 2024 à Riyad, les chefs d’Etat ont renouvelé leur exigence : Israël doit se retirer de l’ensemble des territoires occupés depuis la guerre de 1967, incluant la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le plateau du Golan syrien. Cette revendication s’appuie sur les résolutions de l’ONU et le plan de paix arabe de 2002, longtemps resté lettre morte. « La paix juste et globale ne peut être obtenue sans la fin de l’occupation israélienne », souligne la déclaration finale du sommet voté par les dirigeants de l’Organisation de la conférence islamique (OCI).

Appel unanime pour une paix globale et juste

Pour les leaders arabo-musulmans, l’unité des territoires palestiniens, incluant la bande de Gaza et la Cisjordanie, est cruciale pour l’établissement d’un Etat indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale. « Nous avons assez attendu, nous devons agir », affirme un jeune diplomate qui souhaite rester dans l’anonymat, présent en marge de l’événement. « Notre génération ne veut plus de promesses vides des dirigeants, mais de véritables résultats et des leviers de pression économiques et géostratégiques », confie-t-il, ému par les espoirs que suscite ce sommet.

Notre génération ne veut plus de promesses vides des dirigeants, mais de véritables résultats et des leviers de pression économiques et géostratégiques.

Le Hamas a salué ces déclarations, exhortant les pays à agir concrètement pour faire cesser ce qu’il qualifie de « génocide » à Gaza. « La reconnaissance de nos droits nationaux ne suffit plus », avait déclaré un étudiant palestinien de 23 ans en sciences politiques, à l’université de Riyad, qui a fui la bande de Gaza pour poursuivre ses études en Egypte. « Je prie pour que la communauté internationale force Israël à stopper cette violence insensée contre mon peuple », ajoute-t-il, les yeux embués.

Vers une reconfiguration des attentes avec l’administration Trump

Ce sommet de Riyad s’est déroulé dans un contexte de transition politique aux Etats-Unis, où la future administration de Donald Trump est dans tous les esprits. Lors de son premier mandat, le futur locataire de la Maison-Blanche avait pris des décisions qui avaient radicalement modifié l’équilibre des forces au Moyen-Orient, dont le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, et la signature des accords d’Abraham, qui avaient normalisé les relations entre Israël et plusieurs Etats arabes comme les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et l’Egypte.

Nous espérons que la nouvelle équipe sera plus encline à écouter les voix de paix de notre région.

Cette fois, les dirigeants présents ont insisté sur la nécessité pour Donald Trump d’adopter une approche plus équilibrée. « La politique de l’administration précédente a renforcé les tensions », analyse Karim Badi, un étudiant saoudien en relations internationales. « Nous espérons que la nouvelle équipe sera plus encline à écouter les voix de paix de notre région », ajoute-t-il, avec l’espoir d’un changement de ton de la part Washington.

 Intransigeance d’Israël

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s’est montré inflexible, rejetant l’idée d’un Etat palestinien pour l’instant. « Un Etat palestinien aujourd’hui serait un Etat dirigé par le Hamas », a-t-il déclaré, suscitant l’indignation des participants.

Les attaques meurtrières dans la bande de Gaza, lancées après l’offensive du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, ont causé plus de 43 600 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, un bilan jugé fiable par l’ONU. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a tiré la sonnette d’alarme sur une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent, évoquant « une forte probabilité de famine » dans le nord de Gaza.

Les nouvelles dynamiques régionales : entre guerre et rapprochements

Dans ce contexte de violence et d’instabilité, le sommet de Riyad a aussi mis en lumière des dynamiques régionales en pleine mutation. L’Arabie saoudite et l’Iran, longtemps ennemis jurés, semblent désormais vouloir s’ouvrir à un dialogue. Mohammed ben Salmane, le prince héritier saoudien, a appelé Israël à « s’abstenir d’attaquer » l’Iran, et a qualifié Téhéran de « République sœur », marquant un réchauffement notable entre les deux pays après sept ans de tensions. Ce rapprochement est perçu comme un développement clé, susceptible de remodeler l’équilibre des forces au Moyen-Orient.

 Nous attendons de la future administration Trump qu’elle mette un terme immédiat à ces guerres.

Pour Mohammad Reza Aref, premier vice-président iranien, la fin des violences est une priorité absolue. « Nous attendons de la future administration Trump qu’elle mette un terme immédiat à ces guerres », a-t-il affirmé, qualifiant les assassinats ciblés par Israël de dirigeants du Hamas et du Hezbollah de « terrorisme organisé ». Cependant, les tensions ne faiblissent pas : le Hezbollah se prépare « à une guerre de longue durée » contre Israël, tandis que les Houthis au Yémen revendiquent des attaques répétées contre des bases militaires israéliennes.

La trêve signée entre Israël et le Hezbollah fin novembre 2024 porte les espoirs d’une pause dans le conflit, mais ce cessez-le-feu demeure fragile. Car elle est peu ou prou violée par chacune des deux parties qui s’accusent mutuellement des accrocs dans l’accord.

H. C.


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