La SNCB et la SNCF lancent Bruxelles – Paris en train et va concurrencer les bus Flix
Ce jeudi 19 décembre, les chemins de fer belges et français ont donné le coup d’envoi de la nouvelle offre (marque Ouigo), entre Bruxelles-Midi et Paris-Nord avec des arrêts à Mons, Aulnoye-Aymeries et Creil. Le train circulera trois fois par jour pour un tarif de 10 à 59 euros (aller simple). L’offre Ouigo est déjà active en Espagne et en France. La SNCB fournira le personnel et le matériel roulant, aux couleurs rose bonbon du service low-cost de la SNCF Voyageurs. Dès le 13 avril 2025, il est prévu qu’un train quotidien s’arrête aussi à Saint-Quentin. Enfin, l’offre internationale de la SNCB continue d’augmenter après le lancement le week-end dernier de liaisons vers les Pays-Bas. Cependant, les voyageurs devront faire des concessions… Il n’y a pas de restauration à bord des trains Ouigo.
Le train en vitesse classique tant attendu entre les deux capitales est enfin arrivé ce jeudi 19 décembre 2024 : la SNCF Voyageurs et la SNCB ont inauguré ce jour la nouvelle liaison entre Bruxelles-Midi et Paris-Nord. Ce service, limité sur des lignes à 160 km/h, sera effectué dans chaque sens trois fois par jour (sur les 5 initialement prévus), le matin, l’après-midi et le soir. Le convoi peut embarquer environ 596 personnes à son bord. Il s’arrêtera aussi dans les gares de Mons (fraîchement mise en service), Aulnoye-Aymeries (Nord) et Creil (Oise), en banlieue parisienne, avant d’arriver à la Gare du Nord.
Offre low-cost de la SNCF
La marque Ouigo est une offre ferroviaire low-cost de la SNCF, en supplément notamment des TGV inOui sur des liaisons domestiques françaises, offrant des trains grande vitesse ou des trains sur des lignes classiques. Actuellement, les services grande vitesse sont limités à Lille et Tourcoing. Dans l’histoire de la marque, la liaison vers la Belgique est sa quatrième en vitesse classique au départ de Paris, après le lancement des liaisons vers Nantes, Rennes et Lyon (cette dernière a été récemment discrètement abandonnée). Ouigo est aussi disponible en Espagne avec des TGV.
La liaison vers la Belgique est sa quatrième en vitesse classique au départ de Paris, après le lancement des liaisons vers Nantes, Rennes et Lyon.
Pour la SNCB, il s’agit d’une nouvelle liaison ferroviaire internationale pérenne, après les services vers le Grand-Duché de Luxembourg, Lille et Aix-la-Chapelle notamment. Par ailleurs, elle a inauguré le 15 décembre 2024 deux nouvelles liaisons en coopération avec NS. Il s’agit de l’EuroCity Bruxelles – Rotterdam, qui est l’ancien service Intercity Bruxelles – Amsterdam raccourci et d’une liaison plus rapide Bruxelles – Lelystad via notamment Rotterdam et Amsterdam.
Pour le nouveau service Ouigo, le personnel est issu de la SNCB, mais aussi de la filiale « Trains Spéciaux » de la SNCF, notamment en charge de l’exploitation du Venice-Simplon-Orient-Express. Les Belges sont autorisés à conduire jusqu’à Paris et les Français jusqu’à Bruxelles.
Pas de mini-bar et des concessions
Les billets, qui commencent à 10 euros l’aller simple, sont à réservation obligatoire. Ils sont plafonnés à 59 euros. Les moins de 12 ans peuvent voyager pour 8 euros et les moins de 4 ans, gratuitement s’ils sont sur les genoux d’un adulte.
Le voyageur doit faire beaucoup de concessions pour prendre le train Ouigo entre Bruxelles et Paris.
Pour ce prix, il faut faire de nombreuses concessions, comme le siège imposé (sans possibilité de le choisir lors de la réservation), ce qui créé une certaine cohue sur le quai et dans le train quand il est en retard.
De plus, la majorité des voitures (des i11 de la SNCB couleur rose bonbon) sont de deuxième classe, sauf la dernière qui est de première classe remodelée en « Ouigo XL », avec un meilleur confort, mais elle n’a pas encore été mise officiellement en vente. On notera aussi l’absence de mini-bar.
Les bagages sont également soumis à des règles : deux par passager dans certaines mesures, facturés 5 euros/pièce s’ils sont trop nombreux ou trop grands.
Lors des Jeux olympiques de Paris 2024, la SNCB avait fait rouler un à deux trains par jour entre Bruxelles et Paris, avec un arrêt à Mons, à des prix également raisonnables et avec le même matériel, également utilisé en service domestique.
Les vélos non démontables ne sont pas encore acceptés à bord, mais les dirigeants promettent, à terme, de trouver une solution.
Aucun billet n’est vendu en service intérieur entre Bruxelles et Mons, car le service est considéré comme « open-access », sans subside et ne fait donc pas partie du contrat de service public. Le train ne s’arrête à Mons que pour prendre des voyageurs qui vont vers Paris. Entre Creil et Paris-Nord, aucun billet non plus ne sera vendu.
Ce nouveau service va directement concurrencer les bus de Flix ou le service Blablacar.
Par ailleurs, les pass Interrail ne sont pas valables dans ce nouveau service, comme c’est le cas avec les autres Ouigo en France, mais ils peuvent être utilisés sur tout le réseau SNCB.
Concurrence pour les bus Flix et le service Blablacar
Les deux opérateurs ont peu communiqué sur le nouveau service avant son lancement. Officiellement, les réservations pour ce train ont commencé il y a deux semaines, peut-être trop tard après que des moments commerciaux importants tels que le Black Friday ou le Cyber Monday soient passés.
Ce nouveau service va directement concurrencer les bus de Flix ou le service Blablacar. Il s’agit de la première alternative directe face aux Eurostar (dont la SNCB et la SNCF sont actionnaires) hors de prix et pointés du doigt lors d’une récente étude, après que Thalys a abandonné en 2022 la liaison Izy entre Bruxelles et Paris, partiellement sur la ligne classique. A la suite de cette suppression soudaine, la demande par la route avait bondi.
Il s’agit de la première alternative directe face aux Eurostar (dont la SNCB et la SNCF sont actionnaires) hors de prix et pointés du doigt lors d’une récente étude.
D’autres personnes ont aussi été déçues que ce nouveau service ne s’arrête actuellement pas à Saint-Quentin, à mi-chemin entre Aulnoye-Aymeries et Creil. D’après nos confrères du Courrier Picard qui relatent les propos des représentants de la Ville de Saint-Quentin lors du Conseil municipal du 16 décembre 2024, Saint-Quentin (Aisne) sera rajouté à partir du 13 avril 2025 dans la liste des arrêts d’un des trois trains quotidiens (dans chaque sens), à la mi-journée. Les billets devraient être vendus dès le 22 janvier 2025.
Le quotidien note également qu’il s’agira d’un essai de huit mois, jusque décembre 2025, pour voir si la demande répond à cette offre quotidienne.
Enfin, les arrêts en Belgique à Schaerbeek, Bruxelles-Nord et Bruxelles-Central initialement prévus n’ont pas été retenus dans la version finale du projet.
Nos questions à la SNCB sont restées sans réponse.
Thibault Lapers