Depuis plus d'un siècle, l’idée de relier l’Europe à l’Afrique par un tunnel sous-marin sous le détroit de Gibraltar nourrit les ambitions des deux continents. Le projet, baptisé Afrotunnel, vise à créer un passage ferroviaire de 42 km entre l’Espagne et le Maroc, dont 28 km sous la mer, à une profondeur record de 475 m. L’idée a été lancée au XIXe siècle et a traversé les décennies, alternant entre avancements et abandons, pour être finalement relancé en 2024 lors d’une rencontre en mars entre deux dirigeants du Maroc et de l’Espagne. Enjeu technique, économique, écologique et géopolitique majeur, ce tunnel pourrait transformer les échanges transcontinentaux, dynamiser les économies locales et régionales, et renforcer les liens entre l'Europe et l'Afrique. Avec une prévision d’achèvement en 2030, il soulève aussi des défis colossaux en termes de financement et d'ingénierie. Il représente un investissement d’au moins 8 milliards d’euros.
L'idée de relier l'Europe à l'Afrique sous le détroit de Gibraltar remonte à 1869, lorsque l'ingénieur Laurent de Villedemil proposa le premier projet de tunnel. Au fil des années, cette ambition a pris différentes formes : pont suspendu, tubes d'acier submergés, et même tunnel ferroviaire, etc. Le projet a souvent été abandonné en raison de sa complexité technique ou du contexte politique.
Après plusieurs décennies d’études et d'abandons partiels, le projet a été réactivé en 2024 lors d'une réunion bilatérale entre le ministre marocain de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, et le ministre espagnol des Transports, Oscar Puente.
Faisabilité technique étudiée
Au début du XXe siècle, divers projets tels que le tunnel Tarifa-Tanger de Jean-Baptiste Berlier ou encore le plan de Carlos Ibáñez de Ibero ont alimenté les discussions. En 1918, Alphonse XIII d’Espagne tenta de relancer l’idée, mais la crise de 1919 mit fin à cette initiative. Ce n’est qu'en 1979 que l'idée de réaliser une liaison fixe Europe-Afrique fut relancée sous l'impulsion des rois Hassan II du Maroc et Juan Carlos d’Espagne. Les deux pays ont signé divers accords pour créer un « Comité mixte hispano-marocain » chargé d'étudier la faisabilité du projet.
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