Politique

Gouvernement fédéral : maintenir une pause communautaire pour se consacrer aux vrais enjeux


Alors que la Belgique est en attente d’un Gouvernement fédéral six mois après les élections et que les préoccupations des citoyens sont ailleurs, le formateur Bart De Wever (N-VA) a remis ce samedi 11 janvier 2025 une pièce communautaire dans l’appareil, prenant ainsi le risque de gripper les négociations fédérales. Lors de son discours de Nouvel An devant les militants du parti nationaliste dont il est également président, il a certes prévenu sur les « mesures décisives » qui devront être prises pour permettre à la Belgique de ne pas sombrer, mais il a aussi conditionné son entrée au 16 rue de la Loi comme Premier ministre que s’il y a des progrès sur le plan communautaire, réclamant davantage d’autonomie pour la Flandre.

Il n’est pas surprenant que le président du parti nationaliste flamand et bourgmestre d’Anvers tienne un tel discours pour galvaniser ses troupes et montrer qu’il n’a pas oublié les revendications communautaires des siens. Mais par ses déclarations, l’homme qui aspire à gouverner le pays (en coalition avec 4 autres partis) semble faire preuve d’une étonnante myopie sur les vraies préoccupations des Belges.

Alors qu’une grève intersectorielle paralysera le pays ce lundi 13 janvier 2025, ponctuée par un appel à une grande manifestation à Bruxelles, le futur Premier ministre prend le risque d’apparaître comme un responsable politique en décalage.

Alors qu’une grève intersectorielle paralysera le pays ce lundi 13 janvier 2025, ponctuée par un appel à une grande manifestation à Bruxelles, le futur Premier ministre prend le risque d’apparaître comme un responsable politique en décalage. En effet, l’action syndicale de ce jour traduit une inquiétude grandissante dans le pays face aux réalités économiques qui sont loin d’être euphoriques. Les faillites ont atteint un niveau élevé en 2024 (11.549 dépôts de bilan, en hausse de 7,22% par rapport à 2022, un niveau qu’on n’a plus atteint depuis 2019 et 2013) entraînant un niveau record de près de 27.200 emplois perdus Et les prévisions pour 2025 sont loin d’être réjouissantes…

Le niveau de la facture énergétique préoccupe au plus haut point les entreprises et les ménages. Sans oublier la crainte de plusieurs citoyens de basculer dans la précarité et l’incertitude qui plane sur les pensions des travailleurs. Et pour couronner le tout, le moral de la jeunesse est loin d’être au beau fixe. Plusieurs jeunes ont perdu confiance en l’avenir et sont dans une situation de déshérence.

Est-ce vraiment le moment de mettre des questions communautaires sur la table, alors que les enjeux sont ailleurs ?

Par ailleurs, le pays traîne un déficit qui risque de frôler les 30 milliards d’euros pour 2024 et une dette colossale qui culmine actuellement à plus de 500 milliards d’euros. Est-ce vraiment le moment de mettre des questions communautaires sur la table, alors que les enjeux sont ailleurs ? La situation du pays demande une concentration maximale pour trouver des solutions afin de limiter les dépenses publiques sans mettre à mal le bien-être des citoyens et les services publics tout en finançant des projets de relance notamment en matière d’innovation.

Il faut construire un cadre stable pour débloquer les projets d’investissement dans les entreprises et trouver des solutions pour aider d’autres sociétés fragilisées par la crise. La justice a besoin de moyens pour être plus efficace. Il faut mettre en place une politique énergétique ambitieuse. Notre sécurité a des failles. Notre agriculture est menacée.

Toute réforme d’Etat doit se mesurer à l’aune des avantages et de la valeur ajoutée qu’elle peut apporter au bien-être des citoyens, au développement économique du pays, à l’essor des entreprises.

Les enjeux sont donc énormes et face à eux, les questions communautaires apparaissent comme accessoires. La Belgique a-t-elle encore les moyens de financer de nouvelles réformes de l’Etat ? Toute tentative en la matière doit se mesurer à l’aune des avantages et de la valeur ajoutée qu’elle peut apporter au bien-être des citoyens, au développement économique du pays, à l’essor des entreprises ou encore à l’aide à la Recherche et au développement.

N’est-il pas temps de tout faire pour respecter l’échéance d’un Gouvernement fédéral pour fin janvier 2025 au plus tard, plutôt que de relancer des questions communautaires que rallumer la flamme de la division, à l’heure de prôner la cohésion nationale ? Une pause sur le front communautaire ne ferait pas de tort à la Belgique. Au contraire.


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