Discours d’investiture de Donald Trump : quand la RTBF est brocardée sur Cnews et Europe 1

La décision de la RTBF de diffuser, lundi 20 janvier 2025, avec un différé de près de 3 minutes, le discours d’investiture de Donald Trump a été le sujet de l’édito de Pascal Praud sur Cnews et Europe jeudi matin. Il a comparé Aurélie Didier, la directrice éditoriale adjointe de l’information de la chaîne publique, au ministre de la Vérité dans « 1984 », le livre de l’écrivain britannique George Orwell. Les chroniqueurs de l’émission ont également ajouté leur grain de sel aux critiques, notamment l’ancien magistrat français, Philippe Bilger. Ce dernier a estimé qu’on « n’a rarement entendu quelque chose de plus grotesque. C’est le paroxysme de l’étouffement » en faisant référence à l’explication d’Aurélie Didier. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, est intervenu dans l’émission critiquant sévèrement la décision de la RTBF. Son intervention a donné lieu à une réaction de la société des journalistes de la chaîne publique. La polémique enfle…

La RTBF s’attendait-elle à susciter autant de réactions en décidant de diffuser avec un léger différé le discours d’investiture du 47^ème président des Etats-Unis, Donald Trump ? En tout cas, outre les réactions, principalement celles du président du MR, Georges-Louis Bouchez, qui a immédiatement critiqué la décision de la chaîne publique, le choix éditorial de la RTBF a été le sujet de l’hebdo de Pascal Praud sur Cnews et Europe jeudi 23 janvier 2025.

Aurélie Didier, grande prêtresse de du cercle de la raison

« La RTBF, la télévision publique belge, n’a pas diffusé lundi le discours de Donald Trump en direct, elle a choisi de le diffuser en léger différé. Aurélie Didier est la directrice éditoriale de la RTBF, elle est venue sur le plateau expliquer les raisons de cette décision. Trump a prononcé, dit-elle, des paroles racistes par le passé, Trump a aussi eu des déclarations misogynes. Le téléspectateur belge ne peut pas entendre en direct de pareils discours. Madame Aurélie Didier a justifié cette censure différée en évoquant l’expression de cordon sanitaire et un contrôle par un collège formé par je ne sais qui, experts autoproclamés du camp du bien, qui décident ce qu’un téléspectateur peut entendre au nom de critères édictés par Madame Didier, grande prêtresse du cercle de la raison. Quand j’ai découvert cette scène que vous allez voir tout à l’heure, je n’y croyais pas… », a lu Pascal Praud à l’antenne.

Madame Aurélie Didier est une enfant de Big Brother. Elle incarne le rôle du ministre de la Vérité dans le roman 1984.

Il poursuit la lecture de son texte en convoquant l’écrivain britannique George Orwell pour enfoncer le clou de la critique de la RTBF. « Chacun connaît George Orwell, même si vous n’avez pas lu tous ces livres qui annoncent le 21^ème siècle. Le thème central de 1984 est la dénonciation du totalitarisme, Orwel décrit un régime où le parti contrôle chaque aspect de la vie à travers la surveillance omniprésente assurée par des télé-écrans et la police de la pensée, Big Brother surveille. Madame Aurélie Didier est une enfant de Big Brother. Elle incarne le rôle du ministre de la Vérité dans le roman 1984. Je trouve la séquence de la RTBF à la fois effrayante, mais si instructive de notre temps. Le camp du bien a perdu le contrôle du récit, il est prêt à tout pour le reprendre. La bataille culturelle sera rude, nous en sommes-là en Belgique (…) ».

Paroxysme de l’étouffement

Les chroniqueurs de l’émission s’en sont également donné à cœur joie à l’instar de l’ancien magistrat français, Philippe Bilger. « Je crois qu’on a rarement entend quelque chose de plus grotesque. C’est le paroxysme de l’étouffement et ce qui est grave, c’est que l’interdiction et la censure deviennent des pratiques courantes. C’est hallucinant qu’elle ne se rende pas compte du ridicule de ses propos… », a renchérit ce dernier. Il fait ainsi référence à l’explication apportée par Aurélie Didier, la directrice éditoriale adjointe de la RTBF.

Je crois qu’on a rarement entend quelque chose de plus grotesque. C’est le paroxysme de l’étouffement.

Invité en direct sur le plateau (mais en visio), Georges-Louis Bouchez, le président du MR, n’a pas mâché ses mots à l’égard de la RTBF. Il a rappelé qu’à l’exception de son parti, la séquence de la RTBF n’a suscité aucune réaction sur le banc politique pour condamner le choix de la RTBF. Au contraire, son parti est vilipendé, accusé de défendre l’ex-extrême droite en critiquant le choix éditorial de la chaîne publique.

Choix scandaleux de la RTBF

Il reconnaît qu’il y a un cordon sanitaire qui est appliqué aux petits partis d’extrême droite en Belgique francophone. Mais pour Georges-Louis Bouchez, le choix éditorial de la RTBF est « profondément scandaleux parce que la justification qui est donnée par la RTBF, c’est de dire 1, ce sont des experts qui ont classé M. Trump, moi je pense qu’en démocratie libérale, il n’y a que des magistrats qui peuvent éventuellement décider que vous ne respecter pas les principes démocratiques et donc que vous êtes exclu du débat démocratique et alors, le deuxième élément, on a créé un décalage pour permettre à des gens de mettre en perspective les propos, donc sous-entendu les téléspectateurs sont trop bêtes pour avoir un libre jugement. Il se fait que la ministre des Médias est de ma formation politique et donc, nous avons interrogé la direction de la RTBF pour que ce genre de choses ne puissent plus se reproduire ».

Par son choix, la RTBF sous-entend que les téléspectateurs sont trop bêtes pour avoir un libre jugement.

Piquée au vif par les critiques, la Société des journalistes (SDJ) de la RTBF a réagi jeudi aux propos du président du MR. Pour elle, la sortie du président du MR est « inexacte, ignorante et insultante ». Elle assure que le fait de diffuser le discours d’investiture du 47^ème président américain est « une décision éditoriale basée sur le cordon sanitaire médiatique fondé sur plusieurs décrets, un règlement du CSA et la déontologie journalistique ».

Elle est soutenue par l’Association des journalistes professionnels (AJP) qui demande le « respect des choix éditoriaux ».