LES GEANTS DE LA TECH SOUS PRESSION AU ROYAUME-UNI

Royaume-Uni : Google accroît sa lutte contre les faux avis après une enquête de la CMA

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Sous la pression d’une enquête ouverte jeudi 23 janvier 2025 par la Competition and Markets Authority (CMA), Google s’est engagé à renforcer ses mesures pour contrer les faux avis sur ses plateformes. Accusé de ne pas suffisamment protéger les consommateurs, le géant technologique prévoit des sanctions strictes, telles que des alertes visibles sur les profils suspects, la suspension temporaire de nouveaux avis et la suppression des évaluations frauduleuses pour une durée minimale de six mois. Ces annonces surviennent alors que les faux avis influencent chaque année des dépenses estimées à 23 milliards de livres sterling (27 milliards d’euros) au Royaume-Uni, où 89 % des consommateurs consultent des avis en ligne avant de faire un choix.

La Competition and Markets Authority (CMA) vient officiellement d’ouvrir une enquête sur Google, accusant le géant technologique de manquer à ses obligations légales en matière de protection des consommateurs. L’autorité britannique des marchés et de la concurrence reproche à Google notamment une détection insuffisante des faux avis publiés sur ses plateformes, une inaction face aux comportements suspects des entreprises et une absence de sanctions adaptées pour dissuader les pratiques frauduleuses.

Google durcit ses mesures contre les faux avis

Face à ces accusations, le géant américain a annoncé le vendredi 26 janvier 2025 son intention de durcir ses mesures. Désormais, les entreprises utilisant des faux avis pour améliorer artificiellement leur réputation s’exposent à

’apparition d’alertes visibles sur leurs profils Google, avertissant les consommateurs d’une activité suspecte et la suspension temporaire de la publication de nouveaux avis.

Ces changements garantissent la mise en place de processus robustes, permettant aux consommateurs d’avoir confiance dans les avis qu’ils lisent en ligne.

Google prévoit aussi la suppression des avis existants pour une durée minimale de six mois en cas de récidive. « Ces changements garantissent la mise en place de processus robustes, permettant aux consommateurs d’avoir confiance dans les avis qu’ils lisent en ligne », s’est réjouie Sarah Cardell, directrice générale de la CMA.

Google a précisé dans un communiqué qu’il bloque déjà chaque année « des millions de faux avis, souvent avant même leur publication ». Toutefois, cette annonce marque un effort supplémentaire en réponse aux inquiétudes soulevées par le régulateur britannique.

Les faux avis : un enjeu économique et commercial de premier plan

Les avis en ligne jouent un rôle central dans les décisions d’achat au Royaume-Uni. Selon la CMA, ils influencent chaque année des dépenses estimées à 23 milliards de livres sterling (environ 27 milliards d’euros), particulièrement dans des secteurs comme le tourisme, l’hôtellerie et les services.

Les avis influencent chaque année des dépenses estimées à 23 milliards de livres sterling

Des études révèlent que 89 % des consommateurs consultent des avis avant de choisir un produit ou un service. Cependant, la multiplication des faux avis menace cette confiance et peut induire en erreur des milliers de consommateurs.

Outre Google, une enquête similaire sur Amazon est également en cours. La CMA examine les pratiques de la plateforme d’e-commerce pour s’assurer qu’elle ne permet pas la publication de faux avis dans le but de favoriser certains produits.

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La CMA examine les pratiques d’Amazon pour s’assurer qu’elle ne permet pas la publication de faux avis dans le but de favoriser certains produits.(Photo par RODRIGO ARANGUA / AFP)

Un contexte international tendu : Google face à des litiges en Russie

En parallèle des pressions de la CMA au Royaume-Uni, Google fait face à des litiges internationaux complexes. Le 24 janvier 2025, la Haute Cour de Londres a accordé au géant américain une injonction permanente pour empêcher l’exécution de jugements russes sur le territoire britannique.

Des jugements, prononcés par des tribunaux en Russie, imposent des pénalités astronomiques à Google.

Ces jugements, prononcés par des tribunaux en Russie, imposent des pénalités astronomiques à Google. Certaines de ces amendes atteignent des montants absurdes, allant jusqu’à 36 zéros en roubles, soit des chiffres dépassant largement le produit intérieur brut mondial.

Ces affaires impliquent notamment les chaînes Tsargrad TV et Spas TV, fermées par Google sur YouTube en réponse à la guerre en Ukraine. Depuis mars 2022, Google a cessé de diffuser des publicités en Russie et a supprimé plus de 1 000 chaînes YouTube affiliées à des médias sponsorisés par l’Etat.

Des enquêtes supplémentaires : la domination des écosystèmes de Google et Apple

En parallèle de l’affaire des faux avis, la CMA a aussi lancé, le 25 janvier 2025, deux nouvelles enquêtes visant Google et Apple. Ces investigations portent sur leurs écosystèmes numériques, notamment les systèmes d’exploitation mobiles, les magasins d’applications (Google Play Store et App Store) et les navigateurs utilisés sur les smartphones et les tablettes.

Ces enquêtes pourraient aboutir à la désignation de Google et Apple comme « sociétés stratégiques sur le marché », ce qui les soumettrait à des exigences réglementaires spécifiques en vertu du nouveau régime britannique sur la concurrence numérique, entré en vigueur le 1er janvier 2025. Ce cadre est similaire au Digital Markets Act (DMA) de l’Union européenne et vise à limiter les abus de position dominante.

Une autre enquête sur la position dominante de Google dans le domaine des moteurs de recherche, où il détient 90 % des parts de marché, est également en cours.

Une autre enquête sur la position dominante de Google dans le domaine des moteurs de recherche, où il détient 90 % des parts de marché, est également en cours. Une décision est attendue pour le 13 octobre 2025.

Avec cette série de mesures et d’enquêtes, Google se trouve sous une pression accrue des régulateurs au Royaume-Uni et à l’international. En s’engageant à mieux lutter contre les faux avis, l’entreprise répond à une demande croissante de transparence et de fiabilité dans les contenus en ligne. Reste à savoir si ces engagements seront suffisants pour apaiser les préoccupations des consommateurs et des régulateurs.

H. C.