SNCB : le ministre Gilkinet change d’avis et renonce à assister à l’inauguration de la gare de Mons

Journaliste – Rédacteur en chef.

Contrairement à ce qu’il avait soutenu en commission de la Chambre mardi 21 janvier 2025, le ministre fédéral de la Mobilité sortant, Georges Gilkinet (Ecolo) annonce ce vendredi 31 janvier qu’il n’assistera pas à l’inauguration de la gare de Mons. Sur sa page Facebook, il dénonce un dévoiement des moyens publics au profit d’un seul projet qui aura coûté pas moins de 480 millions d’euros, alors que le projet initial était évalué à 37 millions d’euros. Il est estime que la nouvelle gare SNCB est « le symbole d’un passé peu glorieux, caractérisé par des choix de prestige, des dépenses inutiles et des petits arrangements entre amis, plutôt qu’au service du public et d’une mobilité plus verte ». Il refuse donc d’associer ses « quatre années au service du train à ce qui constitue l’une des pires dépenses publiques inconsidérées des deux dernières décennies ». Le coût d’entretien de la gare de Mons dépasse désormais le million d’euros par an.
Marche arrière dans le chef du ministre fédéral de la Mobilité sortant, Georges Gilkinet (Ecolo) concernant l’inauguration de la nouvelle gare de Mons prévue ce vendredi 31 janvier 2025. En effet, contrairement à ce qu’il a affirmé le mardi 21 janvier en Commission de la Mobilité et des Entreprises publiques, le vice-Premier ministre renonce à participer à l’évènement ce vendredi après-midi.
Pires dépenses publiques
« En tant que ministre de la Mobilité bientôt sortant, j’ai en effet décidé de ne pas associer mes quatre années au service du train à ce qui constitue l’une des pires dépenses publiques inconsidérées des deux dernières décennies. Quoi qu’on pense des qualités architecturales de l’œuvre, cette gare est le symbole exactement inverse de la politique que j’ai menée pendant quatre ans en matière ferroviaire : le symbole d’un passé peu glorieux, caractérisé par des choix de prestige, des dépenses inutiles et des petits arrangements entre amis, plutôt qu’au service du public et d’une mobilité plus verte », a-t-il écrit ce vendredi matin sur sa page Facebook.
J’ai en effet décidé de ne pas associer mes quatre années au service du train à ce qui constitue l’une des pires dépenses publiques inconsidérées des deux dernières décennies.
Il entend marquer ainsi manifester sa désapprobation face à une réalisation qui aura coûté 480 millions d’euros, alors que le projet de base d’une passerelle pour relier le cœur historique de la ville à sa partie moderne était évaluer à 37 millions d’euros. « Quand on investit plus de 480 millions à Mons, ce sont autant de moyens qui ne sont pas disponibles ailleurs, là où c’est pourtant urgemment nécessaire, comme à Tournai ou Leuze, pour ne citer que deux exemples hainuyers », poursuit-il sur sa page FB.

Une vue aérienne de la gare de Mons qui sera inaugurée -ce vendredi 31 janvier 2025. Crédit photo: SNCB.
Cérémonie sobre
Et pourtant, il y a un peu plus d’une semaine, il assurait aux députés de la commission de la Chambre qu’il assisterait bien à l’inauguration de la gare dessiné par l’architecte espagnol, Santiago Calatrava, et qu’il y prendrait la parole en ayant un discours de vérité. « (…) Si je suis encore en fonction le 31 janvier, je serai présent et je prendrai la parole, de façon critique. Si j’avais été ministre à l’époque, j’aurais agi pour éviter un tel gaspillage. Maintenant qu’elle existe, je ne vois pas de raison de ne pas l’inaugurer, l’utiliser et reconnaître le geste architectural spectaculaire », déclarait le ministre Gilkinet le mardi 21 janvier 2025.
Il souligne au passage qu’il s’agira d’un évènement en toute sobriété. « Il ne sera pas question d’un spectacle grandiose. Des crans et des tables de réception seront loués et les 180 invités se verront offrir une boisson et un sandwich ».
Si je suis encore en fonction le 31 janvier, je serai présent et je prendrai la parole, de façon critique.
Que s’est-il donc passé en l’espace de quelques jours pour que le vice-Premier ministre écologiste change d’avis ?
Il a plusieurs fois été interpellé sur le sujet de la gare de Mons, notamment par le député-bourgmestre Xavier Dubois (Les Engagés) qui lui a demandé pourquoi il n’a pas transmis le dossier à la justice au regard des conclusions de l’analyse de la Cour des comptes.
Rapport cinglant de la Cour des comptes
Cette dernière avait épinglé en octobre 2022 de nombreuses irrégularités dans la conduite du projet dans un rapport cinglant. La Cour des comptes constate dans son rapport « que la désignation du lauréat du concours est entachée de lacunes en termes de transparence, d’égalité et de mise en concurrence ».

L’intérieur de la nouvelle gare cathédrale de la SNCB, un chantier d’au moins 480 millions d’euros. Crédit photo: SNCB
La Cour des comptes indiquait également « que deux avenants au contrat d’architecture comportent des indices du caractère substantiel des modifications apportées au marché initial qui auraient pu justifier le lancement d’une nouvelle procédure de passation ».
Deux avenants au contrat d’architecture comportent des indices du caractère substantiel des modifications apportées au marché initial qui auraient pu justifier le lancement d’une nouvelle procédure de passation
Lors des débats en commission mardi 21 janvier, le ministre Gilkinet livrait des chiffres mise à jour de la maintenance de la nouvelle gare de Mons. Les coûts d’entretien sont désormais estimés à 1,040 million d’euros, alors que les responsables de la SNCB avaient annoncé un montant de 750.000 euros (nettoyage, etc.) auquel il faut ajouter un budget supplémentaire de 200.00 euros pour le matériel de levage (ascenseurs, etc.).
Face à la situation, le député-bourgmestre Xavier Dubois a demandé d’avoir accès à toutes les pièces rassemblées par la Cour des comptes et a décidé de transmettre le dossier à la justice pour que toute la lumière soit faite sur le dossier.