QUE PENSENT LES SECTEURS ECONOMIQUES DE L'ACCORD ARIZONA ?

Gouvernement Arizona : des patrons accueillent favorablement l’accord du futur exécutif fédéral

CEO d'Agoria, Bart Steukers salue notamment l'attention portée au secteur de la défense, mais reste sur sa faim sur les mesures visant à réduire le handicap salarial des entreprises belges. BELGA

Pendant que les affiliés des 5 partis politiques appelés à former le nouveau gouvernement fédéral valideront ce week-end le nouvel accord, des patrons accueillent favorablement les options arrêtées pour les 5 ans à venir. Pour Agoria, la fédération des entreprises technologiques, le nouvel accord est « une base sur laquelle il faut continuer à travailler ». Son CEO, Bart Steukers, estime que « l’intention de mettre en place une politique industrielle fédérale, le maintien du régime (para)fiscal autour de la recherche et du développement ainsi que l’attention portée au travail en équipes et au régime des expatriés sont des mesures essentielles pour préserver les emplois à forte valeur ajoutée. Nous constatons également des réformes indispensables pour un marché du travail plus fonctionnel, ainsi que diverses mesures d’activation visant à atteindre un taux d’emploi de 80 % ». Même si elle reconnaît qu’il faut prendre d’analyser l’accord en profondeur, essenscia a un a priori positif sur la nouvelle coalition Arizona, car dit la fédération belge des industries chimiques et des sciences de la vie, le nouvel attelage fédéral « semble vouloir mettre en œuvre les réformes nécessaires pour améliorer la compétitivité de l’industrie belge ». Mais il y a quelques (petites ?) insatisfactions demeurent notamment chez Agoria.

En attendant les diverses réactions politiques, notamment des partis de l’opposition qui tenteront de relever des éléments négatifs de l’accord conclu vendredi soir, 31 janvier 2025, par la coalition des 5 partis de l’Arizona, les milieux économiques accueillent favorablement les options arrêtées pour le Gouvernement fédéral durant les 5 prochaines années. Agoria estime que le travail est loin d’être terminé et qu’il faut rapidement passer à la phase de mise en œuvre.

Place à des réformes urgentes

Pour le CEO de la fédération des entreprises technologiques, l’accord est une « base sur laquelle il faut continuer à travailler ». Il se réjouit qu’un consensus soit trouvé environ plus de 7 mois après les élections législatives du 9 juin 2024. « C’est une bonne chose qu’il y ait enfin un gouvernement fédéral après de longues négociations. Dans le contexte géopolitique actuel, la Belgique doit pouvoir jouer un rôle à part entière dans les dossiers européens et la prise de décision internationale », commente Bart Steukers.

Nous constatons également des réformes indispensables pour un marché du travail plus fonctionnel, ainsi que diverses mesures d’activation visant à atteindre un taux d’emploi de 80 %.

Il salue les grandes orientations du texte, mais reste sur sa faim. « L’accord de gouvernement montre que les autorités sont conscientes de la situation difficile dans laquelle se trouve notre industrie et contient un bon point de départ pour des réformes urgentes. Toutefois, dans certains domaines, le choix du statu quo a prévalu, alors que l’ambition aurait pu être plus élevée », résume Bart Steukers.

Les points positifs de l’accord d’après Agoria

Il détaille la position de son organisation en relevant les points positifs et les sujets d’insatisfaction. « L’intention de mettre en place une politique industrielle fédérale, le maintien du régime (para)fiscal autour de la recherche et du développement ainsi que l’attention portée au travail en équipes et au régime des expatriés sont des mesures essentielles pour préserver les emplois à forte valeur ajoutée. Nous constatons également des réformes indispensables pour un marché du travail plus fonctionnel, ainsi que diverses mesures d’activation visant à atteindre un taux d’emploi de 80 %. Malheureusement, en ce qui concerne la réduction de notre handicap salarial, nous voyons trop peu d’initiatives », poursuit-il.

Malheureusement, en ce qui concerne la réduction de notre handicap salarial, nous voyons trop peu d’initiatives.

Bart Steukers rappelle que les mesures qui réduisent les coûts salariaux et énergétiques des entreprises améliorent leur compétitivité au niveau international. Agoria salue les ambitions de la nouvelle coalition fédérale concernant la défense (création d’un fonds spécifique et favoriser l’accès au financement pour les entreprises du secteur). Par ailleurs, observe le CEO, « La collaboration prévue entre la Défense et l’industrie de la défense est également une bonne nouvelle pour Agoria, qui représente les entreprises belges de technologies de défense. Un environnement sûr est la condition de base absolue pour un environnement économique compétitif ».

BELGA

Administrateur délégué d’essenscia, Yves Verschueren attend maintenant une action rapide pour appliquer l’accord gouvernemental. (BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ).

Il faut aller vite

Le son de cloche n’est pas tellement différent du côté d’essenscia, la fédération belge des industries chimiques et des sciences de la vie. Ses dirigeants se réjouissent qu’un nouveau gouvernement voit enfin le jour plus de 7 mois après les élections. Ils espèrent une mise en œuvre rapide de l’accord.

Il n’y a pas de temps à perdre, car la compétitivité de l’industrie belge est soumise à une pression particulièrement forte depuis plus de deux ans et demi.

« Il est à espérer que suivra une action politique rapide et unie accompagner par des mesures concrètes. Les plus de 700 entreprises et près de 100 000 employés des industries chimiques et pharmaceutiques comptent sur une équipe gouvernementale forte pour réduire les coûts et les charges et augmenter la croissance et l’investissement. Il n’y a pas de temps à perdre, car la compétitivité de l’industrie belge est soumise à une pression particulièrement forte depuis plus de deux ans et demi, alors que dans le même temps nous devons répondre à des changements profonds dans la politique internationale et le commerce mondial. Chez essenscia, nous sommes prêts à entamer la relance avec ce nouveau gouvernement afin de garantir des emplois de qualité, des innovations durables et le progrès social », renchérit Yves Verschueren, administrateur délégué d’essenscia.

Satisfaction de l’UCM

L’Union des classes moyennes (UCM) considère que « l’accord reste positif dans les grandes lignes ». Elle relève plusieurs points pour appuyer son analyse notamment la politique d’activation des chômeurs (travailler doit être plus attractif que l’inactivité), la modernisation du marché du travail (flexibilité accrue et positive, mais avec un bémol sur l’ouverture dominicale des magasins) et la réintégration des malades de longue durée (l’effort sera collectif). La fédération des indépendants et des PME estime qu’un « pas déterminant a été posé vers une volonté de simplification administrative » et se réjouit du maintien de l’indexation automatique des salaires (mais elle n’exclut pas de demander des compensations en matière de réduction des cotisations ONSS).

LPost / Philippe BOURGUET

Pierre-Frédéric Nyst, président de l’UCM. (Photo Philippe BOURGUET/LPost.be).

Bonne nouvelle aussi pour le statut social des indépendants, et plus particulièrement les indépendants complémentaires, qui ont désormais accès à la pension libre complémentaire.

D’autres points de l’accord satisfont les dirigeants de l’UCM. « Bonne nouvelle aussi pour le statut social des indépendants, et plus particulièrement les indépendants complémentaires, qui ont désormais accès à la pension libre complémentaire. En matière de pensions, un pas significatif a été franchi vers un système soutenable et plus respectueux du fruit du travail des indépendants. Ce dossier sera suivi de très près par le service d’études d’UCM », soulignent-ils.

L’UCM se montre toutefois prudente sur une réforme et veut demander l’avis de ses affiliés. « Nous restons sur nos gardes dans le dossier sensible de la taxation des plus-values, et allons certainement interroger nos affiliés, puisque ce sont eux qui sont les premiers concernés par cette mesure, qui toucherait un patrimoine acquis à force de travail et de volonté », conclut-elle.

Ph. Law.