Air Belgium : la justice annule le transfert d’actifs de la compagnie aérienne belge à Air One

Le tribunal de l’entreprise du Brabant wallon (Nivelles) fait marche arrière et s’est prononcé ce jeudi 6 mars contre le rachat d’Air Belgium par le consortium néerlando-britannique composé d’Air One et de Peso Aviation Management. L’audience de ce jeudi matin n’a rassuré ni les syndicats, ni la justice. Par conséquent, le président du tribunal a accédé à la requête du praticien, Me Bernard Vanham, d’annuler le transfert d’actifs et, de facto, la suppression de 197 des 401 emplois. L’homme de loi avait demandé d’interrompre la procédure, notamment en raison de la lenteur des repreneurs dans les démarches administratives, alors que la situation financière d’Air Belgium se détériore. Air One Belgium, l’entité créée pour reprendre les actifs d’Air Belgium a décidé de faire appel de la décision, alors que les dirigeants de la compagnie aérienne belge envisagent d’explorer des options de dernière minute pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être d’ici le 27 mars. Les syndicats vont demander la réunion d’un nouveau conseil d’entreprise extraordinaire dans le courant de la semaine prochaine.
Ce jeudi 6 mars, en fin d’après-midi, le tribunal de l’entreprise du Brabant wallon (Nivelles) a rendu sa décision dans le dossier de reprise d’Air Belgium. Il a prononcé l’annulation du transfert des actifs dans une nouvelle société, Air One Belgium SA, créée par le consortium de repreneurs, composé du néerlandais, Peso Aviation Management, et du britannique Air One International. L’information, par nos confrères de L’Echo et de L’Avenir nous a été confirmé à bonne source.
Des repreneurs en défaut
En effet, après l’audience de ce jeudi matin et la plaidoirie du praticien de justice, Me Bernard Vanham lors de laquelle celui-ci a émis de sérieux doutes sur la faisabilité du transfert, le tribunal lui a donné raison.
Les explications d’Air One Belgium] étaient plutôt désorganisées, ce qui n’a pas rassuré le juge, ni les avocats des autres parties, y compris ceux de la banque.
Concrètement, le consortium de repreneur d’Air Belgium n’a pas fourni en temps voulu les documents nécessaires au transfert d’actifs d’Air Belgium : une demande d’approbation du rachat par la Direction générale du transport aérien/DGTA (pour un examen qui dure trois à quatre mois) ou encore la garantie de continuité du contrat avec Sichuan Airlines. Les futurs actionnaires (désormais recalés) restent discrets sur la provenance des fonds, alors qu’ils doivent majoritairement provenir d’Europe d’investisseurs européens.
Même si Air One accélérait les démarches, Air Belgium ne disposerait pas des ressources financières nécessaires pour tenir jusqu’en mai.
Défense pas convaincante
A l’issue de l’audience, il était déjà probable, selon les avocats de la compagnie aérienne belge, que le président s’aligne sur la position du praticien et annule le transfert.
« [Les explications d’Air One Belgium] étaient plutôt désorganisées, ce qui n’a pas rassuré le juge, ni les avocats des autres parties, y compris ceux de la banque », faisait savoir jeudi après-midi Jana De Visscher, représentante syndicale, à des employés de la compagnie aérienne dans un message dont nous avons eu connaissance. Elle représente également les membres d’équipage et avait donné son feu vert, en décembre dernier, à la reprise par le consortium pour la sauvegarde de 204 des 401 emplois, en contrepartie de l’arrêt des opérations passagers.
La nouvelle compagnie aérienne Air One Belgium se dit « extrêmement déçue par la décision prise par le tribunal d’arrêter le transfert en sa faveur. Cette décision empêche malheureusement la reprise par Air One Belgium des activités cargo d’Air Belgium et l’emploi de son personnel. Air One Belgium conteste fermement la décision du tribunal sur la base des faits et a l’intention de faire immédiatement appel », commente Peter Scholten, co-CEO d’Air One Belgium dans L’Echo.
Situation remise à zéro
Suite à cette décision, les représentants syndicaux réclament la réunion d’un nouveau conseil d’entreprise extraordinaire la semaine prochaine, après celui organisé mercredi 5 mars.
Air Belgium va devoir tenter de trouver des repreneurs et « explorer un plan B », mais le temps est compté pour ses dirigeants, car la compagnie aérienne n’a que jusqu’à l’audience du 27 mars pour plus que probablement éviter la faillite, n’ayant plus les ressources financières pour tenir au-delà.
Air Belgium va devoir tenter de trouver des repreneurs et « explorer un plan B », mais le temps est compté pour ses dirigeants.
Ce transfert d’actifs, désormais annulé, était en décembre dernier l’unique chance pour la compagnie aérienne belge de s’en sortir après un an de Procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) et l’exploration vaine d’autres solutions pour éviter la faillite pure et simple.
Malgré ce rebondissement majeur, la compagnie aérienne affirme toujours vouloir explorer toutes les options pour aboutir à une issue positive. Depuis la décision du transfert en décembre, de nombreux employés ont quitté l’entreprise. Il reste encore plus de 300 emplois à préserver avant ce qui pourrait être l’ultime échéance pour la compagnie, créée en 2016.
Thibault Lapers