Politique

Ukraine : négociations tendues entre Moscou et Washington, Poutine se dit « prudemment optimiste » sur un cessez-le-feu


Trois ans après le début de l’invasion russe en Ukraine le 24 février 2022, les pourparlers diplomatiques s’intensifient entre Moscou et Washington, avec l’espoir d’un cessez-le-feu temporaire. Le 11 mars 2025, lors de négociations à Djedda (en Arabie saoudite), les Etats-Unis ont proposé une trêve de 30 jours, acceptée par l’Ukraine. Le 13 mars, l’émissaire américain Steve Witkoff est arrivé à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine, qui s’est déclaré « prudemment optimiste » pour un cessez-le-feu tout en posant des conditions préalables, notamment le retrait des troupes ukrainiennes de la région de Koursk. Alors que les combats persistent sur le terrain et que les positions restent éloignées, la communauté internationale observe avec inquiétude ces négociations fragiles, où chaque mot compte et où chaque geste peut tout changer.

La guerre en Ukraine a débuté le 24 février 2022, lorsque la Russie a lancé une invasion à grande échelle, justifiée par Moscou comme une « opération spéciale » pour « démilitariser » et « dénazifier » le pays voisin. Depuis, le conflit a fait des centaines de milliers de morts, déplacé des millions de personnes et dévasté une grande partie de l’est et du sud de l’Ukraine.

En août 2024, l’Ukraine a lancé une contre-offensive dans l’oblast russe de Koursk, prenant le contrôle de plusieurs localités, dont Soudja. Cette avancée a été perçue comme une monnaie d’échange potentielle pour de futures négociations. Cependant, depuis début mars 2025, les forces russes ont repris l’initiative, repoussant les troupes ukrainiennes et reprenant le contrôle de plusieurs zones clés, notamment Soudja.

La proposition de cessez-le-feu : Une initiative américaine

Le 11 mars 2025, lors de pourparlers à Djedda (Arabie saoudite), les Etats-Unis ont proposé un cessez-le-feu immédiat de 30 jours. Cette proposition a été acceptée par l’Ukraine, à condition que la Russie respecte également la trêve. Le président américain Donald Trump, réélu en novembre 2024, a fait de la résolution du conflit ukrainien une priorité de sa politique étrangère.

L’Ukraine veut la paix, mais la Russie cherche à poursuivre la guerre.

Le 13 mars 2025, Steve Witkoff, émissaire spécial de Donald Trump, est arrivé à Moscou pour présenter la proposition américaine. Lors d’une conférence de presse, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie était « pour » un cessez-le-feu, mais a énuméré plusieurs conditions préalables. Parmi celles-ci, on retrouve notamment le retrait des troupes ukrainiennes de la région de Koursk et la résolution de « questions importantes », sans préciser lesquelles.

AFP

Cette photographie, prise et diffusée par le service de presse de la 65e Brigade mécanisée des forces armées ukrainiennes, montre des militaires ukrainiens examinant un véhicule terrestre sans pilote sur un terrain d’entraînement militaire de la région de Zaporijia, le 13 mars 2025, en pleine invasion russe de l’Ukraine. (Photo par Andriy ANDRIYENKO / AFP).

Réactions internationales : entre espoirs et scepticisme

La réponse de Poutine a suscité des réactions mitigées. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de « faire traîner les choses » et de chercher à prolonger la guerre. « L’Ukraine veut la paix, mais la Russie cherche à poursuivre la guerre », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.

En Europe, l’Allemagne a qualifié la réponse russe de « manœuvre dilatoire ». Kathrin Deschauer, porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand, a exprimé des doutes sur la sincérité de Moscou. « La réponse de Poutine est au mieux une manœuvre dilatoire », a-t-elle déclaré.

La réponse de Poutine est au mieux une manœuvre dilatoire.

L’Arabie saoudite, qui a joué un rôle de médiateur dans les pourparlers de Djedda, a réaffirmé son engagement à faciliter le dialogue. Le prince héritier Mohammed Ben Salman a souligné l’importance de parvenir à une résolution politique, tout en appelant à la normalisation des relations entre Moscou et Washington.

Tensions militaires persistantes : Les combats continuent

Sur le terrain, les combats restent intenses. Le 13 mars 2025, l’armée ukrainienne a annoncé avoir abattu 16 des 27 drones russes lancés dans la nuit, tandis que la Russie affirme avoir intercepté 77 drones ukrainiens. Les affrontements se concentrent notamment dans l’oblast de Donetsk, où les forces russes tentent de progresser vers Pokrovsk, et dans la région de Koursk, où l’armée ukrainienne est en difficulté.

Par ailleurs, la Biélorussie a annoncé qu’elle allait bientôt recevoir des missiles hypersoniques russes Orechnik, renforçant ainsi les capacités militaires de Minsk, allié de Moscou. Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, a également évoqué un « processus d’intégration » avec la Russie, tout en excluant une adhésion à court terme à la Fédération de Russie.

AFP

Cette photo distribuée par l’agence de presse officielle saoudienne (SPA) montre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane accompagnant le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’une garde d’honneur au palais royal de Djeddah le 10 mars 2025. (Photo par SAUDI PRESS AGENCY / AFP).

Perspectives incertaines : vers une paix fragile ?

Alors que les pourparlers se poursuivent, les perspectives de paix restent incertaines. L’Ukraine, soutenue par ses alliés occidentaux, refuse toute concession territoriale, tandis que la Russie insiste sur la nécessité de garantir ses intérêts stratégiques. La communauté internationale, divisée sur la manière de gérer la crise, observe avec inquiétude l’évolution des négociations.

Ce serait un moment très décevant pour le monde si la Russie rejetait cette offre.

Dans ce contexte, l’arrivée de Steve Witkoff à Moscou marque un tournant dans les efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit. Les discussions portent sur les modalités d’un cessez-le-feu, mais aussi sur des questions plus larges, comme le statut des territoires occupés et la sécurité future de l’Ukraine.

Donald Trump, de son côté, a salué les déclarations « prometteuses » de Poutine, tout en exprimant son impatience. « Ce serait un moment très décevant pour le monde si la Russie rejetait cette offre », a déclaré le président américain depuis la Maison Blanche. Donald Trump a également souligné qu’il disposait d’un « levier de pression » sur la Russie, sans toutefois préciser de quoi il s’agissait. Il a lancé un appel au président russe à « épargner la vie » de « milliers de soldats ukrainiens sur le front » estimant qu’ils « sont une position vulnérable et très mauvaise ».

Stabilité internationale en danger

Alors que la guerre continue de faire rage, les espoirs d’une trêve durable reposent sur des négociations complexes et fragiles, où chaque mot compte et où chaque geste peut tout changer.

La guerre en Ukraine reste un enjeu majeur pour la stabilité internationale. Alors que les négociations entre Moscou et Washington avancent lentement, la communauté internationale retient son souffle, espérant une issue pacifique à ce conflit dévastateur. Cependant, avec des positions aussi éloignées et des conditions difficiles à remplir, le chemin vers la paix semble encore long et semé d’embûches.

H. C.


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