Politique

Gaza : Offensive limitée ou reprise de la guerre ?

A l’aube, ce mardi, l’aviation israélienne lançait une offensive surprise sur la Bande de Gaza. Plusieurs vagues de bombardements balayaient le territoire du nord au sud. Très vite, l’ampleur des opérations, des dizaines de cibles ont été « traitées » par l’aviation de l’Etat hébreu, démontrait qu’il ne s’agissait pas d’actions ponctuelles aux objectifs limités, comme il s’en est produit plusieurs depuis le 19 janvier dernier, mais bien d’une nouvelle attaque en règle. Ces pilonnages sont les plus intenses depuis le début de la trêve, il y a deux mois. Reste à savoir si l’on est en face d’une tentative de pousser le Hamas à accepter des négociations sur la base des propositions israélo-américaines ou d’une réelle volonté « d’achever le travail » et de chasser définitivement l’organisation terroriste de Gaza. En début de soirée, aucun signe d’accalmie n’était en vue.   

« Au moins 404 personnes ont été tuées et 562 autres blessées dans les bombardements israéliens », a déclaré le ministère de la Santé de Gaza (contrôlé par le Hamas). Un responsable israélien, qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat car il n'était pas autorisé à s'exprimer publiquement, précisait lui que la « série de frappes préventives  visait les dirigeants et les infrastructures du Hamas », après des semaines de négociations au point mort.

Les négociations étaient bloquées

Le blocage des négociations est l’une des principales raisons qui ont poussé Israël à l’action. Les tergiversations du Hamas et son refus d’accepter les propositions de Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Donald Trump au Moyen-Orient, ont achevé de persuader Jérusalem que l’organisation terroriste n’avait aucune intention de satisfaire à l’exigence de libération des otages mais se servait de la trêve pour gagner du temps et reconstituer ses forces.

Israël exige la capitulation du Hamas et exclut fermement tout rôle politique de l’organisation dans l’avenir du territoire.

Par ailleurs, les sinistres et sordides mises-en-scènes qui ont accompagné chaque épisode des libérations avaient exaspéré les dirigeants israéliens et américains. Donald Trump déclarait récemment que « le nombre de terroristes libéré en échange de chaque otage était « grotesque ». Pour récupérer 25 otages israéliens et binationaux, cinq otages thaïlandais et 8 cadavres, Israël a remis en liberté pas moins de
1 800 terroristes; beaucoup ayant du sang sur les mains et nombre d’entre eux ayant été condamnés à la prison à vie.

Cela étant, il était également très clair aux yeux de nombreux observateurs que la deuxième phase de la négociation du cessez-le-feu était, et de loin, la plus difficile. C'est au cours de celle-ci que devait être discuter l’avenir de Gaza. La question de la reconstruction, elle, devait être abordée au cours de la troisième et dernière phase.
Or, les positions des uns et des autres sont inconciliables. Israël exige la capitulation du Hamas et exclut fermement tout rôle politique de l’organisation dans l’avenir du territoire. Le Hamas, de son côté, n’entend évidemment pas céder la place. Dès lors, on voit mal quel terrain d’accord pouvait être trouvé. Pour contourner l’obstacle, Jérusalem et Washington ont proposé de prolonger la première phase du cessez-le feu et de continuer à échanger otages contre détenus. Mais l’organisation palestinienne n’a rien voulu entendre…

Selon le Shin Bet, le Hamas préparait un nouveau « 7 octobre »

Mais il est une autre raison qui a poussé Israël à reprendre les hostilités. Les services de l’Etat hébreu, et en tout cas, le Shin Bet (sécurité intérieure) et le AMAN (les services de renseignement militaires), avaient acquis la conviction, depuis près de deux semaines, que le Hamas avait largement reconstituer ses forces.
Des informations précises et concordantes prouvant que le Hamas et le Djihad Islamique s’étaient réorganisés, avaient enrôlé plusieurs milliers de nouveaux combattants (ndlr: le chiffre de vingt mille est avancé par certaines de nos sources), les avaient équipés en armes et en matériel et préparaient « très probablement » une attaque concentrée sur le sol israélien. Le Hamas nie ces préparatifs.

Les négociations étant au point mort et une nouvelle menace ayant été détectée, les dirigeants israéliens ont donc choisi l'une des options présentées par l'armée israélienne. Celle-ci impliquait de lourdes frappes aériennes sur des dizaines de cibles à Gaza, y compris des dirigeants du Hamas de niveau intermédiaire à élevé. Ces frappes épargnant, à ce stade, les personnalités les plus importantes de l'organisation afin de conserver des interlocuteurs si les négociations s'avéraient pouvoir redémarrer.

L’armée israélienne a regroupé environ 40 000 combattants prêts à entrer à tout moment.

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