L’offre de reprise de CMA CGM privilégiée pour reprendre Air Belgium - L-Post
BIENTOT LA LFUMME BLANCHE POUR LA REPRISE D'AIR BELGIUM

L’offre de reprise de CMA CGM privilégiée pour reprendre Air Belgium

BELGA

Selon les informations fournies ce jeudi 27 mars durant l’audience devant le tribunal de l’entreprise à Nivelles, la seule offre de rachat enregistrée est celle de l’armateur français CMA CGM. Il propose 800.000 euros pour racheter les actifs de la compagnie aérienne belge. Il y a trois semaines, la justice avait annulé le transfert d’actifs à Air One Belgium sur demande du praticien, Me Bernard Vanham. Celui-ci avait estimé que les clauses suspensives n’étaient pas remplies par le consortium néerlando-britannique regroupant Peso Aviation Management et Air One Holding International. Cette fois, il soutient l’offre de CMA CGM qu’il présente comme l’unique possibilité pour sauver les actifs. Dans son offre, CMA CGM érige Bruxelles et Liège comme hubs de fret et prévoit d’introduire des Airbus A350 cargo dans la flotte de la compagnie aérienne belge. Altavair refusait de signer avec Air One Belgium mais trouver une solution alternative s’avérerait hors délai. 138 emplois sur environ 400 seraient conservés dans le cadre de la reprise par CMA CGM.  La décision du tribunal de l’entreprise est attendu jeudi en fin de journée.

Après de nombreux mois d’incertitudes, un autre nouveau chapitre semble s’ouvrir pour la compagnie aérienne Air Belgium, en difficultés financières. En effet, après l’annulation du transfert précédent à Air One Belgium, constitué par un consortium néerlando-britannique, l’armateur CMA CGM devrait reprendre les actifs de la compagnie aérienne, dont la valeur est estimée à environ 600 000 euros. Elle est considérée par le praticien de justice comme l’unique possibilité de reprendre « ce qu’il reste à sauver ». Quatre autres parties sont également intéressées, « dont 3 sérieuses », d’après Me Bernard Vanham. Il a défendu l’offre de CMA CGM devant le tribunal de l’entreprise ce jeudi 27 mars.

Un géant de 160.000 collaborateurs

Concrètement, CMA CGM Air Cargo a déposé une offre le 19 mars dernier à hauteur de 800.000€, comme Air One Belgium en décembre. Plusieurs réunions ont eu lieu entre la Direction Générale du Transport Aérien (DGTA), Air Belgium, le praticien et CMA CGM pour faire avancer le dossier.

L’armateur français, employant 160 000 personnes, était déjà présent en décembre pour le premier appel d’offres mais ses dirigeants avaient décidé de ne pas poursuivre l’opération, « pour ne pas s’associer à du licenciement », selon un représentant de CMA CGM présent.

CMA CGM veut développer Air Belgium

Air Belgium est allée chercher CMA CGM pour pouvoir négocier. D’après son projet, la compagnie maritime prévoit de garder l’identité Air Belgium et sa flotte actuelle, mais elle veut aussi développer la compagnie aérienne belge, notamment en gardant le hub de Bruxelles et en installant un autre Liège. Elle veut aussi étoffer la flotte d’Airbus A350F flambant neufs. CMA CGM envisage de développer encore plus le fret aérien. « Une fois qu’Air Belgium nous a demandé à nouveau, nous nous sommes concertés pour voir si nous changions d’avis. Et c’est notre force, se mobiliser très rapidement », assurent les dirigeants de l’armateur français.

Le futur ex-actionnaire et prestataire de services de maintenance, Sabena Engineering, avait déjà entamé depuis au moins une semaine et demie des discussions avec l’armateur français dans le cadre de ce transfert d’actifs. Cette démarche renforce donc l’offre de CMA CGM.

Il y a dans cette reprise huit conditions suspensives, dont 3 de la DGTA, une qui concerne Altavair (qui a de bonnes chances d’aboutir) ou encore deux qui concernent Sichuan Airlines avec l’une « déjà acquise ».

Air One n’a pas conscience de l’urgence : ils ont fait traîner les choses, ils ont pris un mois et demi pour constituer une nouvelle société, un mois et demi pour faire la demande auprès de la DGTA.

Par ailleurs, l’appel interjeté par Air One Belgium pour contester l’annulation de son offre de reprise est vu par le praticien de justice, Me Bernard Vanham comme étant une procédure différente de celle de la reprise des actifs par CMA CGM. « Air One n’a pas conscience de l’urgence : ils ont fait traîner les choses, ils ont pris un mois et demi pour constituer une nouvelle société, un mois et demi pour faire la demande auprès de la DGTA et ils ont fait leur appel le dernier jour où c’était encore possible », déclare Me Vanham pendant l’audience de jeudi. L’appel sera examiné le 3 avril.

Probablement pour avril

Le mois prochain pourrait déjà être décisif pour ce transfert, car il y a de bonnes probabilités que la procédure passe une nouvelle étape d’ici fin avril, « c’est la dernière chance absolue », souligne le praticien.

Un accord entre CMA CGM et Air Belgium serait contraire à l’ordre public.

Les avocats d’Air One Belgium ont aussi pu s’exprimer, rappelant que si la cour d’appel donne raison à Air One Belgium, la décision du 6 mars dernier serait donc annulée. Ils ont demandé pourquoi Air Belgium et le praticien ont mis autant de pression si finalement la date buttoir d’une reprise est elle aussi repoussée, au 20 avril prochain. Ils estiment qu’il s’agit d’une manœuvre visant rendre caduque une décision en leur faveur et qu’il n’est nullement question de réputation. « Un accord entre CMA CGM et Air Belgium serait contraire à l’ordre public », déclare un avocat d’Air One Belgium.

Le loueur d’avions Altavair refuse de signer avec Air One Belgium

Le problème de la procédure d’Air One Belgium, est que le loueur des deux Airbus A330 cargo, soit la moitié de la flotte, Altavair, ne souhaite pas signer d’accord avec elle. « Ils ne veulent même pas négocier », déplore un membre de son conseil d’administration. Plus précisément, un des A330 est le seul d’Air Belgium enregistré en Belgique, ce qui pose des difficultés sur la continuité de la licence belge.

Rien n’a progressé en plusieurs mois avec Air One, tandis que tout a été fait en quelques jours par CMA CGM.

Air One Belgium (AOB) propose, en échange d’un non-accord avec Altavair, d’immatriculer en Belgique un Boeing 747-400F roumain (la génération précédente que les 747-8F d’Air Belgium), ce qui remplirait cette condition suspensive mais l’opération arriverait hors délai. De plus, le retrait de deux avions mettrait encore plus Air Belgium en danger, car la compagnie aérienne n’a plus de trésorerie. « Il y a un accord sur les 747(-8F) avec les chinois », mais « AOB » se dit « empêchée » de réaliser les conditions suspensives et de progresser dans le dossier avec l’annulation du transfert d’actifs.

« De l’enfumage », fustige l’avocat de CMA CGM. « Rien n’a progressé en plusieurs mois avec Air One, tandis que tout a été fait en quelques jours par CMA CGM ».

En janvier et en février, Air Belgium a été rentable et sa dette s’est stabilisée.

136 emplois conservés

Côté emplois, seule une partie sera conservée, soit 136 sur un peu moins de 400, car d’après le décompte actualisé, de nombreux collaborateur ont quitté le cockpit d’Air Belgium depuis décembre dernier. Les syndicats avaient déjà fait part de leur inquiétude il y a un mois sur la pérennité des activités quand le transfert précédent à Air One a été retardé. Lors de de l’audience, un représentant du personnel a réaffirmé sa position en faveur d’une reprise partielle des actifs, uniquement en cargo.

Par ailleurs, les personnes qui vont perdre leur emploi, plus de 200, devraient voir la fin de leur chômage économique le 20 avril prochain. « Les gens n’en peuvent plus d’attendre », déclare le représentant des travailleurs.

Th. L.