QUELLE PRISE EN CHARGE DES JEUNES EN DIFFICULTE ?

Ministre de l’Aide à la Jeunesse, Valérie Lescrenier réfute tout abandon des jeunes en difficulté

La minitre francophone de l'Aide à la Jeunesse, Valérie Lescrenier (Les Engagés), promet une budget suppléme,ntaire de 9 millions d'euros pour l'aide à la jeunesse. bePress Photo Agency / BOURGUET

Julien Moinil, procureur du Roi de Bruxelles, a ouvert une enquête contre X pour « abstention coupable », car selon lui, 400 mineurs ne sont pas accueillis de manière adéquate. Valérie Lescrenier (Les engagés), ministre francophone de l’Aide à la jeunesse, a répondu lors de la séance plénière ce mercredi 24 avril. « Oui, il y a urgence mais NON, nous n’abandonnons pas les enfants en danger en Fédération Wallonie-Bruxelles », déclare-t-elle. La ministre rappelle qu’avec la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), elle a engagé une grande réforme pour le secteur au cours des cinq prochaines années. Ce programme va bénéficier d’un budget supplémentaire de 9 millions d’euros dès 2025. Il vise à améliorer la prise en charge des jeunes en difficulté ou en conflit avec la loi. La réforme va s’appuyer sur trois grands axes. Ces orientations visent notamment à renforcer la prévention, l’accompagnement ou encore le soutien aux familles. Le but est d’assurer une prise en charge plus efficace et durable.

Valérie Lescrenier, ministre francophone de l’Aide à la jeunesse, consciente des besoins et des problématiques du secteur, répond au procureur du Roi de Bruxelles, Julien Moinil, en rappelant les actions menées dans un secteur qui en a grand besoin. Elle met en avant la nouvelle réforme lancée en collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles. « Le secteur de l’Aide à la jeunesse nécessite une attention particulière », affirmait la ministre Lescrenier lors de ce lancement.

Il est impératif d’analyser les procédures et structures en place de manière approfondie pour définir les lignes directrices qui permettront de mieux anticiper l’avenir.

« Il est impératif d’analyser les procédures et structures en place de manière approfondie pour définir les lignes directrices qui permettront de mieux anticiper l’avenir », soulignait Valérie Lescrenier. Pour aider avec les réalités du terrain, cette restructuration se base sur trois grands axes : une meilleure prise en charge, une simplification des procédures et un renforcement des synergies entre les secteurs.

Aujourd’hui, l’Aide à la jeunesse accompagne principalement des jeunes en situation de danger, victimes de maltraitance ou de négligence. « En 2024, l’Aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles a accompagné 44 000 jeunes. Parmi ces 44 000 jeunes, 95% étaient effectivement des mineurs en danger et 5 % étaient des mineurs en conflit avec la loi. Et donc, je pense qu’il ne faut pas tirer des conclusions trop hâtives par rapport à des chiffres ou à des conclusions qui peuvent être indiquées au niveau des médias », a rappelé la ministre.

Un déploiement progressif sur cinq ans

La réforme structurelle de l’Aide à la jeunesse s’inscrit dans un plan quinquennal visant une transformation en profondeur du secteur. Toutefois, dès 2025, des mesures concrètes seront mises en place afin d’amorcer le changement. Cette première phase permet d’engager les dynamiques essentielles et de mettre en œuvre certaines actions prioritaires. « De nombreux besoins ont été identifiés et exigent des réponses rapides », annonçait la ministre de l’Aide à la jeunesse.

Parmi ces 44 000 jeunes, 95% étaient effectivement des mineurs en danger et 5 % étaient des mineurs en conflit avec la loi.

Une meilleure prise en charge

Cette réforme vise à rendre la prise en charge plus adaptée et personnalisée en fonction des situations des jeunes. Pour faciliter ceci, un outil va être mis à disposition dès juin 2025. « On va travailler avec un outil, cadastre des besoins, qui va être disponible et qui va nous permettre d’affecter les moyens publics là où les besoins sont majeurs, sont les plus prioritaires », a précisé Valérie Lescrenier en séance plénière le 24 avril au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Entre-temps, la ministre de l’Aide à la jeunesse a prolongé, dès le 1ᵉʳ janvier, les autorisations pour augmenter la capacité des services d’accompagnement intensif en famille.

BELGA

Julien Moinil, procureur du Roi de Bruxelles, a ouvert une enquête contre X pour « abstention coupable », car selon lui, 400 mineurs ne sont pas accueillis de manière adéquate. (BELGA PHOTO ERIC LALMAND).

« Famille d’accueil professionnelle »

Une nouvelle offre de prise en charge devrait être initiée également. Ce nouveau modèle se nomme « famille d’accueil professionnelle ». SOS Villages d’enfants a eu la mission de rencontrer des acteurs de terrain pour comparer des modèles déjà existants. La ministre indique que ce nouvel outil va voir le jour à partir de 2026.

On va mener dans les prochains mois une étude sur les besoins particuliers des jeunes en conflit avec la loi, sur les besoins des magistrats.

Cette réforme inclut également d’autres aspects. « On va mener dans les prochains mois une étude sur les besoins particuliers des jeunes en conflit avec la loi, sur les besoins des magistrats, parce qu’au-delà des places en IPPJ, il y a toute une série d’outils qui existent aujourd’hui qui sont sous-utilisés, qu’on doit notamment mieux valoriser, mais il y a toute une série d’outils qu’on va devoir développer complémentairement », a ajouté Valérie Lescrenier en séance plénière.

Une synergie intersectorielle

L’amélioration de la coordination entre les différents secteurs constitue un levier central de cette réforme. Des discussions sont déjà menées avec le secteur de la santé et du handicap en Wallonie.

Ce partenariat permet la création d’un dispositif novateur, cette année, via une unité de crise résidentielle cofinancée par les secteurs au sein d’un bâtiment de l’Agence wallonne pour une vie de qualité (Aviq) situé dans la province du Brabant wallon. L’objectif de cette méthode est d’offrir des réponses plus appropriées aux circonstances compliquées auxquelles les jeunes sont confrontés.

Création de plus de 70 emplois

La réforme prévoit plusieurs mesures pour soutenir les professionnels du secteur. Le souhait est de faciliter et réduire la charge administrative comme le remboursement de frais ou encore l’accès aux crèches. Le but est de se recentrer sur l’accompagnement des jeunes.

Mon cap : sortir de l’urgence, bâtir des réponses durables et humaines. Parce qu’un chiffre cache toujours un prénom, une histoire, une vie. Et je veux que chaque jeune concerné soit entendu, soutenu, accompagné.

Cette nouvelle réforme prévoit de créer plus de 70 emplois ETP (équivalent temps plein) supplémentaires. Cette création de postes devrait pérenniser et renforcer le personnel encadrant des SAJ (services d’aide à la jeunesse), des SPJ (services de la protection de la jeunesse) et des IPPJ (institutions publiques de protection de la jeunesse).

On observe également la présence, dans cette restructuration du secteur, d’un renforcement de l’accompagnement et de soutien aux familles ainsi qu’une clarification des procédures d’adoption pour le bien-être de l’enfant.

« Mon cap : sortir de l’urgence, bâtir des réponses durables et humaines. Parce qu’un chiffre cache toujours un prénom, une histoire, une vie. Et je veux que chaque jeune concerné soit entendu, soutenu, accompagné », conclut la ministre Lescrenier.

Méderic Guisse (st)