Bagages à main : Ryanair et 6 autres compagnies low cost dans le viseur des associations de consommateurs

Des associations de consommateurs européennes, emmenées par Testachats, UFC-Que Choisir et la CLCV, ont intenté une action conjointe contre sept compagnies aériennes low cost. Leur cible est la facturation jugée abusive des bagages à main, pourtant censés être inclus dans le prix du billet selon la jurisprudence européenne. EasyJet facture jusqu’à 43 euros pour un bagage en cabine ; Ryanair, 36 euros ; Volotea, 23 euros ; et Vueling peut aller jusqu’à 280 euros dans certains cas. Ces compagnies sont accusées de contourner les règles au détriment des passagers pour diverses raisons. L’affaire pourrait bien faire jurisprudence à l’échelle de l’Union européenne.
Les bagages à main sont devenus l’enjeu d’une bataille juridique entre les compagnies aériennes à bas prix et les organisations de défense des consommateurs. Dans une action coordonnée au niveau européen, seize associations, dont Testachats (Belgique), ont déposé une plainte auprès des institutions européennes. Elles dénoncent une facturation jugée abusive et contraire au droit européen pour des bagages à main de 10 kg pourtant « raisonnables » en taille et en poids.
Aujourd’hui, nous agissons à nouveau contre sept compagnies aériennes qui ignorent l’arrêt de la plus haute juridiction de l’UE, qui a jugé illégal de facturer des frais pour un bagage à main de taille raisonnable.
Dans leur viseur, 7 compagnies aériennes : Ryanair, easyJet, Transavia, Norwegian, Volotea, Wizzair et Vueling, qui sont toutes accusées d’imposer des frais supplémentaires opaques pour l’emport de bagages à main. Il s’agit d’une pratique courante de ces transporteurs aériens low cost, alors qu’un arrêt clair de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de 2014 stipule que tout bagage en cabine « raisonnable » devrait être inclus dans le prix du billet. « Aujourd’hui, nous agissons à nouveau contre sept compagnies aériennes qui ignorent l’arrêt de la plus haute juridiction de l’UE, qui a jugé illégal de facturer des frais pour un bagage à main de taille raisonnable » rappelle Julie Frère, porte-parole de Testachats.
Des frais jusqu’à 280 euros pour un bagage en cabine
L’analyse menée par Testachats montre que ces frais peuvent rapidement grimper. EasyJet facture jusqu’à 43 euros ; Ryanair, 36 euros ; Volotea, 23 euros… avec des écarts considérables selon les dimensions exactes et le moment de la réservation. Chez Vueling, certaines configurations atteignent même les 280 euros supplémentaires pour un simple bagage à main.
Ces frais ne sont révélés que tardivement dans le processus de réservation, empêchant toute comparaison claire entre les compagnies. « Nous voulons que les prix soient clairement affichés, séparément pour chaque service, afin de faciliter la comparaison entre les compagnies », dénonce Julie Frère, porte-parole de Testachats.
Ryanair dans la tourmente judiciaire
La compagnie irlandaise Ryanair concentre à elle seule une large partie des critiques. Testachats l’attaque en justice pour quatre pratiques trompeuses principales :
- Facturation illégale des bagages à main,
- Système de réservation opaque via des « bundles » induisant les clients en erreur,
- Messages commerciaux trompeurs du type « Plus que 4 sièges à ce prix »,
- Frais pour s’asseoir à côté d’un enfant mineur, pourtant interdits par la législation italienne depuis 2024.
Malgré des condamnations en Espagne (179 millions d’euros d’amende) et des engagements pris devant des autorités de protection des consommateurs, Ryanair continue de défendre ses pratiques, assurant offrir les « prix les plus bas d’Europe ».

Julie Frère, porte-parole de Testachats, défend l’action des associations de défense des consommteurs contre les 7 compagnies aériennes low cost. (BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK).
Un problème plus large de transparence tarifaire
L’affaire des bagages n’est que la partie émergée de l’iceberg. L’enquête de Testachats publiée en août 2024 met en lumière un problème systémique : frais de non-présentation, suppléments en cas de faute de frappe, hausse rétroactive des taxes d’aéroport, ou encore tarifs flous pour les bébés. Les zones grises sont nombreuses et rarement explicitées avant la réservation.
Les associations plaident désormais pour une réforme du règlement européen sur les droits des passagers, afin de clarifier les services qui doivent être inclus dans le prix de base, en premier lieu les bagages à main.
Ryanair se défend
L’action judiciaire lancée contre Ryanair pourrait faire office de test grandeur nature. Si elle aboutit, elle pourrait imposer à toutes les compagnies opérant dans l’UE de revoir leurs pratiques. En attendant, les consommateurs sont invités à signaler toute facturation abusive sur les plateformes des associations et à conserver toute preuve en vue d’un éventuel remboursement.
Ryanair se défend et rappelle que son processus de réservation « est totalement transparent, avec tous les prix clairement affichés, et est conçu en conformité avec les lois de l’UE sur la liberté des prix ». La compagnie assure qu’elle « permet à chaque passager de transporter gratuitement un sac personnel de grande taille (40 x 25 x 20 cm) dans le cadre de son tarif aérien de base, avec la possibilité d’ajouter des sacs supplémentaires moyennant des frais optionnels s’ils le souhaitent ».
L’arrêt de 2014 de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans l’affaire « Vueling » a confirmé que les compagnies aériennes ont le droit de facturer aux passagers le transport de sacs supplémentaires.
Elle a une autre lecture de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne. « L’arrêt de 2014 de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans l’affaire « Vueling » a confirmé que les compagnies aériennes ont le droit de facturer aux passagers le transport de sacs supplémentaires, à condition que le transport des objets précieux et indispensables des passagers (c’est-à-dire un petit sac personnel) soit inclus dans le prix du billet. (…) Les compagnies aériennes ont le droit de facturer des frais pour les bagages », soulignent ses dirigeants.
Méderic Guisse (st)