Politique

Edito. En fragilisant les magistrats, le Gouvernement Arizona met en danger la paix sociale


Cela fera bientôt un mois que le monde judiciaire belge, principalement les magistrats et les juges ont démarré une série d’actions pour protester contre le traitement que leur réserve le Gouvernement fédéral Arizona. Depuis fin avril en effet, ils ont décidé notamment de réduire la durée des audiences, d’accepter des demandes de remise de dossiers non-urgents ou encore de reporter les décisions concernant le droit de mise au rôle de 50 euros payés à l’Etat par la partie qui perd le procès.

D’autres actions sont menées dans d’autres arrondissements judiciaires du pays pour dénoncer les mesures que la nouvelle majorité entend imposer au pouvoir judiciaire.

Il s’agit d’un mouvement inédit de la part d’un corps de métier qui, généralement, fait preuve d’une discrétion et d’une réserve vis-à-vis des décisions politiques sauf s’il est saisi pour se prononcer sur la légalité de celles-ci ou sur d’éventuelles infractions des responsables politiques.

Malgré le sous-financement structurel de la justice, l’état de délabrement de leurs infrastructures et le retard pris dans la digitalisation de leur métier, les magistrats et les juges ont toujours fait contre mauvaise fortune bon cœur.

Malgré le sous-financement structurel de la justice, l’état de délabrement de leurs infrastructures et le retard pris dans la digitalisation de leur métier, les magistrats et les juges ont toujours fait contre mauvaise fortune bon cœur. Ils ont toujours essayé de s’adapter en rendant justice, en essayant de dire le droit. Ils ont toujours travaillé sans compter leurs heures, motivés par l’intérêt public et leur mission de servir l’Etat de droit. Ils ne sont pas payés pour les heures supplémentaires.

Cette fois, c’est quand le Gouvernement fédéral a décidé de raboter la pension des magistrats et des juges, de façon unilatérale, sans concertation avec leurs représentants que les premiers acteurs du pouvoir judiciaire ont décidé de se rebeller contre le pouvoir exécutif. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase déjà plein des magistrats et des juges.

Le mouvement des magistrats et des juges est tout à fait justifié, car le pouvoir judiciaire est un des trois piliers de la démocratie aux côtés de l’exécutif et du législatif. Il y a non seulement le fond du dossier, mais il y a aussi la forme. Le pouvoir exécutif a le droit de prendre des mesures d’économie afin de (re)mettre la Belgique sur de bons rails budgétaires, mais il faut le faire en concertation avec ceux qui seront impactés par les mesures envisagées afin de trouver un point d’équilibre.

En fragilisant le pouvoir judiciaire, le Gouvernement fédéral met à mal un acteur important du processus d’apaisement dans une société démocratique.

En fragilisant le pouvoir judiciaire, le Gouvernement fédéral met à mal un acteur important du processus d’apaisement dans une société démocratique. Les magistrats et les juges interprètent les lois et tranchent les litiges. Ce faisant, ils permettent de régler les conflits qui peuvent surgir conformément aux lois et évitent ainsi que nul ne se fasse justice soi-même. En cela, ils sont un élément d’apaisement de la société.

Par ailleurs, le régime minceur que le Gouvernement fédéral impose au monde judiciaire vient ébranler davantage celui-ci alors qu’il est déjà affaibli par un sous-financement structurel, une surcharge de travail conséquente et un manque de personnel. De plus, les mesures envisagées ne feront que contribuer à démotiver davantage les magistrats et les juges dont le moral et l’engagement à travailler pour le bien commun sont déjà mis à rude épreuve par leur situation actuelle.

Et il y a de fortes chances que le futur que dessine le pouvoir exécutif pour le pouvoir judiciaire empêche celui-ci d’attirer les compétences qui lui permettront de se renouveler et de toujours tendre vers l’excellence.

 


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